Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Orchidées ou Orchidacées (suite)

Les fleurs, réunies en grappes plus ou moins fournies (parfois plusieurs mètres de longueur), présentent une morphologie très variée ; elles sont le plus souvent bisexuées et toujours symétriques par rapport à un plan (zygomorphie) ; elles sont formées de deux cycles de trois pièces, toutes colorées ; trois d’entre elles (un sépale et deux pétales) peuvent se rapprocher et former à la partie supérieure une sorte de casque, alors que le troisième pétale, disposé à la partie inférieure, a un grand développement et prend le nom de labelle ; c’est principalement lui qui donne aux Orchidées la magnificence de leurs fleurs et les rend si diverses. Les parties sexuelles sont hautement spécialisées : au centre de la fleur, en effet, on trouve un organe complexe, le gynostème, qui est formé par la soudure des organes reproducteurs mâles et femelles. Deux types sont à considérer, suivant que deux étamines internes sont soudées aux trois lobes stigmatiques fertiles (sous-famille des Diandrées, avec une seule tribu, celle des Cypripédiinées [Cypripedium]) ou qu’une seule étamine (antérieure) du cycle externe est soudée à deux lobes stigmatiques fertiles seulement (tribu des Monandrées) ; le dernier lobe stigmatique, stérile, constitue alors un organe (rostellum) qui, suivant les genres et les espèces, peut prendre les formes les plus étranges.

Sauf chez les Cypripedium, le pollen n’est pas pulvérulent, mais reste agglutiné en formant des masses compactes, les pollinies. Ce sont elles qui, lors de la fécondation croisée effectuée par les Insectes (fécondation entomophile), se collent sur la tête et le thorax du visiteur. Les rapports Orchidées-Insectes ont été étudiés, et l’on a constaté qu’ils étaient à la fois spécifiques et sexuels ; en effet, ce sont principalement les mâles qui sont attirés, non seulement par certaines formes du gynostème et du rétinacle, rappelant leurs femelles, mais aussi par les odeurs, identiques à celles que ces dernières sécrètent. Cette fécondation entomophile a créé des problèmes pour la culture de la Vanille ; en effet, cette plante, originaire du Mexique, était, dans ce pays, fécondée par un Hyménoptère ; lorsqu’elle est cultivée dans d’autres régions tropicales, aucun Insecte ne peut effectuer cette fécondation, qui doit être faite artificiellement ; cette fécondation artificielle a été réussie pour la première fois en 1840.


Symbiose et saprophytisme

Les graines des Orchidées sont minuscules et ordinairement dépourvues d’albumen, elles ont un embryon non différencié et ne peuvent germer que si elles sont envahies par un Champignon (Rhizoctonia) ; ce dernier, endophyte des racines, surtout dans l’écorce, conditionne également la tubérisation. Ces résultats ont été mis en évidence en 1910 par Noël Bernard. Certaines études actuelles montrent qu’une forte teneur en glucose dans le milieu de culture où l’on fait germer les graines pourrait avoir les mêmes effets. Cette symbiose est soit réduite à une seule période de la vie de l’Orchidée, soit, au contraire, permanente, comme chez les Orchidées saprophytes telles que Neottia, Corallorrhiza, Epipogon, Limodorum. Il faut, toutefois, préciser que ces plantes, bien souvent sans chlorophylle, ne sont pas des parasites vrais (en l’occurrence, ce parasitisme se ferait sur diverses racines d’arbres), mais seulement des saprophytes, qui se ravitaillent en substances carbonées à partir de matières organiques mortes, provenant principalement des divers humus forestiers.


Principaux genres

Parmi les genres les plus importants, il faut citer le genre Ophrys, Orchidée terrestre et rustique, surtout réparti dans les régions méditerranéennes et dont les labelles des fleurs des différentes espèces ont des formes qui rappellent certains animaux, tels que les Abeilles, les Araignées, les Bombyx, les Mouches... Ce genre s’oppose au genre Orchis, dont le labelle est toujours pourvu d’un éperon. Les diverses espèces d’Orchis, également terrestres et rustiques, sont présentes dans l’hémisphère Nord, en Europe et en Asie. En France, Orchis morio, O. maculata, O. militaris, O. latifolia, O. italica sont les espèces les plus connues. Comme autres genres voisins, on peut citer les genres Serapias, Aceras, Anacamptis, Chamsœorchis, Nigritellea, Gymnadenia, Cephalanthera, Epipactis, Limodorum, Epipogon, Spiranthea, Listera, Goodyera ; les genres exotiques Cattleya, Lœlia (très voisins du précédent, avec les espèces duquel on fait des hybrides, ou Lœlio-Cattleya), Cœlogyne, Dendrobium, Oncidium, Cypripedium sont très employés en floriculture. Le genre Cattleya (40 espèces sauvages) est un des plus jolis de la famille. Ses espèces sont originaires de l’Amérique tropicale. On distingue les Cattleya à pseudo-bulbes aplatis, portant une seule feuille, et ceux à pseudo-bulbes cylindriques, ayant au moins deux feuilles. D’innombrables hybrides (plus de 3 000) ont été créés, et on a réalisé ainsi des espèces de plus en plus spectaculaires, qui peuvent offrir des fleurs en toute saison. Le genre Cœlogyne, originaire de l’Asie et de l’archipel malais, est apprécié pour ses belles grappes lâches composées de fleurs rutilantes ; le genre Dendrobium (plus de 300 espèces, du sud-est de l’Asie et des îles du Pacifique) est remarquable par ses grandes grappes. Le genre Oncidium (300 espèces, du Mexique, d’Amérique tropicale et des Antilles) est caractérisé par ses fleurs jaunes ; son écologie est très plastique, puisque certaines espèces se complaisent au bord de la mer et d’autres à plus de 4 000 m. Les Vanda, les Phalenopsis, les Angrœcum sont des plantes le plus souvent à tige dressée, à feuilles distiques (alternes, mais dans un autre plan). Le genre Cypripedium, dont une seule espèce est spontanée en France, possède des fleurs dont le labelle est à bords rabattus en dedans et soudés, ce qui lui fait prendre la forme d’un sabot.

Les Orchidées n’ont d’intérêt économique, en dehors de la Vanille, que par leurs fleurs. En effet, de nombreux horticulteurs se sont spécialisés dans cette culture assez particulière et sont les créateurs des cultivars exceptionnels que l’on voit apparaître aux boutiques des fleuristes. Pour la France, les principales serres se trouvent dans la région parisienne. La Vanille est une liane que l’on cultive maintenant dans toutes les régions chaudes du globe (Madagascar, Tahiti, Mexique, la Réunion, les Antilles). C’est le fruit, grâce à un traitement par la chaleur, qui produit la vanilline, laquelle donne le parfum caractéristique. La multiplication de la Vanille s’obtient par bouturage, ce qui provoque parfois une dégénérescence du clone. De nombreuses recherches sont faites pour pallier ce phénomène ; orientées d’abord sur l’hybridation, les études se concentrent actuellement sur la recherche de types botaniques nouveaux.

J.-M. T. et F. T.

➙ Épiphytes (plantes).