Ce n'a pas été le cas des nouveaux pro-préfets, dont la liberté de mouvement est considérablement réduite par leur chef hiérarchique direct, le préfet. Un autre obstacle réside dans les pouvoirs du secrétaire général, dont la signature, en particulier, est nécessaire pour rendre un texte exécutoire. C'est dans ce contexte que doivent être appréciées la nomination à d'autres fonctions du cardinal Staffa, secrétaire de la Congrégation des séminaires, connu pour ses positions conservatrices, et la désignation, en juin, de Mgr Schröffer à ce poste.

Les sections de la Secrétairerie d'État sont confiées à des hommes jeunes, proches du pape. Mgr Benelli succède, le 30 juin, au cardinal Dell'Acqua comme substitut aux Affaires ordinaires, et Mgr Casaroli, qui assura durant six ans les relations avec l'Est, devient secrétaire aux Affaires extraordinaires, en remplacement du cardinal Samore, et responsable, à ce titre, de la diplomatie du Vatican. Un nouveau secrétaire est nommé près du cardinal Ottaviani, Mgr Philippe, théologien thomiste rigoureux.

Sans jamais vouloir forcer les décisions, Paul VI se fait pressant quand il félicite chaleureusement Mgr Cento (84 ans) d'avoir accepté de démissionner de sa place de grand pénitencier.

La création, le 29 juin, de 27 cardinaux, dont 14 sont membres de la Curie, peut également être interprétée comme une mesure allant dans le sens d'un rajeunissement du gouvernement de l'Église. C'est, en effet, au congresso, composé des seuls cardinaux, que se prennent les mesures les plus importantes. En outre, il faut avoir présent à l'esprit que les cardinaux, quelles que soient leurs fonctions par ailleurs, sont membres de plusieurs congrégations.

Le Synode

Le Synode épiscopal mondial annoncé par Paul VI à la dernière session de Vatican II, se réunit en septembre 1967. Il dépend directement du pape. Son secrétaire général, le seul membre permanent, a été nommé en février en la personne de Mgr Rubin. Le Synode est constitué de représentants élus des conférences épiscopales et de membres nommés par le pape (15 % environ). Son programme comporte cinq points : la crise de la foi, la révision du droit ecclésiastique, la réforme des séminaires, les mariages mixtes, et la réforme liturgique.

Le cardinal Ottaviani adressait, le 24 juillet 1966, à tous les présidents des Conférences épiscopales une longue lettre qui contenait, sous la forme d'un questionnaire, une mise en garde contre dix opinions « dangereuses » d'ordre doctrinal.

Le questionnaire

Le cardinal stigmatisait la tendance à considérer les enseignements du pape comme une opinion autorisée n'entraînant pas pour autant un acte de foi, l'assujettissement des formules dogmatiques à l'évolution culturelle ou historique, les interprétations libérales ou relativistes de l'Écriture sainte ou de certains faits racontés par l'Écriture sainte (miracles, conception virginale, résurrection). Il mettait en garde contre certaines théologies des sacrements et certaines théories morales (morale de situation, morale de la responsabilité en matière de sexualité...).

Le pape paraît avoir donné sa caution à l'opération ; cette lettre traduit sans conteste l'inquiétude de Paul VI devant certaines opinions qu'il déplore, nouvelles, souvent empruntées à des philosophies du dehors, hardies, mais aveugles, dit-il dans son exhortation aux évêques en février 1967. Ce document, toutefois, présente certaines similitudes de forme et de fond avec le projet de schéma conciliaire — sorte de syllabus d'erreurs à condamner — que les pères de Vatican II avaient repoussé au début du concile. Il n'en reste pas moins que leur avis était demandé aux Conférences épiscopales. Cette consultation s'inscrit dans la ligne du concile.

La réponse française a été préparée par un rapport de Mgr Veuillot, faisant état de larges consultations, et par une discussion, et mise au point par le Comité permanent de l'épiscopat. Les évêques français, dans leur majorité, n'estiment pas opportun de dresser un catalogue d'erreurs modernes et « craignent même que la simple énumération, dans la Lettre romaine, de dix erreurs ou tendances dangereuses, n'accrédite à tort l'idée d'un système coordonné ».

Répercussions profondes

La réponse française présente donc une étude d'ensemble des problèmes d'ordre doctrinal tels qu'ils se posent aujourd'hui en France, et insiste sur la priorité à accorder à la recherche des remèdes, sur la condamnation des erreurs. « L'orientation pastorale du concile et l'ouverture au monde [...] ont suscité un élan missionnaire et une espérance spirituelle qui l'emportent de beaucoup sur les motifs d'inquiétude », conclut la Conférence épiscopale.