Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

noyade (suite)

Il existe évidemment des situations intermédiaires entre l’hydrocution et la noyade par asphyxie, où le sujet en état de syncope effectue cependant quelques mouvements respiratoires, et l’on observe des signes d’asphyxie associés. Inversement, chez un sujet bon nageur, en eau très froide (inférieure à 14 °C), l’épuisement thermique apparaîtra en quelques dizaines de minutes, et une syncope surviendra tardivement, provoquant la noyade et la mort.


Évolution thanatologique

Le cadavre du noyé coule au fond de l’eau, en position ventrale pour l’homme, dorsale pour la femme (répartition adipeuse différente). Il peut être transporté à grande distance dans un fleuve. La surnatation (réapparition en surface) se produit dans des délais variables, fonction de la vitesse de putréfaction (les gaz de putréfaction gonflent le cadavre et le rendent moins dense). Dans nos climats, elle survient du 4e au 6e jour en moyenne en été, après plusieurs semaines en hiver.


Examens médico-légaux

Il est possible de préciser la date probable et la durée d’une submersion récente d’après les signes de putréfaction dans l’eau, et d’affirmer les signes de noyade, ce qui est facile en cas d’inondation des voies respiratoires. On précisera ensuite les conditions de noyade (accident, suicide ou homicide) en recherchant les lésions de violences (ecchymoses vitales [produites quand le sujet était encore en vie], signes de lutte), et en sachant que les mouvements de respiration artificielle déterminent souvent des ecchymoses thoraciques.

E. F.

 P.-L. Servettaz et J. Tailleur, la Noyade en surface et en plongée. Physiopathologie et traitements actuels (Impr. Debaldis, 1964).

noyau

Partie centrale de l’atome*, qui a été mise en évidence par Rutherford en 1911.


On appelle :
— noyau composé un noyau excité formé par la capture d’une particule et existant comme état intermédiaire dans une réaction nucléaire ;
— noyau fissile un noyau qui, dans certaines conditions, peut subir le phénomène de fission.


Dimensions, forme et masse

Le noyau est 100 000 fois plus petit que l’atome ; ses dimensions moyennes sont de 10–16 m, et plus on descend dans le tableau de Mendeleïev, plus la grosseur du noyau augmente.

La forme du noyau est mal définie. À l’origine, on supposait le noyau sphérique, et son rayon — que l’on disait proportionnel à la racine cubique du nombre de masse de l’élément considéré — se définissait alors comme la distance, comptée du centre, à partir de laquelle les forces nucléaires deviennent prépondérantes devant les forces de répulsion coulombiennes.

Plus tard, on admit que les noyaux lourds ressemblaient à des ellipsoïdes, et, actuellement, certains spécialistes leur attribuent une forme de toroïdes, comme des anneaux.

La masse des électrons qui gravitent autour du noyau est négligeable par rapport à celle du noyau, qui comprend presque toute la masse de l’atome.


Charge et caractéristiques des nucléons

Le noyau est chargé positivement ; il équilibre la charge négative du cortège électronique, l’atome étant neutre. À l’intérieur du noyau, il y a des protons et des neutrons, particules qu’on appelle des nucléons. On estimait que les nucléons étaient répartis en couches dans les noyaux, comme les négatons le sont autour du noyau. Actuellement, le nucléon est représenté par une partie centrale, le parton, autour duquel existerait une sorte de nuage dont certains mésons constitueraient l’atmosphère.

La différence essentielle entre protons et neutrons réside dans leur charge électrique, qui est positive pour le proton et nulle pour le neutron.

La charge du proton est égale, en valeur absolue, à celle du négaton ; il y a donc autant de protons dans le noyau d’un atome que de négatons autour de ce noyau, et ce nombre est égal au numéro atomique Z de l’élément considéré.

C’est ainsi que, dans le noyau d’hydrogène (ou de ses isotopes), qui est dans la case 1 du tableau périodique (Z = 1), il y a un proton et un seul dans le noyau et un négaton autour du noyau. Dans le noyau de l’uranium (ou de ses isotopes), qui est dans la case 92 (Z = 92), il y a 92 protons et 92 négatons autour du noyau.

Par contre, le nombre de neutrons pour un même élément est variable.

Protons et neutrons ont des volumes et des masses très voisins (tableau I). Si nous prenons comme unité la masse m du négaton, la masse du proton est 1 836 m et celle du neutron 1 839 m.


Nombre des nucléons dans le noyau

Avec un nombre déterminé de protons et de neutrons, on peut envisager certaines combinaisons, en nombre limité, c’est-à-dire fabriquer des noyaux, ou nucléides.

Les nucléides ayant même numéro atomique Z sont des isotopes ; ceux qui ont même nombre de masse A sont des isobares ; enfin, on appelle isotones les nucléides qui ont même nombre de neutrons.

On dénombre actuellement environ 1 200 nucléides : 274 sont stables ; les autres sont instables, mais ils émettent des rayonnements qui les amènent finalement à un état stable.

On constate que :
— les noyaux des éléments légers renferment approximativement autant de protons que de neutrons (dans les éléments lourds, il y a plus de neutrons que de protons) ;
— les éléments naturels de Z pair sont plus nombreux que ceux de Z impair ;
— les éléments de Z pair ont plus d’isotopes que ceux de Z impair ;
— il n’existe pas d’isobares stables de numéro atomique voisin ;
— certaines valeurs se retrouvent dans la composition des noyaux stables (2, 8, 20, 28, 50, 82 et 126, nombres appelés magiques et correspondant à une plus grande stabilité des noyaux).


Forces nucléaires

Dans le noyau, les nucléons ont une cohésion parfaite, ce qui montre qu’ils sont liés les uns aux autres par une force de très grande énergie. Si, à l’intérieur du noyau, il s’agissait de forces électriques, les protons, tous chargés d’électricité de même signe, se repousseraient violemment. Il ne peut être question de force de gravitation, négligeable à l’échelon du noyau. On ignore quelle est la nature de ces forces nucléaires, qui ne s’identifient pas avec les forces rencontrées en mécanique classique.

Les forces nucléaires présentent un caractère de saturation, en ce sens qu’elles ne peuvent lier entre eux qu’un nombre limité et bien défini de nucléons ; elles seraient analogues aux forces d’échange liant les atomes dans une même molécule.

Elles sont attractives dans un très faible rayon d’action (5·10–13 cm) et, au-delà de cette distance, elles deviennent négligeables ; alors apparaissent les forces électriques répulsives.