Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

oreille (suite)

Le nerf auditif (VIIIe paire de nerfs crâniens) est formé de la juxtaposition des nerfs cochléaire et vestibulaire. Il prend son origine à partir des divers éléments sensoriels dans le conduit auditif interne, où il est en rapport étroit avec le nerf facial dans sa première portion. Il se dirige ensuite vers le sillon bulbo-protubérantiel, qui représente son origine apparente. À partir de la pénétration dans le tronc cérébral, les deux voies sensorielles vestibulaire et cochléaire se séparent pour rejoindre leurs centres respectifs.


Physiologie


Physiologie de l’audition

V. audition.


Physiologie de l’équilibration*

La connaissance de la physiologie vestibulaire est née avec les travaux de Pierre Flourens (1794-1867) en 1824. L’anatomie comparée précise que l’appareil de l’équilibration est beaucoup plus ancien que celui de l’audition. Dans les espèces inférieures, les statocytes, sensibles à l’accélération de la pesanteur, sont les seuls propriocepteurs de l’équilibre. Les canaux semi-circulaires, qui répondent aux accélérations angulaires, n’apparaissent que chez les Vertébrés. Le rôle du vestibule, indispensable à la vie dans les espèces inférieures, diminue beaucoup d’importance chez les animaux terrestres au profit de la sensibilité profonde, puis de la vision : l’Homme compense aisément la perte de ses deux vestibules.

L’appareil vestibulaire est un récepteur sensible aux mouvements et à la position de la tête dans l’espace. Il est le point de départ de réflexes contribuant à maintenir l’équilibre statique (station debout) et cinétique (marche). Il agit sur la fonction oculaire et contribue à la construction de la sensibilité spatiale.

Les canaux semi-circulaires constituent le récepteur giresthésique des déplacements angulaires de la tête suivant les trois plans de l’espace. La cupule mobile qui surmonte les cils de la crête ampullaire se comporte physiquement comme un pendule de tension très amorti, à la base de l’excitation des cellules sensorielles, répondant à toute variation de vitesse angulaire de la tête.

L’utricule et le saccule sont les récepteurs statiques du labyrinthe. Leur physiologie est beaucoup moins bien étudiée que celle des canaux semi-circulaires, et leur exploration fonctionnelle précise n’est pas encore entrée dans le domaine clinique courant. Les récepteurs sont constitués par les macules utriculaires et sacculaires. Le stimulus spécifique est représenté ici par l’action de la gravité et, plus accessoirement, par celle de l’accélération rectiligne et de la force centrifuge.

Le nerf vestibulaire est constitué de fibres myélinisées dont les corps cellulaires forment le ganglion de Scarpa. Les fibres apparentes directes ou inverses atteignent les noyaux vestibulaires. Ceux-ci sont situés dans la protubérance annulaire. Ils sont en relation avec la moelle, le cervelet et les noyaux oculomoteurs. Ce dernier élément explique la production d’un nystagmus, c’est-à-dire d’un mouvement des globes oculaires fait d’une secousse lente et d’un rappel rapide qui peut s’effectuer suivant l’un des trois plans de l’espace (nystagmus horizontal, vertical ou rotatoire), après stimulation du vestibule.

Enfin, les centres vestibulaires sont en relation avec le cortex cérébral probablement dans la région temporale. Les excitations produites à leur niveau ne sont pas cependant normalement perçues par la conscience et entraînent de façon réflexe la mise en jeu des mécanismes d’orientation et de posture.


Examen de l’oreille

1. L’observation du tympan, ou otoscopie, est effectuée à l’aide d’un spéculum d’oreille en forme d’entonnoir et d’un éclairage axial représenté en pratique par le miroir de Clar.

2. L’étude de l’audition se fait par acoumétrie ou par audiométrie*.

3. L’examen vestibulaire est effectué à partir de l’observation de signes spontanés : à l’état normal, il n’existe pas de nystagmus spontané, ni de déviation segmentaire des membres, ni de tendance à la chute. Au contraire, en cas d’atteinte vestibulaire, on peut mettre en évidence un nystagmus, une déviation des index lorsque le sujet étend les bras devant lui et une tendance à la chute orientée (signe de Romberg). L’excitation du labyrinthe peut être réalisée essentiellement par les épreuves caloriques et giratoires. L’épreuve calorique consiste à refroidir ou à réchauffer le labyrinthe par introduction d’eau froide ou chaude dans le conduit auditif externe. La réponse à cette stimulation est étudiée surtout au niveau oculaire (fréquence et durée du nystagmus). L’épreuve giratoire étudie l’effet de la rotation du sujet placé sur un fauteuil tournant. L’électronystagmographie permet l’enregistrement du nystagmus. Elle est fondée sur l’existence d’un champ électrique périoculaire créé par le dipôle électrique. Les variations de ce champ électrique, dues aux déplacements de l’œil, sont recueillies par des électrodes cutanées périorbitaires, amplifiées et inscrites sur papier millimétré. Outre un document objectif, cette méthode fournit des éléments d’étude à partir non seulement de la fréquence, mais de la forme et de l’amplitude de la courbe obtenue.

4. La radiographie et la tomographie, enfin, complètent le bilan nécessaire à l’étude des affections de l’oreille et constituent la « radio-otologie ». Diverses incidences peuvent être étudiées. Elles renseignent sur la caisse du tympan, les cavités mastoïdiennes et le conduit auditif interne. Les tomographies selon certaines de ces incidences permettent une analyse plus poussée d’une région de structures fines et dissimulées dans la masse du rocher.


Pathologie de l’oreille

Les affections de l’oreille peuvent intéresser l’une ou l’autre des parties qui la composent. Au niveau de l’oreille interne, la cochlée et le vestibule sont parfois affectés séparément, mais peuvent aussi réagir parallèlement à une agression, quelle qu’en soit la nature. Enfin, il est habituel de rattacher aux affections de l’oreille proprement dite les atteintes du nerf auditif.