Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

opération chirurgicale

Toute action mécanique sur une partie du corps vivant en vue de la modifier, de la couper, de l’enlever (ablation, amputation, exérèse), de greffer un organe, un tissu (greffe, plastie), de mettre en place certains appareils de prothèse, d’extraire un corps étranger.



Préparatifs de l’opération chirurgicale

L’opéré doit être, préalablement à l’opération, mis en confiance. Après l’examen biologique, la préparation peut être réduite au minimum s’il est en bon état ou, au contraire, nécessiter plusieurs jours de perfusions (sérums, sang) dans le dessein de rétablir une formule sanguine normale, un ionogramme (chiffres de l’équilibre hydro-électrolytique) normal. On veille au nettoyage des dents, à la désinfection des fosses nasales. La région opératoire est rasée, savonnée, alcoolisée la veille de l’opération.


Le matériel pour les opérations

La salle d’opération fait partie du bloc opératoire (v. chirurgie). Elle a en moyenne 5 m sur 5, et ses parois doivent être lisses, lavables et comporter le minimum de portes : deux au maximum.

Le mobilier comprend la table d’opération, de préférence mobile, un système d’éclairage mobile et orientable, branché sur le secteur, mais qui doit pouvoir bénéficier d’une source autonome de lumière en cas de panne au cours de l’opération.

Le matériel d’anesthésie* comporte l’appareil lui-même, un tube d’oxygène, un petit meuble portant seringues, aiguilles, drogues anesthésiques, abaisse-langue, laryngoscopes, aspirateur électrique destiné à l’aspiration des sécrétions buccales, nasales et trachéo-bronchiques, un appareil lecteur de rythme cardiaque, un défibrillateur.

Le matériel chirurgical lui-même est fait d’instruments, de matériel de ligatures, de linge.

Les instruments — bistouris, ciseaux, pinces hémostatiques de divers types, pinces à disséquer, écarteurs, valves — sont rangés dans des boîtes métalliques selon un plan établi et une liste précise. Ces boîtes sont stérilisées à la vapeur (autoclave) ou à la chaleur sèche (étuve de Poupinel).

Le matériel de ligatures est fait de fils résorbables (catgut) ou non résorbables (coton, lin, Nylon tressé ou monofil, soie). Ces fils sont numérotés, les plus fins portant le chiffre 0000 ou 00, les plus gros le chiffre 2, 3 ou même plus. En principe, on utilise le fil le plus fin qui ait la résistance voulue et suffisante pour la ligature à effectuer.

Le linge est constitué par les blouses stériles pour l’opérateur et ses aides, les « champs opératoires » qui recouvriront l’opéré et ne laisseront libre que la surface opératoire, de petits champs dits « abdominaux », souples, qui serviront au cours de l’opération pour recouvrir, protéger ou écarter des viscères (ils doivent, pour ce faire, être imbibés de sérum). Le nombre des champs doit toujours être le même dans une boîte donnée, et l’on doit les compter en fin d’opération. Le linge contenu dans les boîtes métalliques en forme de tambour ainsi que les compresses sont stérilisés à l’autoclave (vapeur).

L’opérateur a à sa disposition en salle d’opération un appareil électrique à coagulation, dit bistouri électrique, qui a remplacé le thermocautère et le galvanocautère, et un aspirateur à dépression.

Sont tenus prêts à être stérilisés des drains, tuyaux en caoutchouc de différents calibres et de différents types, des mèches de gaze, un petit sac de gaze dit « de Mickulicz », qui servira éventuellement à contenir les mèches nécessaires pour drainer ou faire l’hémostase.

L’opérateur et ses aides constituent avec l’anesthésiste l’équipe chirurgicale, le « team » des anglo-saxons. Revêtus de blouses, masqués, casqués, bottés, ils ont chacun une action définie. L’opérateur se place à gauche ou à droite de l’opéré, selon l’opération à pratiquer. Le premier aide, ou aide principal, se place en face de l’opérateur, le second aide, qui aura surtout pour fonction de tenir les écarteurs, se place à gauche de l’opérateur. L’instrumentiste, qui passe à l’opérateur les instruments, les fils, les aiguilles, se place en face de l’opérateur à gauche du premier aide.


L’opération

Elle obéit à des règles, à un plan préétabli, pour réaliser un programme qui se déroulera selon ce qu’il est convenu d’appeler un manuel opératoire, adapté à chaque type d’intervention.

La voie d’abord doit être suffisamment large pour donner un bon jour sur le viscère ou la région visée — son siège, son étendue sont fixés avant l’intervention.

L’exploration, une fois les téguments traversés, permet de juger de la lésion, de son siège exact, de son étendue, des possibilités ou des impossibilités (lésion inextirpable) de l’enlever.

L’exérèse de la lésion, qui consiste en l’ablation partielle ou totale de l’organe touché, est le temps suivant de l’opération.

Après avoir réséqué tout ou partie d’un organe, il faut rétablir la continuité. En ce qui concerne le tube digestif, on peut procéder à un abouchement d’un segment d’un tube digestif dans un autre : gastro-jejunostomie (estomac-jéjunum) par exemple. Ou bien, lorsque le cas est favorable, on peut rétablir bout à bout la continuité : gastro-duodénostomie (estomac-duodénum), entéro-entérostomie (intestin-intestin), gastro-œsophagostomie (estomac-œsophage).

La toilette du champ opératoire, la vérification de l’hémostase sont ensuite effectuées. S’il le faut, un drain est placé.

La fermeture de la paroi est le dernier temps de l’opération.

Le chirurgien doit être instruit de la pratique des opérations et entraîné. L’un des meilleurs entraînements manuels est obtenu grâce aux opérations sur cadavre : découverte et ligature d’artères, pratique des désarticulations et des amputations selon des règles strictes. Cette méthode porte le nom de médecine opératoire.

Les opérations sur l’animal, ou « chirurgie expérimentale », ne sont de mise que dans un dessein précis, celui de mettre au point une intervention nouvelle et délicate avant de la pratiquer sur l’homme. En aucun cas n’est justifié le sacrifice d’animaux pour entraîner à des gestes de routine de jeunes chirurgiens.