océanographie et océanologie (suite)
D’autres bouées sont dérivantes et donc automatiques. Elles sont récupérées périodiquement afin de procéder au dépouillement des diverses données enregistrées ; en d’autres cas, elles sont dotées d’émetteurs pour transmettre ces données à un navire proche, à une station à terre ou à un satellite. Les bouées dérivantes sont particulièrement intéressantes pour l’étude des régions océaniques complexes et changeantes, les fronts hydrologiques par exemple.



À distance
La télédétection permet une étude synoptique d’une région océanique plus ou moins vaste selon l’altitude de l’engin utilisé.
• Un engin atmosphérique (comme l’avion) permet l’étude précise (et relativement peu coûteuse) d’une aire marine réduite. On peut, grâce à la prospection aérienne :
1o faire des mesures de la température de surface en utilisant des thermomètres spéciaux captant la radiation infrarouge ;
2o suivre l’évolution de ce champ thermique en recevant les signaux émis par des bathythermographes « consommables » suspendus à des bouées ;
3o relever la topographie des vagues (radars à haute résolution, couverture photographique) ;
4o enregistrer les variations du champ magnétique (magnétisme aéroporté).
Ces méthodes se sont révélées particulièrement efficaces en hydrologie : depuis 1968, les avions de l’US Naval Oceanographic Office suivent les oscillations du Gulf Stream et le contact des eaux froides et chaudes dans tout l’Atlantique Nord depuis Terre-Neuve jusqu’au cap Nord.
• Un engin spatial (habité ou non) peut être utilisé en océanographie comme moyen d’observation, ou comme moyen de transmission.
1. L’engin spatial comme moyen d’observation. Les radiations émises ou rediffusées par l’eau de mer et captées par photographies multi-spectrales prises à bord des satellites permettent de détecter :
— les mouvements de surface, comme on le fait couramment pour le Kuroshio et surtout le Gulf Stream ;
— la diversité des masses au point de vue de leur température ou de leur turbidité (dès 1968, les renseignements recueillis par le satellite soviétique « Cosmos 243 » ont servi à dresser la première carte thermique d’ensemble du Pacifique) ;
— la pollution, puisque la présence de certains corps chimiques se traduit par l’abaissement de la température de radiance ;
— le déplacement des mobiles, qu’il s’agisse de bouées automatiques, de navires ou de tous les dangers qui dérivent, comme les icebergs (par exemple, de mai à octobre 1966, un iceberg long de 37 km a été repéré et suivi dans l’océan Austral au nord-est de la Géorgie du Sud à l’aide des photos prises par « Nimbus II ») ;
— l’évolution des côtes (déplacement des eaux et modifications subies par les plages et les parties internes des plates-formes continentales).
Le satellite est donc un moyen essentiel pour l’étude des régions océaniques d’accès difficile et pour la compréhension des problèmes océanographiques à l’échelle planétaire.
2. L’engin spatial comme moyen de transmission.
Le satellite permet la collecte et la télécommunication des données recueillies par tous les moyens de surface. C’est donc une méthode d’une prodigieuse efficacité scientifique.
Par exemple, en 1970, un satellite « Nimbus » a pu recueillir les données suivantes :
— hauteur des vagues fournies par les bouées automatiques mouillées au large de Porto Rico et des Bermudes ;
— température de surface mesurée par la plate-forme du cap Cod (pour la Woods Hole) ;
— température et pression de l’eau (jusqu’à la profondeur de 50 m) captées par les bouées dérivant au large de l’Alaska (pour le Bureau commercial des pêches des États-Unis) ;
— échange océan-atmosphère étudié par le navire Hero travaillant dans l’Atlantique (pour la National Science Foundation) ;
— courants enregistrés par les bouées du Pacifique équatorial, qui, elles-mêmes, captent les données enregistrées par une capsule mouillée par 5 500 m (pour l’université de Californie).
Cette océanographie spatiale, associant, selon la nature variable des problèmes et des régions analysés, le satellite et l’avion, paraît appelée à connaître de très grands développements.
J.-R. V.
