Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Araignées (suite)

 J. H. Fabre, Souvenirs entomologiques (Delagrave, 1879-1886 ; 3 vol.). / E. Simon, Histoire naturelle des Araignées (Mulo, 1892-1901 ; 8 vol.). / A. Tilquin, la Toile géométrique des Araignées (P. U. F., 1942). / P. Bonnet, Bibliographia Araneorum (Toulouse, 1945). / L. Berland, les Araignées (Stock, 1947). / M. Thomas, Vie et mœurs des Araignées (Payot, 1953).

Arany (János)

Poète hongrois (Nagyszalonta [auj. Salonta], Transylvanie, 1817 - Budapest 1882).


Enraciné dans le terroir, Arany, qui est avec Petőfi* la figure la plus marquante des lettres hongroises au xixe s., possède dès l’enfance une connaissance du peuple et des sources vives de la langue qui le prédispose à devenir le porte-parole d’une nation encore étouffée par le féodalisme et l’occupation étrangère.

Son premier poème épique, la Constitution perdue (1845), est une satire de la vie politique provinciale dominée par la concussion. La mythologie y côtoie curieusement le réalisme le plus authentique.

Mais son premier grand succès est un autre poème épique, Toldi. Toldi est un chevalier du xe s., réputé pour sa force prodigieuse, et dont les poèmes anciens ainsi que la littérature de colportage ont perpétué la mémoire. Cette œuvre obtient en 1847 le prix attribué par la société Kisfaludy, l’un des cénacles littéraires les plus en vue de Budapest. Ce succès ne modifie guère les conditions d’existence du poète, alors clerc de notaire dans sa ville natale, mais il lui vaut l’amitié de Petőfi, qui, bien que plus jeune, l’aidera désormais de ses conseils et de ses encouragements. Dans leur correspondance, ils s’efforcent de dégager une doctrine commune, que l’on peut définir comme une sorte de populisme national. Toutefois, Arany ne suivra pas jusqu’au bout son cadet dont les conceptions de plus en plus radicales s’apparentent déjà au communisme. Après la mort de Petőfi, il devient même l’apôtre d’un nouveau classicisme, que ses épigones ne tarderont pas à compromettre, tout comme les continuateurs de Petőfi avaient caricaturé son héritage. Malgré leur amitié, leurs tempéraments, autant que leurs positions personnelles, opposent les deux poètes. Au contraire de Petőfi, Arany, bien qu’il suivît tour à tour avec espoir et anxiété les différentes phases de la révolution et du combat pour l’indépendance, ne joua aucun rôle dans les événements de 1848-1849. Pourtant, les inquiétudes du patriote se mêlent dès cette époque aux premiers accents de son lyrisme personnel. L’analyse angoissée de soi, qui deviendra plus tard l’un des traits dominants de sa poésie, apparaît pour la première fois. En 1848, il écrit le Soir de Toldi, consacré à la vieillesse et à la mort de son héros. Il renouvelle également la ballade en imitant plus les anciennes ballades hongroises et écossaises que celles que mettait à la mode une Allemagne sentimentale et romantique.

En 1851, Arany est chargé d’un poste de professeur au collège protestant de Nagykörös, petite ville de l’Alföld. Il y trouve un climat intellectuel favorable à son talent de poète, mais le « trac » qu’il éprouve devant ses élèves rend son travail pénible. Il ne mène à bien aucun des poèmes dont il entreprend la composition, à l’exception des Tziganes de Nagyida (1852), satire amère de la guerre d’indépendance : Kossuth y apparaît sous les traits d’un voïvode tsigane qui, devenu par hasard maître d’un château fort, gaspille toute sa poudre et se trouve ensuite contraint à capituler. Dans les Bardes gallois, la plus fameuse des ballades composées à Nagykörös, Arany, qui avait été pressenti pour composer une ode en l’honneur de François-Joseph à l’occasion de la première visite de l’empereur en Hongrie, se fait l’écho de la légende selon laquelle le roi Édouard Ier d’Angleterre, en visite au pays de Galles, aurait fait exécuter cinq cents poètes qui s’opposaient à la mainmise anglaise sur leur pays.

En 1860, Arany s’installe à Budapest. Il y devient rédacteur de l’Observateur littéraire, et aussi directeur de la société Kisfaludy, celle-là même qui avait autrefois couronné Toldi. Il fait connaître Imre Madách (1823-1864), l’auteur de la Tragédie de l’homme (1861). Il traduit Molière et Shakespeare. Il s’intéresse à l’histoire des Huns, qu’une croyance encore fort répandue au xixe s. confondit longtemps avec les ancêtres des Hongrois. Dans la Mort de Buda (1864), long poème consacré à la lutte sanglante qui opposa Attila à son frère aîné, il ne suit ni l’exemple des poètes romantiques ni celui du Nibelungenlied, et réussit à créer une œuvre originale où l’analyse psychologique renforce et justifie la progression dramatique.

En 1867, la mort de sa fille Juliska l’affecte profondément. Il écrit peu et ressent comme une gêne la gloire quasi officielle qui entoure désormais son nom. En 1871, il entreprend la traduction des comédies d’Aristophane. En 1873, il écrit le second chant de Tiénot le Fou (Bolond Istók), dont la première partie date de 1850. Ce poème, partiellement autobiographique, est souvent considéré comme l’une des œuvres majeures de la littérature hongroise. L’influence lointaine de Byron, sensible dans la forme, la peinture originale de la vie paysanne, le goût du burlesque et du clin d’œil au lecteur se mêlent curieusement dans cette œuvre, dont la littérature occidentale de l’époque n’offre guère d’équivalent. Les stances dans lesquelles on voit le héros abandonner les avantages de la vie d’étudiant pour embrasser la carrière aventureuse de comédien ambulant sont restées justement célèbres.

En 1874, Arany commence à écrire l’Amour de Toldi, qui devient ainsi l’élément central d’une trilogie. Le souci de la vérité historique et l’archaïsme savant de la langue y font parfois regretter la naïveté et la verdeur populaire des deux autres parties.

En 1879, il se libère de ses fonctions à l’Académie des sciences de Hongrie, dont il est secrétaire depuis 1865. Il trouve enfin la paix et l’indépendance dont il rêvait depuis longtemps. Par leur accent et leur simplicité, les poèmes qu’il écrit presque quotidiennement dans cette dernière période de sa vie sont parmi les plus beaux et les plus émouvants de la poésie hongroise.

J.-L. M.

 J. Barta, Arany János (Budapest, 1953).