Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nouvelle-Calédonie (suite)

La population

La population totale était évaluée à 116 500 habitants en 1971. Elle est constituée par trois groupes essentiels : les autochtones, les Européens et les Océaniens venus d’autres archipels.

Les autochtones, 48 500 en 1971, sont des Mélanésiens et ont connu à la fin du xixe s. un grave déclin démographique ; depuis quelques décennies, ils connaissent un renouveau, lié à une diminution considérable de la mortalité. Ils sont surtout localisés dans les vallées de la côte orientale, où ils vivent en tribus, dans de petits villages de cases rectangulaires. L’attirance des exploitations minières et de Nouméa est aujourd’hui très forte : plus de la moitié des Mélanésiens de la Grande Terre vivent dans la capitale. Les îles Loyauté sont fortement peuplées (12 000 hab.) d’Océaniens résultant du mélange d’éléments mélanésiens et polynésiens ; les Européens n’ont pas le droit d’y acquérir des terres.

Les Européens et assimilés sont à peu près aussi nombreux que les autochtones (48 870 en 1971). Ils regroupent en réalité des « Calédoniens » installés dans l’île depuis plusieurs générations, des métropolitains — fonctionnaires mais aussi salariés du secteur privé attirés par l’essor économique spectaculaire de l’île — et quelques naturalisés.

Les Océaniens venus des autres archipels administrés par la France constituent depuis quelques années un groupe important. En 1971, on comptait 7 500 Wallisiens, 6 000 Tahitiens et 3 000 Néo-Hébridais, soit 16 500 personnes au lieu de 3 500 en 1962. Par contre, les Asiatiques, qui avaient été amenés pour travailler dans les plantations ou dans les mines, sont en complète régression par rapatriement et quelquefois par naturalisation. On ne compte plus que 130 Vietnamiens et 2 000 Indonésiens.

Au total, l’accroissement de la population est très rapide, car l’immigration d’éléments jeunes entretient une forte natalité, alors que la mortalité est devenue très faible. En 1970, le taux moyen de natalité a été de 35,9 p. 1 000, et le taux de mortalité de 9,6, soit un croît naturel de 26,3 p. 1 000. Mais le pourcentage de population active par rapport à la population totale n’est pas très élevé (35,2 p. 100) ; 20,2 p. 100 seulement des femmes ont un emploi, contre 48,7 p. 100 des hommes.


L’économie

La vie rurale mélanésienne était jadis fondée sur la culture des tubercules (taros, ignames) dans des petits champs étages en terrasses et souvent irrigués. L’introduction du caféier dans les tribus a permis aux indigènes de s’orienter vers une économie de type commercial. Mais les plantations des caféiers (arabica et robusta), qui couvrent environ 6 000 ha, sont mal entretenues ; les rendements sont bas, et les jeunes préfèrent le travail dans les mines ou dans l’industrie. Dans l’ensemble, les revenus provenant du travail en dehors de la tribu sont très supérieurs aux revenus agricoles.

Une partie des Européens vivent à la campagne, soit dans les petites bourgades qui s’égrènent de part et d’autre de la chaîne axiale, soit au milieu de leur exploitation : la colonisation rurale a été jadis importante, mais il ne reste plus que quelques centaines d’Européens dans l’agriculture. Les plantations de caféiers sont en régression, car la main-d’œuvre, autrefois constituée de Javanais, manque. La plupart des Européens pratiquent un élevage extensif du gros bétail dans de vastes « stations » divisées en grands pâturages clôturés de fils de fer barbelés.

Le secteur agricole ne joue plus qu’un rôle insignifiant dans l’économie. La production de café stagne (1 768 t en 1938 ; 1 620 t en 1969), bien que la qualité de l’arabica soit excellente. Les plantations de cocotiers, qui couvrent 6 500 ha, surtout sur la côte est et dans les îles Loyauté, donnent une production de coprah faible et irrégulière (2 945 t en 1938 ; 2 312 t en 1969), les troupeaux (120 000 bovins, 10 000 chevaux, 16 000 chèvres et 4 000 moutons) fournissent une viande médiocre ; sauf aux îles Loyauté, la pêche est très insuffisante, et la Nouvelle-Calédonie doit importer la plupart des produits alimentaires dont elle a besoin.

Toute son activité est tournée vers les mines. L’île est riche en plusieurs minerais, dont l’exploitation est liée à la conjoncture mondiale : le fer, le chrome, le manganèse ont été ainsi extraits à diverses reprises. Mais, aujourd’hui, la ressource essentielle est constituée par le nickel. La production de ce minerai a fortement augmenté jusqu’en 1970, stagnant depuis (au-dessus de 130 000 t de métal contenu). L’extraction du minerai, qui contient en moyenne 3 p. 100 de métal, se fait à ciel ouvert après déblaiement de la couche superficielle de latérite. La mécanisation a permis de réduire la main-d’œuvre nécessaire. Les Asiatiques ont été remplacés par des autochtones, des Wallisiens et des Tahitiens. Les mines éventrent tous les massifs de péridotites, en particulier ceux de la côte est (Thio, Kanala ou Canala, etc.).

Une partie du minerai est directement exportée au Japon. Le reste est traité dans une puissante usine que la société « Le Nickel », contrôlée par le groupe Rothschild, a installée à Doniambo, près de Nouméa. En 1970, la Nouvelle-Calédonie a exporté 20 800 t de mattes de nickel et 117 000 t de ferro-nickels vers la métropole, le Japon, l’Australie, le Canada... L’énergie électrique est fournie à l’usine par une centrale thermique appartenant à la société et par la centrale hydraulique de Yaté, qui alimente également la ville de Nouméa.

Le commerce de la Nouvelle-Calédonie est très important. Grâce au minerai de nickel, les marchandises embarquées (4 281 168 t en 1970) sont beaucoup plus abondantes que les marchandises débarquées (1 362 450 t), mais, en valeur, les importations (23,3 milliards de francs C. F. P., 100 francs du Pacifique valant 5,50 francs métropolitains) sont légèrement supérieures aux exportations (19,4 milliards). Les principaux clients sont le Japon (9,4 milliards) et la France (8,1) ; le grand fournisseur est la France (11,6), qui précède largement l’Australie (3,1), les États-Unis (1,7) et la République fédérale d’Allemagne (1,5). Les achats de la Nouvelle-Calédonie comportent en particulier des combustibles (produits pétroliers, charbon) et des objets manufacturés.