Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

obésité (suite)

Troubles menstruels

Ils sont fréquents et consistent surtout dans l’espacement et le peu d’abondance des règles, l’existence d’ovulation douloureuse ou d’un syndrome prémenstruel (gonflement douloureux des seins et rétention d’eau). Ces troubles résistent aux traitements hormonaux, mais cèdent, par contre, en général à la cure d’amaigrissement. En ce qui concerne la grossesse, l’obésité favorise la survenue de la toxémie gravidique et l’excès de volume du fœtus.


Retentissement psychique chez l’enfant

L’enfant obèse est en général obéissant et soumis, passif. Dans ses jeux, il suit plus qu’il ne mène. Ce qui frappe est l’intérêt qu’il porte à tout ce qui concerne la nourriture : la responsabilité de l’entourage est incontestable, qui confond souvent santé et corpulence. D’abord indifférent à son état, l’enfant éprouve plus tard un sentiment de gêne qui s’accentue avec les années. Toutefois, la puberté marque souvent la fin des obésités infantiles.


Traitement

Pour réduire l’obésité, il faut diminuer les apports alimentaires et, accessoirement, augmenter les dépenses physiques. La plupart des auteurs s’en tiennent à des rations de 600 à 1 400 calories par jour. Il est fondamental que le régime soit régulier. Il faut assurer les besoins essentiels de l’organisme : de 60 à 80 g de protides par jour (apportés par les viandes), de 80 à 100 g de glucides, des sels minéraux (légumes verts, salades, fruits), des vitamines. La restriction sodique (sel) ne s’impose nullement en général, si ce n’est au début du régime. Il est illusoire de restreindre les boissons : les besoins en eau de l’organisme sont de ceux qu’il est impossible et dangereux de vouloir diminuer. Mais il faut proscrire les boissons alcoolisées (750 cal par litre de vin, 450 cal par litre de bière). Augmenter les dépenses d’activité consiste le plus souvent à supprimer la sédentarité et le manque d’activité physique. La marche est graduable à volonté (durée, terrain plat ou accidenté, etc.). Le sport doit être pratiqué de façon progressive chez l’obèse peu entraîné.

Le régime peut être complété par certains médicaments, dont la prescription est la plus réduite possible : extraits thyroïdiens (efficacité mise en doute à long terme), anorexigènes (ils diminuent la sensation de faim, stimulent le psychisme, mais provoquent l’insomnie), diurétiques (seulement en début de traitement).

Finalement, il faut une observation stricte du régime et beaucoup de persévérance. Une cure d’amaigrissement exige des mois. L’obèse doit rééduquer son appétit, apprendre à manger mieux. Cela relève parfois d’une véritable psychothérapie. Les échecs d’une cure sont rares. Par contre, les rechutes sont fréquentes, tenant incontestablement à la reprise de mauvaises habitudes alimentaires.

J.-C. D.

 M. Albeaux-Fernet et J. D. Romani, l’Obésité et ses problèmes (Masson, 1964). / J. Trémolières, l’Obésité (E. S. F., 1970).

Obrecht (Jacob)

Compositeur néerlandais (Bergen op Zoom ? 1450 - Ferrare 1505).


Contrairement à la plupart des musiciens franco-flamands, Obrecht (ou Hobrecht) accomplit toute sa carrière aux Pays-Bas, à l’exception de deux brefs séjours à Ferrare : il meurt lors du second, en 1505. Il exerce en tant que professeur ou maître de chapelle successivement à Utrecht (où il passe pour avoir eu Érasme comme élève), dans sa ville natale (il y est ordonné prêtre en 1480), à Cambrai, Bruges, Anvers.

La place occupée par Obrecht au sein du mouvement conduisant du Moyen Âge à la Renaissance a prêté à discussion, et cela dès son époque même. En fait, on ne saurait nier que l’art d’Obrecht, comparé à celui de son contemporain Josquin Des* Prés, relève d’une esthétique différente et procède en son ensemble d’un esprit encore tributaire du Moyen Âge finissant, tandis que Josquin préfigure davantage la grande école polyphonique du xvie s. On décèle en effet chez Obrecht une forte tendance au rationalisme, à la rigueur discursive, voire à l’intellectualisme : cette tendance se manifeste au travers d’une écriture contrapuntique serrée, solidement charpentée, très riche en imitations, se développant volontiers en répétitions séquentielles. La découverte récente de « structures secrètes » (M. Van Crevel), à base de spéculations numériques et symboliques, ne peut que corroborer cet aspect du langage d’Obrecht. Par ailleurs, la nette prépondérance de l’horizontalisme polyphonique nous oriente elle aussi plutôt vers le passé, en dépit d’un sentiment tonal déjà accusé et d’une remarquable souplesse d’écriture.

Bien que son œuvre comprenne nombre de motets et de chansons profanes non négligeables, c’est dans la messe qu’Obrecht donne toute sa mesure. S’il se soumet encore à l’usage traditionnel du cantus firmus en valeurs longues comme soutien de l’édifice polyphonique, il renouvelle cette technique grâce à maintes applications variées et ingénieuses. Par le souffle qui anime ces pages, l’impression de grandeur et de beauté sereine qui s’en dégage, Obrecht mérite d’être compté parmi les compositeurs les plus représentatifs de la fin du xve s.

Les œuvres d’Obrecht

Musique religieuse : 26 messes à 3 et surtout 4 voix ; 31 motets de 3 à 6 voix.
Musique profane : 25 chansons profanes sur des textes néerlandais, français ou italiens.
Pièces sans paroles (musique instrumentale) : de 5 à 3 voix et une Fuga à 4 voix.
Plusieurs œuvres apocryphes ou d’authenticité douteuse (entre autres une Passion qui serait d’Antoine de Longueval).

J. V.

 P. Wagner, Geschichte der Messe (Leipzig, 1913). / O. J. Gombosi, Jacob Obrecht, eine stilkritische Studie (Leipzig, 1925). / M. Kyriazis, Die Cantus-Firmus-Technik in den Messen Obrechts (Berne, 1952). / G. Reese, Music in the Renaissance (New York, 1954 ; nouv. éd., 1959).
ÉDITIONS DES ŒUVRES COMPLÈTES : a) par J. Wolf (Leipzig-Amsterdam, 1908-1921, 30 livraisons) ; b) par A. Smijers et M. Van Crevel (Amsterdam, en cours de publication depuis 1958).