Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nord-Pas-de-Calais (suite)

Deux axes nord-sud sont achevés : A1/E3 (Anvers-Gand-Lille-Paris) et A2 (Bruxelles-Valenciennes-Paris). Un premier axe ouest-est est également achevé : A25 (Dunkerque-Lille) et A27 (Lille-Tournai), et, au-delà, on atteint la Wallonie, Liège, Cologne. Un deuxième axe ouest-est est avancé, c’est la « rocade minière » qui traverse l’ouest du bassin. Un troisième axe ouest-est est mis en chantier : A26 (le tunnel-Arras-E3). Du côté belge, E5 (Bruxelles-Ostende) se dirige vers Dunkerque.

Ce maillage de voies de circulation et les structures urbaines s’intègrent dans le schéma de la Région tel qu’il est présenté par l’O. R. E. A. M.-Nord. Les conurbations forment quatre aires urbaines orientées approximativement S.-O. - N.-E. : le littoral (Boulogne-Calais-Dunkerque), l’aire urbaine centrale (Arras ; l’ouest et le centre du bassin houiller avec Béthune, Lens, Douai ; Lille-Roubaix-Tourcoing), la vallée de l’Escaut (Cambrai et l’est du bassin houiller avec Valenciennes) et enfin la vallée de la Sambre (Maubeuge). Le bassin houiller, coupé en deux, est appelé à s’intégrer dans de nouveaux ensembles. Les autoroutes nord-sud structurent ces aires urbaines tout en assurant les liaisons pays bas-France. Les axes ouest-est relient entre elles les aires urbaines en même temps qu’ils assurent les liaisons mer-Europe continentale. Des espaces à dominante rurale et d’urbanisation plus ponctuelle séparent les quatre aires urbaines. À l’intérieur de celles-ci, des zones vertes doivent séparer les divers noyaux urbains et, aménagées, donner aux citadins les espaces verts nécessaires.


L’agriculture

La Région est aussi une des zones agricoles les plus riches de France et produit : environ 6 p. 100 du blé, de l’avoine et de l’orge français, le quart du lin et du houblon, 12 p. 100 des pommes de terre, le quart des betteraves à sucre. La Région nourrit 4,4 p. 100 du cheptel bovin, 11 p. 100 du cheptel porcin et fournit 6,5 p. 100 de la viande. Les rendements (blé, lait) sont supérieurs aux moyennes nationales. Cette richesse tient à des causes naturelles et historiques. Presque toute la région est couverte par plusieurs mètres d’un limon fertile, mais le travail humain a été considérable : il a fallu enrichir par des engrais, drainer des sols lourds, parfois conquérir des terres sur des marais ou sur la mer. Les paysages ruraux sont d’une grande variété. Une ligne approximativement ouest-est divise la région en deux : au sud, l’habitat est groupé, les champs ne sont pas enclos ; au nord, les habitations non agricoles se groupent encore en bourgs, mais toutes les fermes se dispersent et elles s’entourent de parcelles en herbe, encloses de haies, créant des « mini-bocages ». Sur ces deux grands thèmes, chaque sous-région borde une variation allant du bocage boulonnais ou de l’Avesnois aux campagnes découvertes et aux gros villages du Cambrésis.

Actuellement, l’agriculture ne connaît pas ces bouleversements brutaux qui touchent d’autres régions françaises et, de ce fait, elle perd une partie de son avance. Sa richesse y avait posé sans doute moins de problèmes. Les exploitations sont d’une taille moyenne et on reste fidèle à la polyculture et à l’association culture-élevage. Le mode de faire-valoir prédominant est le fermage, mais la moitié des terres est propriété paysanne. Cependant, l’évolution est sensible : la taille des exploitations augmente, des élevages industriels se créent, on introduit le maïs ou la stabulation libre dans quelques entreprises de l’Avesnois.


L’industrie

Elle a des éléments de puissance enviables. Elle emploie plus d’un demi-million de personnes. La Région a produit longtemps plus de la moitié du charbon français ; en 1950, elle assurait le tiers de la consommation énergétique nationale. Si le charbon doit disparaître, le gaz de Groningue, les raffineries, les autres gaz, la conversion ou la construction de nouvelles centrales électriques ne devraient pas poser avec acuité le problème du ravitaillement en énergie. Le Nord-Pas-de-Calais est le premier centre textile de l’Europe du Nord-Ouest : il emploie le tiers des salariés français de cette branche ; il travaille le tiers du coton français, la moitié du jute, détient un quasi-monopole pour le peignage et la filature de la laine. Il assure la moitié de la transformation des fibres chimiques, fournit 14 p. 100 de la bonneterie, plus de la moitié des tissus d’habillement, 80 p. 100 des tapis. La majeure partie de cette branche se localise à Lille-Roubaix-Tourcoing et Armentières, mais de nombreux autres centres sont disséminés dans la région, notamment à Calais (dentelles), Caudry, Fourmies.

La houille et le textile font oublier la diversité des autres industries. La houille a attiré la sidérurgie, principalement à Denain-Valenciennes. La Région produit 7,6 Mt d’acier, le tiers de la production française, et cette part est appelée encore à augmenter. Désormais, tout le minerai de fer est importé par les ports ainsi qu’une part de plus en plus importante des charbons à coke. La Région produit aussi tout le plomb français et 60 p. 100 du zinc. Les industries métallurgiques suivent : tubes, fonderie, moteurs Diesel, la moitié du matériel ferroviaire, etc. Depuis 1970, l’aviation et l’automobile s’installent. La chimie est d’abord représentée par la carbochimie du bassin houiller. À Mazingarbe, Drocourt, etc., on fabrique engrais, matières plastiques, enduits. En liaison avec la houille et les besoins des industries, notamment le textile, la chimie minérale fournit des acides et du chlore. De même, on produit savons et peintures. Les industries alimentaires occupent 10 p. 100 des actifs français de la branche, fabriquant le tiers du chocolat et des huiles alimentaires, le quart du sucre et de la bière, le cinquième des conserves de légumes. On peut encore ajouter 15 p. 100 du papier, 25 p. 100 des cartons, 15 p. 100 des ciments, la moitié du verre plat.

La part de l’industrie (51,5 p. 100 des actifs) est forte par rapport au tertiaire. Si les industries lourdes sont bien représentées, la Région manque d’industries à taux de croissance élevé. Trois grands sujets sont au centre des préoccupations : la situation du textile, la conversion du bassin houiller et le développement du littoral.