Oman (suite)
L’économie du pays était restée extraordinairement primitive jusqu’à ces dernières années, fondée sur quelques exportations de dattes et de poissons séchés, en échange de riz et de bois de teck en provenance de l’Inde et de quelques produits fabriqués, parmi lesquels les armes constituaient l’essentiel. La découverte du pétrole, sur le versant intérieur des montagnes, qu’un oléoduc de 300 km conduit au terminal de Mīna al-Fahal, près de Mascate, ouvre une ère nouvelle. L’exportation, qui a commencé en 1967, a dépassé 16 Mt en 1975.
X. P.
L’histoire
L’importance de ce petit État provient de sa situation géographique à la porte du golfe Persique. Cette région joua dès la plus haute antiquité un rôle essentiel dans les relations commerciales entre les pays de la Méditerranée et ceux de l’Extrême-Orient. Au début de l’ère chrétienne, ses marins et ses commerçants avaient le monopole des échanges entre l’Asie et le monde méditerranéen.
Atteint par l’islām au viie s., le pays se rallie au khāridjisme, une secte religieuse opposée au sunnisme, et a des imāms indépendants des califes sunnites omeyyades ou ‘abbāssides. Au début du xvie s., les Européens deviennent ses rivaux commerciaux dans l’océan Indien, et, en 1508, Albuquerque s’empare de Mascate, mais en 1649-50 les Arabes d’Oman chassent les Portugais.
Aux xviie et xviiie s., les imāms, dont la capitale est Mascate, étendent leur domination à la côte orientale d’Afrique (Mombasa, Zanzibar), où ils pratiquent la traite des Noirs. Les Persans de Nādir Chāh occupent le sultanat, et, après une période de troubles, un Arabe, Aḥmad ibn Sa‘īd, les chasse et établit à Oman la dynastie des Bū Sa‘īd v. 1750. Lui et son fils Sa‘īd portent le titre d’imām. Les souverains postérieurs sont appelés sayyīds, et plus tard sultans, le sultanat prenant le nom de Mascate et Oman. Cette dynastie règne encore de nos jours.
La Grande-Bretagne s’intéresse de bonne heure à cette région située sur la route des Indes : un traité est signé avec le sultan en 1798 et un protectorat anglais de fait s’y établit progressivement. L’Oman est alors l’État le plus puissant de l’Arabie, mais, en 1861, les sultanats de Zanzibar et d’Oman se séparent. Un autre traité d’amitié est signé en 1891, établissant le protectorat de l’Angleterre sur le sultanat.
Au xxe s., le sultan a plusieurs fois recours aux troupes anglaises pour repousser les attaques perpétrées par les ibāḍites, des tribus nomades de l’intérieur. Cependant, en 1920, il doit signer le traité de Sib, au terme duquel les tribus de l’intérieur jouiront d’une certaine autonomie vis-à-vis du sultanat de Mascate. En 1951, un nouveau traité politique et commercial est conclu entre le sultan Sa‘īd ibn Taymūr (1932-1970) et la Grande-Bretagne.
La découverte de terrains pétrolifères vers l’oasis de al-Buraymī réveille à partir de 1949 les convoitises de l’Arabie Saoudite sur cette partie du pays. Les visées wahhābites menacent le sultanat depuis la fin du xviiie s. Le sultan, lui, en profite pour étendre son pouvoir dans cette région. Les Anglais appuient le sultan ; en 1955, 1957 et 1959, des combats ont lieu qui tournent à l’avantage de Mascate et Oman. En fait, il semble que ces conflits soient en outre les manifestations des rivalités entre les compagnies pétrolières de l’ARAMCO et de l’IPC. La question est plusieurs fois portée devant l’O. N. U.
À partir de 1965, une rébellion d’inspiration marxiste et soutenue par les organisations de gauche de la fédération d’Arabie du Sud, puis par la république du Yémen du Sud éclate au Ẓufār (Dhofar), dans la partie méridionale du sultanat. Sans doute pour limiter les succès des rebelles, le sultan Sa‘īd ibn Taymūr, ennemi de toute ouverture et de toute modernisation de son pays, est renversé le 23 juillet 1970 par son fils, le sultan Sayed Qābūs ibn Sa‘īd, avec l’approbation de l’Angleterre : le souverain annonce que son pays s’appellera désormais sultanat d’Oman. À partir de 1971, et très vite renforcé par les troupes et le matériel envoyés par l’Iran, son gouvernement lance une série de campagnes militaires contre les maquisards du Ẓufār, qui contrôlent une partie de la province.
P. P. et P. R.
B. Thomas, Arab Rule under the Al Bu Saïd Dynasty of Oman, 1741-1937 (Londres, 1938). / J.-J. Berreby, le Golfe Persique (Payot, 1959).