Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

ongle

Lame cornée semi-transparente enchâssée sur la face dorsale de la phalange terminale des doigts. (L’ongle est une plaque protectrice existant chez l’Homme et chez certains Vertébrés supérieurs.)



Anatomie

Le limbe, partie principale de l’ongle, résulte du durcissement des cellules de la matrice, elle-même constituée des éléments épidermiques (couche germinative ou basale et corps muqueux de Malpighi). Bombé, rose, il repose sur l’épiderme digital, dit lit de l’ongle ; son bord libre détermine le repli sous-unguéal, et ses bords latéraux s’insinuent sous les replis latéraux. Sa partie cachée, la racine, est recouverte du repli sus-unguéal. La lunule est une zone blanche en forme de croissant observable sur le limbe près de la racine.

La régénération de l’ongle s’opère par déplacement des cellules épithéliales. L’ongle croît de 3 mm environ par mois, croissance s’opérant de la matrice au bord libre.


Pathologie

Les lésions de l’ongle, désignées sous les termes d’onyxis et d’onychose, sont minimes et peu variées : on observe des cannelures, des érosions ponctuées, des sillons, des taches blanches (leuconychie), des épaississements ou des décollements de l’ongle. Les lésions des replis unguéaux (périonyxis) présentent les caractères généraux de l’inflammation.


Onyxis congénitaux

Observés dès la naissance ou ne se manifestant qu’ultérieurement, ils sont d’aspects divers. La pachyonyxie est une épaisseur excessive de l’ongle, alors que l’onychogryphose est une déformation de celui-ci en griffe recourbée. La polyonychie se caractérise par la présence de plusieurs ongles sur un même doigt. On peut observer aussi une coloration blanche des ongles : c’est la leuconychie. L’atrophie des ongles, voire leur absence totale sont possibles. Tous ces onyxis congénitaux sont fréquemment associés à d’autres dystrophies (de la peau, des dents, de la langue, des poils).


Onyxis traumatiques

L’hématome sous-unguéal (épanchement de sang sous l’ongle) est dû à un écrasement ; il ne doit pas être confondu avec le redoutable mélanome (ou panaris mélanique), lequel siège de préférence au pouce et au gros orteil, et qui est l’un des cancers les plus malins. L’ongle incarné est dû au port de chaussures trop étroites : le rebord de l’ongle pénètre en s’enroulant dans le sillon péri-unguéal, provoquant une douleur vive. Les ongles peuvent être usés à leur bord libre, par onychophagie (rongement des ongles), fréquente chez les enfants, ou par usure professionnelle (polisseurs, pétrisseurs, tourneurs en poterie). On observe une leuconychie chez les ouvriers des machines automatiques. Les froidures peuvent provoquer des cannelures, des striations et même la chute de l’ongle.


Onychoses chimiques

Ces anomalies de l’ongle sont dues à la manipulation des arsenicaux, du mercure, des fluorures, de la Cellophane, des savons et des lessives. L’onycholyse (fonte de l’ongle) semi-lunaire des blanchisseuses est due à l’action combinée de ces deux derniers produits ainsi qu’à la chaleur et à l’humidité.


Onychomycoses

Les mycoses des ongles les plus courantes sont dues au Trichophyton (Trichophyton-violaceum interdigitalis). Faites au début de taches blanc jaunâtre sertissant le bord libre, progressant vers la matrice, envahissant la table externe de l’ongle, elles fissurent l’ongle et le transforment en une substance jaunâtre, détachable à la curette. La fréquence d’onyxis à levures (moniliasiques) a notablement augmenté depuis la prescription de certains antibiotiques, qui favorisent la pullulation du Candida albicans. Ces états s’accompagnent de périonyxis. Les onychomycoses peuvent être professionnelles chez les vachers, les fermiers, les vétérinaires, les laveurs, les blanchisseurs.


Onyxis et périonyxis microbiens

Dus au Streptocoque ou au Staphylocoque, ils sont très fréquents chez les enfants qui se rongent les ongles, chez les femmes se faisant les ongles avec des instruments souillés (maladie des manucures). Ils s’observent encore chez les chocolatiers, les raffineurs de sucre, les confiseurs (le sucre est un bon milieu de culture pour les microbes). Dans ces cas, les ongles s’opacifient et deviennent noirs (mélanonychie). Comme pour les moniliases, le périonyxis est primitif, et l’onyxis secondaire.


Onyxis des dermatoses classées

L’eczéma se signale par des cannelures, des striations. Les Lichens provoquent une cannelure médiane ou paramédiane avec parfois atrophie et chute de l’ongle. La pelade engendre une leuconychie avec ongle « grêlé ». Le psoriasis, outre les lésions de la peau qu’il provoque, frappe électivement les ongles en décollant le limbe au niveau de son bord libre et en le colorant d’une teinte jaune verdâtre assez caractéristique. Les ongles friables et cassants sont dus à l’usage répété des vernis et de leurs solvants.


Tumeurs des ongles

Différentes tumeurs bénignes ou malignes peuvent s’observer sous l’ongle ou à son pourtour.

• Tumeurs bénignes. Ce sont les verrues sous-unguéales ou les tumeurs de Koenen (tumeurs cornées accompagnant une maladie du cerveau, la sclérose tubéreuse [ou épiloïa]).

• Tumeurs malignes. L’épithélioma de la matrice de l’ongle est exceptionnel ; par contre, le nævo-carcinome, ou mélanome malin, tumeur noire très évolutive, s’observe parfois sous l’ongle.


Altérations des ongles en rapport avec une maladie générale

Les ongles peuvent être livides ou cyanosés dans certaines cardiopathies ; ils sont rouge foncé dans les polyglobulies (excès de globules rouges), blancs (par contraste avec la peau) dans la maladie d’Addison (v. surrénal), jaune ambré dans la syphilis, blancs avec des bandes dans l’intoxication par le thallium. Ils sont petits (micronychie) dans la sclérodermie, incurvés en bateau (koïlonychie) dans les avitaminoses et certaines intoxications. Enfin, les ongles « en verre de montre » associés à une déformation de l’extrémité des doigts « en baguettes de tambour », qui constituent l’hippocratisme digital, sont signe d’affection pulmonaire chronique, de cardiopathie, de myxœdème (v. thyroïde). On voit que l’examen des ongles peut apporter, dans de nombreuses affections, des arguments diagnostiques importants.

A. C.