Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Niger (suite)

Les Haoussas s’éparpillèrent un peu partout à partir du viie s., avec leur langue comme ciment. Mais le bloc haoussa se réalisa sous la triple poussée des Touaregs, qui les chassèrent de l’Aïr, des Kanouris, qui les refoulèrent à l’ouest du Tchad, et de l’empire du Mali par l’intermédiaire de Gao. Leurs grandes cités commerçantes, Kano et Katsina, très vite libérées du joug songhaï, furent avec leur artisanat et leur commerce (tissus fabriqués sur place, sel, produits manufacturés venant du nord, kolas et esclaves en provenance du sud) les points de rassemblement d’une population rurale à l’agriculture florissante.

Leur existence fut compromise au xixe s. par la guerre sainte menée par les Peuls sous la conduite d’Ousmane dan Fodio (v. 1754-1817), né dans une famille originaire du Fouta-Toro (Sénégal), qui établit son empire sur Sokoto. Son fils, Mohammed Bello, qui devait régner de 1817 à 1857, poursuivit son œuvre et étendit sa domination sur tout le nord du Nigeria, le Gobir (ou Gober), le Maradi, etc. (V. Nigeria.)

Plus au nord, l’Azawak fut le théâtre de guerres continuelles entre tribus. L’Aïr, primitivement occupé par des Noirs, connut du viie au xie s. l’infiltration des Lemtas blancs. Les Issandalams s’installèrent au xiiie s., les Kel Gress aux xiiie s. et xive s., les Kel Owey aux xiv et xve s. La juxtaposition des nomades touaregs et des sédentaires noirs fut la source de conflits perpétuels.

Le Damergou, initialement peuplé de Haoussas, subit au xive s. les premières poussées des Touaregs. Mais les familles du Manga, du Mounio et du Damaragam, que l’insécurité grandissante empêchait de cultiver leurs terres, émigrèrent vers le nord et vinrent s’y mettre sous la protection des Touaregs.

À l’extrême fin du xixe s., la progression française du Niger vers le Tchad s’opéra dans un pays très morcelé et dont les possibilités de résistance étaient de ce fait affaiblies. Dès 1897, les militaires créaient des postes sur le Niger, et, en 1898, une colonne montant du Dahomey établissait ceux de Kirtachi et Dosso. La mission Voulet-Chanoise partit de Sansanné-Haoussa au début de 1899. Ses exactions furent telles que la colonne Klobb se lança à sa poursuite (drame de Dankori, 15 juill.). Sous la conduite de Joalland, elle atteignit le Tchad en avril 1900. La soumission des Touaregs s’opéra jusqu’en 1906 ; la pacification fut en fait très longue, et la révolte reprit pendant la Première Guerre mondiale à l’appel des Senousis, menée par Firhoun, l’aménokal des Oullimindens de l’Ouest ; il fut vaincu à Andéramboukane, le 9 mai 1916.

En 1900, le Niger prit en gros sa configuration actuelle sous la dénomination de « IIIe Territoire militaire », avec Zinder pour chef-lieu (transféré de 1903 à 1911 à Niamey). Il fut un certain temps intégré avec le Soudan français et la Haute-Volta dans la colonie du Haut-Sénégal-Niger. À partir de 1911, le territoire militaire du Niger releva directement du gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française. Il s’appela en 1921 « territoire du Niger », puis en 1922 « colonie du Niger », et ce n’est qu’en 1926 que Niamey redevint capitale.

En 1946, le Niger eut son assemblée territoriale ; il envoyait deux députés et deux sénateurs au Parlement français. À la suite de la loi-cadre du 23 juin 1956, le parti sawaba, dirigé par Djibo Bakari, fut porté au pouvoir. Le Niger approuva la Constitution française de 1958 créant la Communauté lors du référendum du 28 septembre 1958 par 80 p. 100 des votes et devint république le 18 décembre. Aux élections législatives de la même année, le triomphe du Rassemblement démocratique africain (R. D. A.) fut général. D’abord membre de la Communauté, le Niger devint totalement indépendant le 3 août 1960 et, le 9 novembre de la même année, le leader du R. D.A., Hamani Diori (né en 1916), fut élu président de la République ; il fut réélu le 30 septembre 1965 et le 1er octobre 1970. Mais, le 15 avril 1974, son régime, qualifié par ses adversaires d’« oligarchie », fut renversé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché (né en 1931), que la situation économique catastrophique créée par la sécheresse semble avoir incité à agir.

P. B.

➙ Afrique noire / Bornou / Empire colonial français / Haoussas / Mali / Peuls / Songhaïs / Touaregs.

 J. Rouch, Contribution à l’histoire des Songhay (I. F. A. N., 1953). / République du Nigeria Documentation française, « Notes et études documentaires », 1960). / B. Hama, Histoire traditionnelle d’un peuple, les Zarma-Songhay (Présence africaine, 1967) ; Recherches sur l’histoire des Touareg sahariens et soudanais (Présence africaine, 1967). / M. Crowder, West Africa under Colonial Rule (Londres, 1968). / Le Marché nigérien, numéro spécial de Marchés tropicaux et méditerranéens (1970). / P. Donaint et F. Lancrenon, le Niger (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).

Nigeria

État d’Afrique occidentale ; 924 000 km2. Capit. Lagos.


Géographie

Par l’importance numérique de sa population, le Nigeria est le géant de l’Afrique : en 1973, les chiffres officiels lui accordaient 80 millions d’habitants (Nigérians), soit plus que tous les autres États de l’Afrique de l’Ouest réunis. Mais ce pays hétérogène, tout entier situé en dehors de la zone désertique et auquel la nature n’a pas mesuré ses dons, est un colosse aux pieds d’argile. Arbitrairement découpé par les Britanniques, il est le champ clos de tensions ethniques qui ont mené à la guerre civile et sont la clé de l’explication régionale. Pourtant, cet État est riche de potentialités qui doivent lui permettre d’accéder à un niveau supérieur de développement et d’occuper la place qui lui revient en Afrique noire.


Une diversité latitudinale

L’extension du Nigeria sur 10 degrés de latitude détermine une zonation climatobiologique et humaine qui peut s’exprimer sans perturbations majeures à cause de l’insignifiance des contrastes topographiques.