Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

archégone (suite)

Ptéridophytes

Dans le groupe des Fougères, on retrouve des archégones portés, comme les anthéridies, par le prothalle.

La structure est presque la même que chez les Bryophytes ; cependant, le ventre est le plus souvent inclus dans les tissus du prothalle ; le col, réduit, est généralement constitué de quatre étages de cellules extérieures au prothalle. Lorsque la cellule du canal est gélifiée, le mucilage obtenu émet de l’acide malique, qui attire les anthérozoïdes comme le saccharose le faisait chez les Mousses. Ici encore, la fécondation est de type aquatique : les anthérozoïdes nagent dans un film d’eau jusqu’à l’entrée du col, qui est ouvert à ce moment ; un seul pénètre jusqu’à la grosse oosphère. La fécondation est à l’origine d’un embryon à 2 n chromosomes, qui se développera sur place, vivant un moment en parasite sur le prothalle ; puis la plantule forme ses racines, son rhizome et ses premières feuilles, et acquiert ainsi une vie indépendante.

Les organes reproducteurs sont portés sur des prothalles différents chez les Sélaginelles, les Lycopodes et les Équisétales, sur le même prothalle chez les Filicales.


Gymnospermes

Chez les Gymnospermes, on retrouve encore des archégones, mais, ici, le prothalle sur lequel ils se forment vit entièrement en parasite sur la plante ; en effet, c’est dans l’ovule du Pin, à l’intérieur du nucelle, dans le tissu appelé endosperme et considéré comme l’équivalent du prothalle des végétaux précédents, que l’on trouve deux archégones, rarement trois ou quatre. Ces archégones sont très réduits : ils sont formés d’une part de la très grosse oosphère, au noyau volumineux (100 μ de diamètre) et chargée de nombreuses inclusions, et d’autre part de cinq cellules : quatre petites constituant le col de l’archégone et une ventrale, comme dans les cas précédents, à la base du col. Chez Ginkgo biloba, les deux archégones se différencient au cours de l’été, alors que la pollinisation a déjà eu lieu au printemps. Pendant ce temps, le pollen germe et n’atteindra l’ovule enfin mûr qu’à la fin du printemps suivant.

Chez le Pin, une évolution analogue se fait, mais le prothalle et ses archégones n’atteignent la maturité que la deuxième année, et la fécondation est retardée jusqu’à cette époque. L’ovule se transforme en embryon, et les enveloppes qui l’entourent constituent les parois d’une graine typique.


Angiospermes

Enfin, chez les Angiospermes, l’ovule se forme dans un sac embryonnaire constitué de huit cellules. Certains considèrent ce sac comme un prothalle femelle très réduit et cherchent à retrouver dans cette masse cœnocytique les deux archégones du Pin.

L’importance des archégones dans le règne végétal est très variable d’un groupe à l’autre. Les êtres inférieurs en sont dépourvus. Cet organe acquiert son maximum de développement chez les Bryophytes, est à peine plus réduit chez les Ptéridophytes, régresse nettement chez les Gymnospermes et n’est reconnu que difficilement chez les Angiospermes. Son rôle est de former, de protéger les gamètes femelles ainsi que d’attirer et de conduire le gamète mâle jusqu’à l’oosphère. Sa présence est nécessaire chez les plantes aériennes zoïdogames (fécondation par anthérozoïdes ciliés). Chez les Angiospermes, où la fécondation est siphonogame (fécondation par anthérozoïdes non ciliés, conduits par un tube pollinique jusqu’au contact de l’oosphère), l’organe devient inutile et se transforme au point de devenir méconnaissable.

J.-M. T. et F. T.

archéologie

Mise au jour, étude et publication des vestiges matériels de l’activité humaine.


L’archéologie est une des acquisitions principales de la méthodologie historique. Grâce à elle, les documents de l’historien sont non plus seulement des témoignages écrits, mais tous les vestiges matériels de l’activité humaine susceptibles d’étude, c’est-à-dire de classement et de comparaison. Le champ d’investigation de l’historien s’est étendu dans le temps (on peut désormais remonter plus haut que l’apparition de l’écriture, vers 3000 av. J.-C.) et dans l’espace (on peut faire resurgir l’« histoire » des pays sans écriture). L’archéologie apparaît à ce titre, dans certains cas, comme une méthode d’étude privilégiée et dépasse largement son rôle d’auxiliaire de la recherche historique : elle est parfois le seul moyen de connaissance.

Le mot arkhaiologia (science de l’ancien) ne revêtait pas pour les Grecs le sens qu’il a pris aujourd’hui ; il signifiait ce que nous entendons par « histoire ancienne ». C’est au xviie s. que le terme d’archéologie réapparaît, directement emprunté au grec par les érudits. Mais son sens s’est restreint. L’archéologie, désormais, est une science bien particulière, qui étudie les sources matérielles, les vestiges tangibles laissés par l’homme, par opposition aux sources écrites, réservées à la véritable histoire. Ainsi définie, elle dispose évidemment de ses propres méthodes, fait appel à ses propres sciences auxiliaires, recherchant un perfectionnement toujours possible de son procédé d’investigation, la fouille. Empiriquement, au fil des découvertes, les archéologues furent amenés à mettre au point les méthodes de la fouille scientifique, qui permit des résultats inespérés. Ceux-ci conduisirent à envisager d’autres façons de poser les problèmes, donc d’autres méthodes pour les résoudre.


Naissance et évolution de la recherche archéologique

En tant que science, au sens moderne du terme, l’archéologie n’a pas cent ans. Et pourtant les vestiges matériels de l’activité humaine ne nécessitent pas toujours une exhumation. Mais l’optique actuelle, qui voit en eux des objets d’étude scientifique, fut très longue à se former.

Les hommes de l’Antiquité n’ont ni pratiqué ni même conçu la recherche archéologique. Ils eurent le sens de la conservation des monuments, le souci esthétique de rassembler des œuvres d’art : ainsi les Romains furent-ils de grands collectionneurs d’antiquités grecques. Mais l’Antiquité n’a procédé à aucune fouille, à aucune recherche archéologique. On peut citer quelques exceptions : ainsi, à l’époque saïte, sous la pyramide de Saqqarah fut creusée une vaste galerie horizontale qui aboutit, au bout de quelque soixante mètres, vers le haut du grand puits central. La galerie est postérieure d’environ 2 000 ans à la pyramide elle-même. Ce travail n’a sûrement pas été exécuté uniquement pour récupérer des pierres, mais bien dans une intention d’ordre archéologique : on a voulu étudier la structure exacte du tombeau. Pourtant, d’une manière générale, l’Antiquité ignorait qu’il y eût une possibilité de connaître matériellement des temps plus reculés. Cette attitude persista pratiquement jusqu’au xvie s.