Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nummulites (suite)

Rôle stratigraphique

Les Nummulites représentent un groupe de Foraminifères particulièrement important au point de vue de la stratigraphie du Tertiaire. Elles sont tellement abondantes à cette époque que l’ensemble du Tertiaire inférieur, ou Paléogène, est encore connu sous le nom de Nummulitique.

Nummulites et Assilina sont parmi les meilleurs fossiles permettant l’établissement de synchronismes à grande distance pendant le Paléogène, et cela tout particulièrement dans la province mésogéenne où se trouve leur centre de dispersion. Leur abondance et la rapidité de leur évolution font de ces Foraminifères un outil précieux pour les stratigraphes du Tertiaire inférieur.

J. S.

➙ Foraminifères.

 A. Blondeau, les Nummulites (Vuibert, 1973).

nuptialité et divortialité

Phénomènes démographiques en rapport avec le mariage et le divorce.


L’étude statistique des mariages repose tout d’abord sur la distinction entre mariages de célibataires (premiers mariages) et remariages (mariages de veufs et de divorcés). L’analyse quantitative du phénomène est éclairée par certaines considérations d’ordre démographique général.


Les incompatibilités d’effectifs

Le strict appariement entre hommes et femmes, aux âges habituels où se contractent les unions, n’est pas toujours possible, en raison du déséquilibre qui apparaît le plus souvent entre effectifs d’hommes et de femmes : si, à la naissance, il y a toujours excédent de garçons (105 garçons pour 100 filles), la surmortalité masculine réduit progressivement cet excédent, qui peut — si la mortalité est élevée — se changer, au début de la vie adulte, en excédent de filles.

Cependant, il faut noter que, même compte tenu du décalage habituel entre l’âge au moment du mariage des hommes et des femmes (les premiers choisissant leur partenaire dans les générations plus jeunes et donc, dans le cas des populations croissantes, plus nombreuses que celles auxquelles ils appartiennent), assez souvent un excédent d’hommes apparaît en fait, qui se traduit par une proportion finale de personnes célibataires plus élevée chez le sexe masculin (qui est majoritaire) que chez le sexe féminin (qui est minoritaire).

Ce schéma peut être modifié dans des populations où il y a émigration ; celle-ci étant surtout le fait des hommes, ces derniers deviennent minoritaires et se marient en plus forte proportion que les femmes, qui sont excédentaires ; en Italie, en Espagne, au Portugal, pays d’émigration, à des proportions finales de célibataires hommes de 10 à 12 p. 100 correspondent des proportions finales chez les femmes de 15 à 18 p. 100. À l’inverse, dans les pays où l’immigration est intense, apparaît un surcroît d’hommes, défavorable à la nuptialité de ces derniers et favorable à la nuptialité féminine. Des accidents dans la pyramide des âges (pertes dues à la guerre, existence de classes creuses) peuvent encore perturber le phénomène.

Très souvent, le choix du conjoint s’exerce à l’intérieur d’un groupe plus ou moins restreint (isolat), défini par l’appartenance sociale, religieuse, géographique ; des dimensions de ces groupes dépendent les possibilités de mariage, qui peuvent, dans certains cas, être très restreintes, d’où une faible nuptialité et parfois l’existence d’une proportion importante de mariages consanguins. À cet égard, la mobilité accrue de la population dans les sociétés modernes évoluées, comme l’abaissement des barrières sociales et culturelles, en élargissant les dimensions des groupes au sein desquels se concluent les unions (éclatement des isolats), est probablement une des causes de la hausse récente de la nuptialité dans certains pays. Enfin, l’existence de remariages consécutifs à des désunions par veuvage ou divorce complique encore l’analyse.

En régime monogamique (implicitement considéré jusqu’ici), la nuptialité est un phénomène qui ne saurait donner lieu, à long terme, à d’importantes variations ; dans une génération, en l’absence de mortalité, c’est toujours une proportion de célibataires comprise entre 70 et 95 p. 100 (et exceptionnellement proche de 100 p. 100) qui finit par se marier. Toutefois, d’assez grandes variations peuvent se produire dans la distribution des âges où ces mariages se concluent ; dans les pays occidentaux, à côté d’une tendance générale à une précocité accrue des mariages, on observe des variations accidentelles causées par des crises majeures (guerres, crises* économiques) : aux ajournements de mariages en période de crise font suite d’importantes récupérations après retour à des conditions de vie normales. En bref, la nuptialité, beaucoup plus stable sur le long terme que tout autre phénomène, est, par contre, plus sensible aux accidents conjoncturels.


Monogamie et polygamie

Étendre les considérations sur l’état et l’évolution de la nuptialité à l’ensemble des populations du monde nécessite au préalable un examen des formes diverses que revêtent les unions et les circonstances dans lesquelles elles sont contractées.

• Les unions monogamiques sont de loin les plus fréquentes, encore qu’elles ne se réalisent pas toujours selon les formes extérieures habituelles en Occident ; c’est ainsi qu’en Amérique latine, ce sont les unions libres, ou unions consensuelles, qui prédominent ; toutefois, le caractère suffisamment permanent de ces unions incite à les retenir comme une forme de mariage monogamique.

• La polygamie n’est répandue que dans les populations musulmanes et les populations d’Afrique noire. Si le droit musulman reconnaît le droit de polygamie jusqu’à quatre épouses, les mariages polygamiques ne semblent pas tenir une grande place dans les pays musulmans de la bordure méditerranéenne, où, de surcroît, des dispositions légales récentes, ainsi que les attitudes nouvelles de certains milieux dirigeants, leur sont défavorables.

En Afrique noire, la polygamie se caractérise par l’existence de nombreux ménages faiblement polygames (2 épouses pour 1 homme) et où, de surcroît, l’homme est âgé ; il n’y a donc pas de mariage simultané avec plusieurs femmes, mais des mariages largement échelonnés dans le temps, comme en témoigne la progression croissante, avec l’âge de l’homme, du nombre moyen de ses épouses (au Sénégal, par exemple : 1,02 à 20-29 ans, 1,12 à 30-39 ans, 1,30 à 40-49 ans, 1,44 à 50-59 ans) ; d’ailleurs, les veuves « héritées » tiennent une place non négligeable dans la détermination de ces taux de polygamie. Comme conséquence de la polygamie d’une partie des hommes, une fraction de ceux-ci ne se marient jamais, alors que la quasi-totalité des femmes contractent au moins une union dans leur vie.