Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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orientation (suite)

Mais, chez certains Passériformes, les jeunes de l’année migrent les premiers, suivis des femelles, les mâles partant les derniers. Au contraire, chez d’autres, les jeunes migrent plus tardivement et indépendamment des adultes. Cela écarte l’idée d’un apprentissage des indices topographiques par les jeunes lorsqu’ils accompagnent leurs aînés. Les expériences de Perdeck citées plus haut vont dans le même sens et tendent à réduire l’importance des références de type topographique dans l’orientation.

En ce qui concerne les voies de migration, on a longtemps cru qu’il s’agissait de couloirs bien définis. En fait, on observe que ces voies varient considérablement, pouvant atteindre jusqu’à des centaines de kilomètres de large. D’autres mécanismes interviennent donc. Les expériences de Schmidt-Koenig, décrites plus loin, renforcent cette conception : des Pigeons lâchés à 2 km de leur pigeonnier dévient dans leur orientation initiale s’ils ont été, au préalable, soumis à un éclairage artificiel les déphasant de plusieurs heures par rapport au jour naturel. Cela laisse supposer que, dans certains cas, le Soleil pourrait servir d’indice directionnel.


L’orientation à partir du Soleil

Selon G. V. T. Matthews, l’Oiseau déplacé en un lieu inconnu perçoit le mouvement du Soleil sur son arc et en extrapole l’altitude à midi. Par souvenir ou reconstruction, il compare cette dernière altitude à celle du Soleil au-dessus de son point de distinction, ce qui lui donne la position en latitude.

Quant à la longitude, il l’évalue grâce à la différence angulaire et temporelle entre la position actuelle observable du Soleil et celle qui est estimée à midi. Si, par exemple, la différence est moins grande que celle qui est observée au même moment à son point de distinction, l’Oiseau sait qu’il se trouve à l’ouest. Il se trouve à l’est si cette différence est plus grande.

Il faut que l’Oiseau soit susceptible d’effectuer des mesures très précises du temps écoulé pour ce genre d’estimation. Il doit percevoir le mouvement du Soleil (15° par heure) et être capable de corriger la trajectoire du Soleil selon les jours, les saisons et les années. La navigation par coordonnées solaires implique aussi un pouvoir d’évaluation sans point fixe de références. Les expériences de Meyer en laboratoire montrent que le Pigeon n’atteint pas ce pouvoir de discrimination de manière aussi précise. Il faut ajouter que les migrations s’effectuant dans deux hémisphères nécessitent des références différentes pour chacun d’entre eux. Le fait, d’autre part, que l’animal soit susceptible d’évaluer en une demi-minute son orientation, même s’il a été maintenu à l’obscurité complète avant le lâcher, est difficilement compatible avec l’estimation de toutes les données décrites ci-dessus.

Schmidt-Koenig soumet les Pigeons à un éclairage artificiel décalé par rapport à l’éclairage naturel du cycle jour-nuit. Trois groupes sont ainsi décalés dans un premier temps : l’un de six heures en avance sur le jour, l’autre de six heures en retard et le troisième de douze heures. Chez tous les Oiseaux, on enregistre une déviation correspondante dans l’orientation initiale : elle est de 90° pour un décalage de six heures et de 180° pour un déphasage de douze heures. En répétant les mêmes déphasages, l’auteur fait varier la distance des lâchers, et il constate que les déviations en sont indépendantes. Dans une deuxième série d’expérience, il effectue un déphasage horaire de deux heures et un de trente minutes. Les résultats ne sont pas proportionnels à ceux de la première expérience, les déviations observées étant pratiquement nulles pour les déphasages de trente minutes.


L’orientation astronomique à partir de la Lune et des étoiles

Il a été démontré que les Oiseaux ne perçoivent pas la lumière polarisée. Il est, dans ces conditions, difficile d’expliquer, à partir de la théorie des arcs solaires, comment le Pigeon revient par temps couvert, sans la vision du Soleil, et comment il est capable de voyager de nuit. Le même problème se pose pour des migrateurs volant entre deux couches de nuages, sans aucune visibilité. Ces observations, ajoutées au fait que les courts déphasages ne perturbent pas les Oiseaux de façon significative, font penser que le Soleil ne serait impliqué que partiellement dans l’orientation de jour et qu’il ne ferait qu’indiquer une direction générale.

On ignore encore si les Oiseaux utilisent la Lune comme indice directionnel, mais on a montré que leur orientation pouvait s’effectuer à l’aide des étoiles.

L’Oiseau ne choisirait pas comme guide une seule étoile, mais la configuration générale de la voûte, ce qui lui permettrait de déterminer une direction, comme pour l’orientation à partir du Soleil. Il serait plus adéquat de parler d’orientation vectorielle que de navigation bicoordonnée. Il reste, cependant, à découvrir comment l’Oiseau peut maintenir cette direction avec précision et de quelle manière il reconnaît son point de destination ou la distance à parcourir. Ce problème se pose particulièrement dans le cas où les jeunes migrent indépendamment des adultes.

Les études portant sur l’utilisation de repères astronomiques par les Oiseaux révèlent, toutefois, que ces indices ne peuvent fournir suffisamment d’informations pour permettre une véritable navigation. Et qu’il s’agisse des étoiles, du Soleil ou de repères topographiques, comment l’Oiseau fait-il par temps couvert ? Cette question a amené certains auteurs à rechercher les relations existant entre les conditions atmosphériques et météorologiques et l’orientation.


Les conditions météorologiques

Les conditions météorologiques ont très certainement un impact sur le déterminisme des migrations. Il est clair que les migrateurs recherchent un climat moins rigoureux que celui de leur région de reproduction pour passer l’hiver et un climat plus tempéré que celui de leurs quartiers d’hiver pour se reproduire.