Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arabie Saoudite (suite)

Une seconde enclave de modernisation s’est ainsi constituée dans le Ḥasā autour de l’exploitation pétrolière, faisant équilibre au pôle d’attraction traditionnel du Hedjaz et des villes du pèlerinage. Le chemin de fer de Dammām à Riyāḍ, qui relie la capitale au golfe Persique, en est la marque. Mais les effectifs humains directement affectés sont au total assez faibles. Les répercussions sur l’industrialisation ont été jusqu’ici négligeables. La capacité de raffinage n’atteint encore que 20,6 Mt, et le développement envisagé de la pétrochimie n’est encore qu’à ses premières amorces.

Le pétrole, ainsi, compte surtout dans le développement du pays par les ressources financières énormes qu’il apporte. Mais la majeure partie de celles-ci est actuellement drainée vers la classe dirigeante des cités, dont les investissements, rarement productifs, sont tournés surtout vers la construction.

X. P.


L’Arabie Saoudite depuis la mort de ‘Abd al-‘Azīz III ibn Sa‘ūd (1953)

À la mort d’ibn Sa‘ūd (1953), l’Arabie Saoudite n’est plus une poussière de tribus, mais une nation où se côtoient deux forces apparemment contradictoires : le wahhābisme, qui rattache le pays au passé, et l’ARAMCO, qui, par la transformation des structures économiques et sociales, le force à s’ouvrir au monde moderne.

Sa‘ūd ibn ‘Abd al-‘Azīz (Koweït 1902 - Athènes 1969), qui succède à son père (1953-1964), pratique à l’intérieur une politique conservatrice conforme au rigorisme wahhābite. Le gaspillage et les dépenses excessives provoquent une crise économique et financière. À l’extérieur, après avoir poursuivi la politique amicale de son père avec l’Égypte, il s’en éloigne pour se rapprocher de la Jordanie.

Pour résoudre ces crises, Sa‘ūd recourt à son frère Fayṣal ibn ‘Abd al-‘Azīz (Riyāḍ 1905 - id. 1975), à qui, en 1958, il cède la réalité du pouvoir. Mais la politique de déflation et d’austérité de Fayṣal mécontente la bourgeoisie arabe ; en 1960, Fayṣal est renvoyé. Quand la révolution éclate au Yémen, en 1962, Sa‘ūd, en conflit avec Nasser, rappelle son frère. Fayṣal rompt alors avec Le Caire et soutient le souverain yéménite contre les républicains, aidés par la R. A. U.

Ayant obtenu les pleins pouvoirs en mars 1964, Fayṣal parvient à faire déposer Sa‘ūd le 2 novembre suivant et à monter sur le trône. Il décide alors de regrouper autour de lui les forces conservatrices de l’islām, encore que son traditionalisme, soutenu de l’intérieur par le wahhābisme, ne l’empêche pas de pratiquer des réformes économiques et sociales telles que l’abolition de l’esclavage.

S’étant rapproché des Anglo-Saxons, qui lui fournissent des armes, Fayṣal, tout en restant fidèle à la solidarité arabe, pratique une politique de non-engagement, notamment au cours de la troisième guerre israélo-arabe (juin 1967). Lors de la conférence de Khartoum (août-sept. 1967), il signe avec Nasser un accord qui prévoit la cessation de leur intervention réciproque au Yémen. Depuis la mort de Nasser (1970), l’Arabie Saoudite s’est efforcée de concurrencer l’Égypte comme leader du monde arabe, mais elle ne s’est engagée que verbalement lors de la quatrième guerre israélo-arabe (1973).

En mars 1975, Fayṣal est assassiné. Le prince Khālid lui succède et annonce la désignation d’une assemblée consultative. Par ailleurs, il cherche à faire échec à l’influence grandissante de l’Iran dans la région. Il s’oppose notamment à l’intervention de l’armée iranienne en Oman contre les maquisards du Ẓufār et reconnaît en 1976 le régime, pourtant inconciliable avec le sien, de la République populaire et démocratique du Yémen, alliée de ces derniers.

P. P.

➙ ‘Abd al-‘Azīz III ibn Sa‘ūd / Arabes / Arabie / Palestine / Wahhābites.

 K. S. Twitchell, Saudi Arabia (Princeton, 1958). / D. E. Totten, Erdöl in Sa’udi-Arabien (Heidelberg, 1959). / F. J. Tomiche, l’Arabie Séoudite (P. U. F., coll. « Que sais je ? », 1962 ; 2e éd., 1969). / H. Dequin, Die Landwirtschaft Saudi-Arabiens und ihre Entwicklungsmöglichkeiten (Francfort-sur-le-Main, 1963). / G. Soulié et L. Champenois, le Royaume d’Arabie Saoudite face à l’Islam révolutionnaire, 1953-1964 (A. Colin, 1966). / P. Lyautey, l’Arabie Saoudite (Julliard, 1967).

Aracées

Famille de plantes (classe des Monocotylédones, ordre des Arales, ou Spadiciflores ; 100 genres, 1 500 espèces) voisine de celle des Lemnacées, surtout caractérisée par son inflorescence comprenant une grande bractée (spathe), de couleur plus ou moins vive suivant les espèces, entourant un axe central, charnu, non ramifié (spadice), sur lequel les fleurs sont rassemblées en épi.


Plantes vivaces à souche tubéreuse ou rhizomateuse, les Aracées sont le plus souvent herbacées ; mais leur port est extrêmement varié, puisque l’on trouve aussi bien des petites plantes (Anthurium, Arum) que des lianes (Philodendron, Monstera), et même certaines espèces qui ont un semblant de tronc (Colocasia). Cette famille vit ordinairement dans des endroits humides, voire dans les milieux marécageux ou aquatiques des régions tropicales des deux mondes ; mais elle est aussi représentée en France par une dizaine d’espèces groupées en cinq genres, dont le plus important est l’Arum. La biologie florale du genre Arum est particulièrement curieuse. En effet, Garreau a pu constater une élévation de température de 8 °C de l’air intérieur de la spathe par rapport à l’extérieur, à la suite de l’échauffement des organes sexuels lors de leur maturation. Cette élévation de température est liée à une grande absorption d’oxygène. D’autre part, la disposition des fleurs en anneaux concentriques s’étageant sur la partie inférieure du spadice (de bas en haut : fleurs femelles fertiles, fleurs femelles stériles, fleurs mâles fertiles et enfin fleurs mâles atrophiées, ces dernières disposées au niveau de l’étranglement de la spathe) fait que les Insectes qui effectuent la pollinisation croisée sont momentanément pris au piège. En effet, les fleurs mâles stériles permettent le passage jusqu’aux fleurs femelles inférieures, qui seront sexuellement prêtes avant les fleurs mâles ; mais elles interdisent la sortie, du moins jusqu’à ce que les fleurs femelles soient fécondées, car les fleurs mâles, alors mûres, se flétrissent, redonnant liberté aux visiteurs ; lors de cette sortie, ces derniers se rechargent en pollen et peuvent ainsi assurer une nouvelle fécondation croisée.