Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œuf (suite)

Principaux types d’œufs

La richesse plus ou moins grande de l’œuf en vitellus joue un rôle important dans la suite des phénomènes ontogénétiques. Elle détermine quatre types d’œufs.


Les œufs oligolécithes

Ils renferment peu de vitellus (gr. oligos, peu) disséminé dans le cytoplasme sous forme de granulations. Ce sont de petits œufs, leur diamètre est de l’ordre de 0,1 mm. Spongiaires, Cœlentérés, Échinodermes, Tuniciers, Céphalocordés possèdent des œufs oligolécithes. Le vitellus présente une plus grande densité au pôle inférieur de l’œuf, ou pôle végétatif ; le pôle supérieur, ou pôle animal, correspond au site d’émission des globules polaires.

Le noyau est légèrement plus proche du pôle animal. Certains œufs ne renferment plus de vitellus ; cette perte secondaire s’est réalisée au cours de l’évolution ; ce sont des œufs alécithes ; ils existent chez les Mammifères placentaires, dont les ancêtres devaient posséder des œufs avec du vitellus.


Les œufs hétérolécithes

Ils sont un peu plus gros (diamètre égal à 1 mm) ; ils renferment un vitellus plus abondant, réparti d’une façon hétérogène sous forme de plaquettes plus denses au pôle inférieur. Le noyau est plus proche du pôle animal. De tels œufs caractérisent Annélides, Mollusques Gastropodes, certains Poissons et Amphibiens.


Les œufs télolécithes

Dans ces gros œufs (de 1 à plusieurs centimètres), le vitellus, très abondant, occupe tout l’œuf et repousse au pôle supérieur cytoplasme et noyau. Les Céphalopodes, des Poissons Sélaciens et Téléostéens, les Reptiles, les Oiseaux et quelques Mammifères a placentaires (Ornithorynque, Échidné) pondent des œufs télolécithes.


Les œufs centrolécithes

Dans ces œufs, de 1 à quelques millimètres, le vitellus remplit la majeure partie de l’œuf ; il est entouré d’une couche de cytoplasme périphérique, et le noyau se trouve au centre du vitellus. Ces œufs sont connus chez les Arthropodes et particulièrement chez les Crustacés et les Insectes.

La quantité et la répartition du vitellus conditionnent non seulement les divers types d’œufs, mais aussi leur mode de segmentation. Les œufs oligolécithes et hétérolécithes subissent une segmentation qui intéresse tout le volume de l’œuf ; elle est holoblastique ou totale ; en outre, elle est égale dans les œufs oligolécithes et devient rapidement inégale dans les œufs hétérolécithes, les blastomères les plus riches en vitellus étant les plus gros.

Les œufs à vitellus abondant, télolécithes et centrolécithes, présentent une segmentation méroblastique ou partielle, car elle n’intéresse que le disque germinatif.

La plus ou moins grande richesse en vitellus détermine également le moment où le milieu extérieur devra fournir des aliments à l’embryon. Le jeune Oiseau bien nourri par un abondant vitellus éclôt sous la forme d’un adulte immature. Chez l’Amphioxus, l’œuf moyennement riche en vitellus produit une larve qui se métamorphose ultérieurement en adulte. L’œuf de Mammifère, dépourvu de vitellus, exige dès le début du développement un apport de l’extérieur fourni par l’organisme maternel.


Description sommaire d’un œuf de chacune des quatre catégories


Œuf d’Oursin

L’œuf, petit et transparent, est entouré d’une gangue muqueuse. La zone corticale est formée de couches protidiques alternant avec des couches lipidiques. La polarité se manifeste par la présence de fuseaux de maturation au pôle animal, et chez certaines espèces par un pigment subcortical orangé dessinant un anneau dans l’hémisphère végétatif avec une zone non colorée au pôle végétatif.


Œuf de Grenouille

L’œuf est une grosse cellule sphérique ayant un diamètre inférieur à 2 mm. Une différence de couleur marque la polarité ; l’hémisphère supérieur, ou hémisphère animal, est fortement coloré en noir par un pigment dense ; ce sera le pôle animal ; à l’opposé, le pôle végétatif est blanc ; il est entouré de l’hémisphère végétatif, ou champ vitellin. Au pôle supérieur se distingue une petite tache grise, ou tache de maturation ; dans son centre se trouve le premier globule polaire. Un œuf fixé et coupé en deux moitiés selon un plan méridien montre, outre la pigmentation superficielle supérieure, des plaquettes vitellines dont les dimensions et la densité s’étalent selon un gradient cytovitellin ; abondantes au pôle végétatif, elles diminuent vers le pôle animal ; des granules ribonucléiques sont disposés selon un gradient de sens inverse.

À la périphérie de l’œuf se trouvent une pellicule corticale (ou membrane vitelline) et un chorion, puis la coque et la gangue élaborées par l’oviducte ; cette dernière gonflera rapidement en une gelée visqueuse au contact de l’eau.


Œuf de Poule

L’œuf d’Oiseau se caractérise par l’abondance des éléments de réserve ; le jaune s’élabore au niveau de l’ovaire, le blanc et la coquille se forment autour de l’œuf pendant le passage dans l’oviducte.

L’accroissement de l’ovocyte est rapide une semaine avant l’ovulation ; chez la Poule, son poids passe de 0,2 g à près de 16 g, le diamètre augmente chaque jour de 4 mm. La croissance est continue ; pendant la nuit, le vitellus, contenant davantage de protéines et d’eau que de lipides, forme des couches minces de vitellus clair ; dans la journée, l’alimentation apporte des lipides et des pigments caroténoïdes ; il se dépose alors des couches épaisses de vitellus jaune. En coupe, le jaune est formé de couches alternativement foncées et claires ; les substances de réserve nécessaires sont synthétisées extérieurement à l’ovaire ; le foie y participe grandement chez les Oiseaux. Dans la partie centrale, où se trouvait la vésicule germinative, le premier vitellus clair élaboré forme la latebra. La vésicule germinative, entourée d’un peu de cytoplasme pur, étant plus légère, glisse vers la surface de l’œuf ; l’ensemble constituera la cicatricule, ou disque germinatif. La trace de ce déplacement est marquée par une traînée depuis la latebra jusqu’à un épaississement, le noyau de Pander. L’œuf est entouré d’une mince membrane vitelline de 25 μ d’épaisseur.