Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

architecture (suite)

Aux temples hindouistes et bouddhistes succédèrent les mosquées et les tombeaux à partir du xiie s. (Tādj Maḥall à Āgra*, construit de 1631 à 1652). Stūpa et temples se répandirent à Ceylan, à Java, au Cambodge, en Birmanie, au Népal. C’est au Cambodge* que la forme du temple, image de l’univers céleste, fut la plus achevée (ensemble d’Angkor*, xiie-xive s.).

En Chine, on construisit d’abord surtout en bois (sauf les murs de clôture, les murailles, les terrasses, quelques pagodes et certains ponts). La « Grande Muraille », commencée au iiie s. av. J.-C., était en pierre et s’étendait sur plus de 2 000 km.

Les maisons (modèle du musée de Kansas City, dynastie des Han, 206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.) comme les pagodes (image de la montagne sacrée) se caractérisent par leur forte hauteur et la présence d’éléments de toiture à chaque niveau (pagodes de Ta-yen à Xi’an [Si-ngan], viie-viiie s., et à Fang Shan, 1117).

Sous les Ming (1368-1644), la latérite fut d’un emploi courant pour les fortifications et la restauration de la Grande Muraille. Sous les Mandchous (à partir de 1659), on employa la brique associée au bois pour les temples et les palais (cité interdite, Pékin).

Au Japon, la construction traditionnelle est entièrement en bois, élastique et légère, d’une savante complexité. Les temples shintoïstes sont les plus anciens (av. 500) ; ils coexistent ensuite avec des temples bouddhiques, puis avec ceux, très simples, qui reflètent l’idéologie du Zen (à partir du xiiie s.). On peut citer comme exemples les pagodes du Hōryū-ji (fin du vie s. - début du viie s.), dont le type persiste à Ishiyamadera (v. 1200). Les dispositions des temples à colonnes ne varient guère de la période Kamakura (1192-1338) à la période d’Edo (1603-1868). Le type du palais se trouve à la villa impériale de Katsura (v. 1620).

Amérique précolombienne. Il n’y a eu d’architecture importante qu’en Amérique moyenne et méridionale (Mexique, Amérique centrale, Pérou). La pyramide-temple à gradins se retrouve chez les Mayas* (« El Castillo » de Chichén Itzá) comme chez les Incas* (pyramide de Pachacámac).

Les villes incas furent préservées par leur isolement (Machupicchu, découverte en 1911) ; les murailles de défense, les « palais », les « observatoires solaires » révèlent une technique précise dans la construction des murs ajustés à vif (murs de Cuzco, « forteresse » de Paramonga). Alors que l’architecture maya comporte un décor, celle des Incas en est presque totalement dépourvue.

Bien que certains murs rappellent les ouvrages cyclopéens de Mycènes, les pyramides celles d’Égypte ou les ziggourats, il faut se garder de rapprochements hasardeux, les civilisations étant différentes par leurs formes et leurs développements.

Architecture musulmane. Son aire s’est étendue, comme celle du Coran, des Pyrénées à l’océan Pacifique ; il en résulta une grande variété, bien que l’islām ait dicté le programme architectural des mosquées. De la forme primitive (un espace découvert et un abri) découla un édifice comportant une très vaste cour, une salle hypostyle large et peu profonde, et un minaret pour l’appel à la prière ; l’influence byzantine des débuts marqua fortement l’architecture musulmane.

Sous la dynastie omeyyade* (661-750), la mosquée d’Omar (Jérusalem, 691) et la grande mosquée de Damas* (v. 705) restent par le plan et la structure dans la ligne des édifices chrétiens de Syrie ; le palais de Mechatta (près d’‘Ammān, Jordanie) est une basilique à trois vaisseaux. Le centre politique ayant été transféré à Bagdad (dynastie ‘abbāsside*, 750-1258), les influences sassanides et iraniennes s’accrurent ; les califes de Sāmarrā (836-892) élevèrent des palais de vastes dimensions.

Au ixe s., des entités autonomes se constituent dans l’actuelle Tunisie*, en Égypte* et en Espagne. La grande mosquée de Kairouan* (plan basilical à transept avec coupole) est un exemple important ; celle de Cordoue (commencée en 785) possède trois coupoles dont les structures sont constituées par des arcs entrecroisés supportant des voûtains bombés (certains auteurs y voient l’origine de la voûte sur croisée d’ogives).

En Iran*, la mosquée de Varāmīn (1322) comporte quatre « īwāns » (salle en berceau à trois murs) sur un plan cruciforme autour d’une cour. À la même époque, le plus célèbre des édifices d’Égypte est la mosquée-medersa du sultan Ḥasan (1356), avec la disposition des īwāns en croix.

Les Almoravides régnèrent de l’Atlas marocain à l’Espagne musulmane ; le minaret de la Kutūbiyya de Marrakech* (1130-1168) et la Giralda de Séville* (v. 1190) sont de la même famille. L’art dit « mauresque », plus gracile, se trouve à Fès — à la mosquée Abū al-Ḥasan (xiiie s.), à la medersa Bū‘ināniyya (xive s.), etc. —, comme à l’Alhambra de Grenade* (xiiie-xve s.), vaste ensemble de salles entourant deux patios.

Constantinople, prise en 1453, va faire réapparaître l’inspiration byzantine. L’architecture ottomane connaîtra un grand développement avec des mosquées (Sulaimānīya à Istanbul, 1550-1557 ; Selīmi-e Djāmi‘i, à Andrinople, 1564-1575), des medersas, des tombeaux, des palais (le vieux sérail à Istanbul), des bazars, des thermes, etc., jusqu’au xixe s.

J.-B. A.


Le Moyen Âge (500-1425 environ)


L’architecture du haut Moyen Âge

L’essentiel de ce qui nous reste est constitué d’édifices religieux (v. Moyen Âge [haut]). On trouve à la fois une variété due au cloisonnement provoqué par la situation politique (tempérée toutefois par des intercommunications assez complexes) et une unité découlant du programme : l’église chrétienne est à la fois un temple et un lieu d’assemblée ; la basilique civile romaine lui servira de premier modèle (v. paléochrétien [art] et liturgie). Dans la nef, les fidèles se tiendront du côté ouest, la partie est étant affectée au culte avec l’autel, surmonté d’un édicule à colonnes (« ciborium ») ; derrière le sanctuaire, l’abside en hémicycle, au sol surélevé, recevra l’évêque et les prêtres.