Nouvelle-Angleterre (suite)
Avec la révolution industrielle, les puritains — on dit aussi maintenant les Yankees — sont devenus les vigoureux défenseurs du nationalisme et du protectionnisme douanier. La croissance des classes moyennes est propice au développement de l’esprit réformiste. La religion, l’éducation, la vie sociale sont contestées et quelque peu transformées ; après certaines hésitations, le combat contre l’esclavage est soutenu par la majorité. Cet esprit missionnaire, cette âpreté au gain, les puritains contribuent à en imprégner les États-Unis, car bon nombre d’entre eux vont peupler l’Ouest, de l’Ohio à l’Oregon.
La guerre de Sécession* (1861-1865) correspond à un tournant décisif. La Nouvelle-Angleterre perd son rôle directeur dans la vie économique et politique de l’Union. L’agriculture recule un peu plus encore sous l’effet de la concurrence des Grandes Plaines ; il faudra qu’elle se transforme en agriculture suburbaine, chargée d’approvisionner les grandes agglomérations de l’Est. L’industrie textile est concurrencée par les usines du Sud, qui emploient une main-d’œuvre à meilleur marché. Le charbon et le pétrole manquent ; les lacunes du système ferroviaire freinent le développement. En revanche, la présence d’ouvriers qualifiés, les liens avec l’Europe, l’attrait qu’exercent des établissements universitaires comme Harvard ou le Massachusetts Institute of Technology (MIT, 1861) évitent à la Nouvelle-Angleterre un déclin brutal. Tandis que le Connecticut entre dans l’orbite de New York, que le Vermont et le New Hampshire tendent à se transformer en zones de villégiature animées pendant les week-ends et la saison de ski, Boston et sa région sont sauvées par l’immigration irlandaise au xixe s. et l’immigration italienne au xxe s., donc catholique. La population des six États augmente régulièrement : 1 233 011 habitants en 1800, 3 135 283 en 1860, 4 700 749 en 1890, 7 400 909 en 1920, 9 314 453 en 1950. Mais, par rapport à la population totale des États-Unis, son importance décline : 22 p. 100 en 1800, 10 p. 100 en 1860, 6,5 p. 100 en 1950. De plus en plus, les villes de la côte atlantique s’intègrent dans la vaste metropolis qui s’étend de Washington à Boston.
A. K.
➙ Boston / Connecticut / États-Unis / Massachusetts / Puritanisme.
G. R. Taylor, The Transportation Revolution, 1815-1860 (New York, 1951 ; nouv. éd., 1968). / R. E. Brown, Middle-Class Democracy and the Revolution in Massachusetts, 1691-1780 (Ithaca, N. Y., 1955 ; nouv. éd., 1968). / R. C. Estall, New England. A Study in Industrial Adjustment (New York, 1966). / D. J. Boorstin, The Americans (New York, 1967 ; 2 vol.).