Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

organisation sociale (suite)

En Australie, malgré le rôle important de l’âge au regard de la détention du pouvoir, la ségrégation sexuelle est, de loin, la plus accentuée : division rigoureuse du travail, exclusion des femmes des secteurs du pouvoir et des activités religieuses. L’initiation pubertaire, réservée aux garçons, consiste essentiellement en révélations de caractère religieux dont les femmes ne doivent, en aucun cas, être averties ; toute forme d’activité des hommes initiés prend ce caractère mystérieux : femmes et garçons non encore initiés sont tenus à l’écart. Chez les Karieras et les Kurnais (Australie), la répartition spatiale des habitations concrétise une semblable ségrégation, et, d’autre part, à chaque degré social — déterminé conjointement par l’âge, le sexe et l’initiation — correspond un comportement conventionnel minutieusement défini.

En Mélanésie, les hommes ne vivent pas avec leurs épouses, mais au local de leur société ; chez les Houpas, ils prennent leurs repas avec leurs femmes, mais ne vivent avec elles qu’en été ; les femmes houpas ne sont pourtant pas exclues des activités cérémonielles et peuvent, au même titre que les hommes, exercer la fonction de chaman.

En Afrique orientale, chez les Massaïs, il y a ségrégation des hommes célibataires et des filles impubères ; hommes et femmes sont, en outre, soigneusement différenciés selon leur statut dans le groupe (appellations appropriées). Différents signes visibles matérialisent ces différenciations : les femmes mariées portent, à l’encontre des jeunes filles, de longs vêtements, certains anneaux et colliers ; d’autres anneaux et colliers sont l’apanage des guerriers et des anciens. Chaque classe d’âge regroupe les individus initiés ensemble : les cérémonies ont lieu tous les quatre ans et sont nommées alternativement circoncision de la main gauche et circoncision de la main droite. Deux groupes successifs (gauche et droite) forment une génération ; les jeunes gens vivent ensemble dans le kraal, ils ont une activité essentiellement guerrière et ne peuvent se marier qu’après avoir quitté le kraal — ils font alors partie des anciens.

Il existe, bien qu’assez rarement, des associations exclusivement féminines et des sociétés secrètes ouvertes aux deux sexes. Les femmes cheyennes (Amérique du Nord) ont formé des groupes de métiers qui, en échange d’un droit d’entrée élevé, procurent l’avantage d’un travail collectif pour les activités les plus difficiles. Les associations féminines, plus fréquemment que celles des hommes, ont un caractère religieux. Les deux sociétés féminines hidatsas les plus importantes (achat individuel de la qualité de membre, d’où moindre différenciation selon l’âge) assumaient une fonction magico-religieuse : assurer une bonne récolte de maïs et attirer les troupeaux de bisons. Une autre société religieuse hidatsa conférait aux hommes la propriété des « paquets sacrés ». Les femmes, exclues de l’association, étaient cependant gardiennes des « paquets sacrés ».

L’organisation religieuse la plus importante des Indiens Pueblos, la société du « Danseur masqué », n’était pas accessible aux femmes, cependant que la participation de tous les hommes y était obligatoire. Certains rites étaient célébrés pour éviter la sécheresse ; d’autres associations ouvertes aux deux sexes faisaient fonction de guérisseurs.

Chez les Crows, les membres de la société du Tabac sacré appartenaient aux deux sexes ; la plantation rituelle du Tabac sacré conditionnait l’existence de la tribu, puisque celle-ci dépendait des étoiles symbolisées par le tabac sacré.

En résumé, la ségrégation sociale selon l’âge, le sexe et le statut matrimonial s’exprime préférentiellement dans le cadre de l’organisation spatiale ; les appellations transcrivent les différenciations hiérarchiques, les distinctions d’âge et de sexe, le degré de parenté et le statut matrimonial, étant entendu que tous ces facteurs peuvent avoir un retentissement plus ou moins important sur la répartition hiérarchique ; les sociétés secrètes rendent manifestes les différences d’âge, de sexe, de richesse, mais surtout elles établissent une ségrégation fondamentale entre initiés et non-initiés — forme de ségrégation qui correspond ou non, selon les régions, à la détention d’un pouvoir effectif : privilèges honorifiques, protection de la propriété, pouvoir coercitif partiel (possibilité de terroriser les non-initiés en détruisant leurs biens ; mise à mort ou initiation forcée des exclus qui surprennent fortuitement ou intentionnellement le secret) ou pouvoir coercitif s’exerçant sur l’ensemble de la société, usurpant, à l’occasion, les prérogatives du chef en titre.

N. D.

➙ Initiation / Magie / Parenté / Totémisme.

 L. H. Morgan, Ancient Society (New York, 1877 ; rééd., Cambridge, Mass., 1964). / R. H. Lowie, Primitive Society (New York, 1920, nouv. éd., 1961 ; trad. fr. Traité de sociologie primitive, Payot, 1969). / M. Mauss, « Essai sur le don », dans Année sociologique (1924 ; rééd. dans Sociologie et anthropologie, P. U. F., 1950). / W. H. R. Rivers, Social Organization (Londres, 1924). / B. Malinowski, Mœurs et coutumes des Mélanésiens (trad. de l’angl., Payot, 1933 ; nouv. éd. Trois Essais sur la vie sociale des primitifs, 1968). / G. P. Murdock, Social Structure (New York, 1949 ; nouv. éd., 1965). / C. Lévi-Strauss, le Totémisme aujourd’hui (P. U. F., 1962) ; Anthropologie structurale (Plon, 1958 ; nouv. éd., 1968).

organisme

Tout être vivant, animal ou végétal ; toute unité structurale qui est le siège de processus vitaux.


La matière possède un certain nombre de niveaux d’organisation. À partir des particules subatomiques se situent successivement le niveau des atomes, puis celui des molécules, elles-mêmes organisées ou non en cristaux. Au niveau des complexes chimiques, et si ces derniers sont capables d’autoreproduction, on est à la frontière de la vie. La matière vivante est celle qui se situe au niveau le plus complexe de la matière. La plus petite unité de cette matière vivante, ou protoplasme, est la cellule, parfaitement définie par sa structure (membrane, cytoplasme et noyau) et par les organites qui s’y trouvent (mitochondries, corps de Golgi, ergastoplasme, cinétosome, nucléoles et chromosomes par exemple). Cette unité morphologique qu’est la cellule peut mener une vie indépendante, comme c’est le cas pour les êtres unicellulaires que sont les Protistes (Protozoaires du règne animal et Protophytes du règne végétal), ou ne représenter qu’un des multiples constituants de l’entité plus complexe, multicellulaire, que sont les Métazoaires du règne animal et les Métaphytes du règne végétal.