Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nutrition (suite)

Les pollutions physiques les plus spectaculaires sont les contaminations des aliments par des éléments radioactifs issus des explosions nucléaires réalisées dans l’atmosphère, transportés par les courants aériens et retombant à la surface des terres cultivées et des océans. Les composants des chaînes trophiques, végétaux (herbe) - animaux domestiques, plancton marin - Poissons, Mollusques, sont successivement contaminés et parfois concentrent les éléments en cause comme le strontium 90, l’iode ou divers métaux lourds. À titre d’exemple, la proportion de Sr 90 dans le lait européen a doublé depuis 20 ans. Étant donné l’incorporation du Sr 90 dans les os en formation, le danger à long terme n’est pas négligeable.


Nutrition des Hommes

La terre porte 3,8 milliards d’êtres humains (1973) et produit presque, de façon globale, les ressources nécessaires à leur nutrition. Cependant, à la surface du globe, 1 Homme sur 2 a faim, et 2 sur 3 sont mal nourris. La sous-nutrition, particulièrement critique dans la phase de développement de l’organisme, affecte 500 millions d’enfants. Inversement, 1 Homme sur 20 est surnourri et en subit les conséquences pathologiques. Comment remédier à cette situation ?

Les problèmes nutritionnels sont inséparables des problèmes démographiques. Paradoxalement, l’explosion démographique mondiale affecte précisément les populations ne disposant pas des productions nécessaires. Outre une meilleure distribution des ressources alimentaires, sur laquelle pèse le poids des profits commerciaux, la solution exige un développement rapide, dans les pays en expansion démographique, des productions agricoles de qualité ainsi que la préservation des récoltes (actuellement, 20 p. 100 de pertes entre production et consommation).

Alors que les besoins énergétiques peuvent être satisfaits à un coût relativement bas (céréales), les besoins protéiques, particulièrement en protéines animales de haute qualité biologique, sont coûteux à satisfaire. L’amélioration des rendements agricoles, l’extension des variétés génétiques végétales hautement améliorées (Blé court, Maïs « opaque 2 »), l’extension de la pêche et des productions animales ont déjà considérablement amélioré la nutrition des populations carencées. En ce qui concerne l’enfant, la disposition d’aliments spécialement combinés et supplémentés (tels que l’Incaparina en Amérique centrale et la Superamine en Algérie) a fait ses preuves.

Une autre voie pour la satisfaction des besoins protéiques consiste en l’utilisation (directe par l’Homme, ou secondaire via la chaîne des productions animales) des protéines nouvelles synthétisées par des Algues ou des micro-organismes unicellulaires, Levures et Bactéries, à multiplication rapide. Dans ces productions, le carbone est fourni par les hydrocarbures du pétrole ou divers composés glucidiques d’effluents industriels, et l’azote (source de l’azote aminé) est apporté sous forme minérale NH4. Outre l’incidence éventuelle des dérivés nucléotidiques associés à ces protéines, le coût de leur production massive, qui devrait être locale, rend celle-ci impossible pour les pays en développement.

En conclusion, outre l’amélioration en cours des rendements agricoles et des productions nouvelles, un contrôle démographique voulu et efficace et une équitable coopération internationale sont indispensables pour permettre la satisfaction convenable des besoins nutritionnels des Hommes. Alors disparaîtront définitivement les spectres du kwashiorkor et du marasme.

M. P.

➙ Aliment / Alimentation / Assimilation / Carence / Faim / Métabolisme.

 R. L. Pike et M. L. Brown, Nutrition : An Integred Approach (New York, 1967). / A. L. von Muralt (sous la dir. de), Protein-Calorie Malnutrition (Berlin, 1969). / C. Kayser (sous la dir. de), Physiologie, t. I : Introduction historique. Fonctions de nutrition (Flammarion, 1970). / S. Davidson, R. Passmore et J. F. Brock, Human Nutrition and Dietetics (New York, 1972). / J. Trémolières, Nutrition. Physiologie, comportement alimentaire (Dunod, 1973).
On peut également consulter les publications de la FAO et de l’O. M. S. sur la nutrition et l’alimentation ainsi que la bibliographie de l’article métabolisme.

Nyerere (Julius)

Homme d’État tanganyikais (Butiama 1922).


Instituteur dans une école catholique de Tabora en 1945, boursier à l’université d’Édimbourg et docteur en histoire (1949-1952), Julius Kambarage Nyerere devient, après son retour au pays, président de la Tanganyika African Association (T. A. A.), fondée en 1929 dans un but surtout culturel. Il la politise et s’oppose au gouverneur britannique du territoire sous mandat, Edward Twining. Ce dernier espère développer au Tanganyika une société pluriraciale, au sein de laquelle Européens, Asiatiques et Africains, animés d’un même patriotisme, collaboreraient. Mais à sa formule « égalité pour tous les civilisés », Nyerere oppose « égalité pour tous les hommes », ce qui revient à limiter le pouvoir des minorités.

En 1954, il fonde son propre parti, le Tanganyika African National Union (TANU), qu’il organise sur le modèle des partis politiques occidentaux. Il va plaider la cause de l’indépendance devant la commission des mandats de l’O. N. U., puis accepte de participer aux élections paritaires de 1958. Le Conseil législatif se compose alors de 31 fonctionnaires nommés par le gouverneur et de 30 élus, à raison de 10 pour chaque communauté, mais par un collège unique où chaque électeur désigne ses candidats. Le TANU a plus de voix qu’il n’a d’électeurs parmi ses membres. Nyerere devient chef du groupe, multiracial, des 30 opposants, et négocie avec le successeur de Twining, Richard Turnbull, une réforme de la constitution qui, après les élections de 1960, le fait Premier ministre d’un cabinet de 13 membres, dont 10 choisis dans le Conseil législatif et 3 nommés. Le 9 décembre 1961, l’Angleterre reconnaît l’indépendance du Tanganyika au sein du Commonwealth. Nyerere, cependant, combattu à gauche par les partisans d’une africanisation rapide, démissionne pour réorganiser son parti, fait campagne en faveur d’un régime présidentiel républicain, l’emporte aux élections de 1962 et devient président de la République, proclamée le 9 décembre.