Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nimitz (Chester William)

Amiral américain (Fredericksburg, Texas, 1885 - Yerba Buena, île de la baie de San Francisco, 1966).


Sa famille, d’origine allemande, avait émigré après 1848 au Texas, où son grand-père avait été l’un des fondateurs de la communauté germano-américaine de Fredericksburg. Dès l’âge de vingt ans, le jeune Chester Nimitz entre à l’école navale d’Annapolis et est nommé officier en 1907. Après avoir servi dans le Pacifique, il se spécialise dans les sous-marins, commande en 1912 la flottille des sous-marins de l’Atlantique et est affecté ensuite aux chantiers navals de New York City. En août 1917, quelques mois après l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, il est nommé chef d’état-major de l’amiral Robinson, commandant la force sous-marine américaine dans l’Atlantique. À la fin de la guerre, il passe quelque temps au ministère de la Marine, puis est mis en 1920 à la tête de la base de sous-marins de Pearl Harbor. En 1926, il est détaché comme professeur à l’université de Californie, où il crée un centre d’instruction pour les officiers de réserve de la marine. Promu capitaine de vaisseau en 1927, il commandera successivement une flottille de sous-marins (1929), le cuirassé Augusta (1933), puis, après sa nomination de contre-amiral en 1938, la 1re division de cuirassés. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, il dirige le bureau de la navigation à l’état-major de la Marine.

Le 17 décembre 1941, au lendemain du désastre naval de Pearl Harbor, qui déclenche l’entrée des États-Unis dans le conflit, le président Roosevelt lui confie le commandement en chef de la flotte du Pacifique, qu’il conserve jusqu’en 1945. C’est à ce poste qu’aux côtés de MacArthur* Nimitz va donner toute la mesure de son énergie et de son sens stratégique, qui font de lui le grand vainqueur de la flotte japonaise. Les premiers mois de son commandement sont marqués par l’avance foudroyante des forces nippones dans le Pacifique, et le grand mérite de Nimitz sera de bloquer cette progression par deux grandes victoires. Celle de la mer de Corail, en mai 1942, sauve l’Australie ; un mois plus tard, celle des îles Midway, où Nimitz détruit quatre porte-avions d’une force navale japonaise commandée en personne par l’amiral Yamamoto*, rétablit la situation dans le Pacifique Nord. C’est ensuite la longue bataille pour Guadalcanal, dont la flotte du Pacifique assure le soutien naval d’août à novembre 1942 au cours d’engagements très sévères. Mais, si cette victoire achève de détruire la légende de l’invincibilité japonaise, Nimitz estime que « Pearl Harbor ne sera complètement vengé qu’une fois anéantie la puissance navale du Japon ». C’est à cette mission qu’il va se consacrer au cours des années 1943 et 1944, durant lesquelles la flotte du Pacifique sera considérablement renforcée, notamment en porte-avions. Épaulant MacArthur sur son flanc nord-est dans le Pacifique central, les forces aéronavales de Nimitz, qui dispose en outre de neuf divisions de marines, se portent successivement sur les îles Gilbert (nov. 1943), les Marshall (janv. 1944), l’île de Wake, les Mariannes et Palaos (mai-sept. 1944). Installant ensuite à Guam son poste de commandement, Nimitz entame la conquête des avancées de l’empire nippon et livre les deux grandes batailles d’Iwo Jima (févr. 1945) et d’Okinawa (avr. 1945), où les navires américains subissent la dure expérience des attaques menées par les kamikazes, les fameux avions-suicides japonais. Le 2 septembre 1945, en rade de Tōkyō, après MacArthur, commandant suprême des forces alliées, Nimitz promu amiral de la flotte en décembre 1944, signe au nom des États-Unis l’acte de capitulation du Japon. Chef d’état-major de la marine américaine à la fin de 1945, il prend sa retraite deux ans plus tard. Il milite alors pour l’organisation de la paix par les Nations unies : c’est en leur nom qu’il accomplit sa dernière mission officielle en préparant le plébiscite organisé au Cachemire en 1949.

P.-A. V.

➙ Guerre mondiale (Seconde).

Ninive

Du sémitique Ninoua, v. du Tigre moyen, capit. de l’Assyrie au viie s. av. J.-C.


Située sur la rive gauche du fleuve, elle se compose essentiellement de deux tells (Koyoundjik ou Qouyounjiq, le plus grand, et Nebi Younous), séparés par un affluent du Tigre, le Khoser.


Les fouilles

Grâce à la Bible, qui fait de Ninive, dans le Livre de Jonas, la « grande ville » par excellence, ni le souvenir de cette ville ni la connaissance de l’emplacement de ses ruines ne se sont jamais perdus.

Pour cette raison, Ninive fut le premier site fouillé en Mésopotamie, du moins au tell de Koyoundjik, car celui de Nebi Younous (« Tombeau de Jonas »), protégé par un village et surtout par la mosquée qui rappelle le souvenir du prophète Jonas, a été à peine effleuré (1849, 1850, 1852, 1954). Le Français P. E. Botta consacre à Koyoundjik quelques semaines (1842-43), sans grand succès. Au contraire, l’Anglais A. H. Layard, de 1845 à 1851, y trouve le palais de Sin-ahê-érîba, le Sennachérib de la Bible, et une partie de la « bibliothèque » (collection de tablettes inscrites en cunéiforme) d’Assourbanipal, qui était déposée dans cet édifice. De 1852 à 1854, son collaborateur et successeur, l’Irakien O. Rassam, élimine du site les fouilleurs français et découvre, outre un nouveau lot des tablettes de la « bibliothèque », le palais d’Assourbanipal, d’où il tire les fameux reliefs des chasses royales.

Si les fouilles s’interrompent après la mission de l’Anglais W. Kennet Loftus (1854-55), l’étude des tablettes de la collection d’Assourbanipal, qui révèlent une civilisation jusque-là inconnue et recoupent les données de la Bible, passionne les érudits. C’est ainsi que l’Anglais George Smith va fouiller le grand tell de Ninive (1873-74) dans l’espoir de compléter la tablette qui parlait du Déluge, et que Rassam, toujours au service de l’Angleterre, revient sur ce site (1878-1882) pour y découvrir de nouveaux textes. Ce sera encore le but essentiel des Britanniques E. Wallis Budge (1888-89), L. W. King et R. Campbell Thompson (1903-1905), ces derniers mettant la main sur le dépôt du temple de Nabou (le dieu des scribes). On arrive ainsi au total de 24 000 tablettes, qui ont pris le chemin du British Museum.

Finalement, de 1927 à 1932, la mission anglaise de R. Campbell Thompson, R. A. Hutchinson, R. W. Hamilton et M. E. L. Mallowan procède à une fouille étendue de Koyoundjik, couronnée par un sondage qui atteint le sol vierge à une profondeur de 27,50 m.