nuage (suite)
La tête correspond à la partie antérieure, élevée, du front chaud de la dépression de front polaire ; le corps reflète la partie postérieure de ce front, plus proche de la trace au sol. La traîne manifeste l’intervention de l’air froid arrière. Plusieurs perturbations d’ouest se suivent le plus souvent. On aboutit à un groupement des systèmes nuageux. Là encore, rien n’est anarchique. Entre deux systèmes nuageux se place une zone d’intervalle avec plages de ciel clair et ensembles nuageux, où l’on rencontre surtout cumulus, stratus et strato-cumulus. Des zones de liaison avec ciel couvert, bas, mais sans précipitations ou presque peuvent relier deux systèmes nuageux successifs. Ces zones cernent les zones d’intervalle par le sud, référence étant faite aux latitudes tempérées boréales.
Les systèmes nuageux et les perturbations tropicales
Dans ces dernières prédominent les nuages cumuliformes, surtout en période d’hivernage. Cela traduit l’importance des mouvements ascendants, alors favorisés par une atmosphère instable (air chaud et humide). Outre les ondes de l’est, les cyclones tropicaux (fig. 2) et la C. I. T. offrent l’image de nuages à grand développement vertical (fig. 3). Dans le lit des alizés boréaux et austraux, où l’instabilité est forte aux basses latitudes, les cumulus ont un déploiement sensible (cumulus congestus). C’est cependant sur la ligne de convergence des alizés que l’ascendance est maximale (ascendance dynamique) et que s’édifient les organismes nuageux les plus puissants (cumulo-nimbus).
Les systèmes nuageux et les perturbations orographiques
Dans les masses d’air humide forcées à l’ascendance s’imposent, à partir d’une certaine altitude, la condensation de la vapeur d’eau et la formation de nuages. Ceux-ci dépassent normalement le niveau des crêtes, qui se trouvent ainsi encapuchonnées. Sur le versant où le flux redescend, l’air subit un processus d’assèchement qui interrompt le nuage. À cela s’ajoute le fait que l’air, ayant perdu une partie de sa vapeur d’eau dans la phase ascendante, se trouve « désaturé » à une altitude plus élevée qu’il n’était arrivé à saturation de l’autre côté. Ainsi, le nuage orographique est-il beaucoup plus développé sur le versant exposé « au vent » que sur le versant « sous le vent ».
La répartition des nuages à la surface du globe
Les photos prises par satellites indiquent de grandes zones de nuages. Les latitudes tempérées et subpolaires, d’une part, les basses latitudes, de l’autre, représentent, grâce au front polaire, à la C. I. T. et à leurs perturbations, les parties du globe les plus ennuagées. Il est remarquable de constater, en passant, la différence qui existe entre la ligne nuageuse dessinée par la C. I. T. sur les océans et la masse de nuages qui remplit souvent l’Amazonie. Cela semble prouver qu’à la convergence directe entre alizés océaniques (au large des Antilles et des Guyanes) se substitue, sur l’Amérique latine équatoriale en particulier, un style différent, qui fait intervenir entre les alizés une masse d’air équatoriale continentale.
Les nuages et leurs conséquences
Les conséquences physiques
Le phénomène nuageux se mesure (octas ou dixièmes de ciel couvert) et se cartographie (courbes isonèphes). Il se traduit par les cartes d’état du ciel. Les néphanalyses expriment en ce sens l’état du ciel à partir des données fournies par les satellites.
Les nuages ont une importance capitale sur le temps probable et sur le temps subi (précipitations ; intervention sur les modalités du rayonnement : les nuages participent à la diffusion du rayonnement solaire direct et, ainsi, à la réflexion vers le ciel d’une partie de ce rayonnement, tandis que l’autre partie atteint le sol sous forme de rayonnement diffus ; mais ils peuvent aussi interdire le retour à l’espace du rayonnement émis par la terre, imposant un effet de serre, qui disparaît par temps clair).
Les conséquences humaines
Les nuages sont pour l’homme à la base de manifestations climatiques souhaitées (pluie pour l’agriculture, neige pour les sports d’hiver), ou redoutées (mauvais temps qui gêne les activités ou suscite des dangers [aviation]). [Les illustrations sont réalisées d’après des maquettes de l’auteur.]
P. P.
J. Bessemoulin et R. Clausse, Vents, nuages, tempêtes (Plon, 1957). / Atlas international des nuages (O. M. M., Genève, 1958 ; 2 vol.). / R. Clausse et L. Facy, les Nuages (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1959). / Météorologie nationale, les Nuages, t. I : Nuages et météores (Impr. nat., 1960).