Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nicaragua (suite)

La pauvreté des sols et l’hostilité de la population indienne ont longtemps freiné le développement agricole. La culture du café est pratiquée par des migrants venus de l’ouest et par la population indienne locale sur de petites exploitations (départements de Matagalpa et Jinotega). Sa production en rapide accroissement représente aujourd’hui la moitié de la production nationale. L’élevage, deuxième ressource de la région, a été, depuis l’époque coloniale, le facteur de pénétration de ces montagnes et des vallées plus à l’est (río Grande).


La région occidentale

Malgré l’importance récente prise par les montagnes centrales, la région pacifique est toujours le vrai centre du pays, tant par sa population et ses villes que par son importance économique.

Les éléments du relief y ont une orientation N.-O. - S.-E. Le sud de la dépression est occupé par les lacs Nicaragua et Managua ; seules d’étroites plaines les entourent, la plus grande étendue plate se trouvant au nord-ouest de la dépression. Un axe de volcans, qui comptent parmi les plus actifs d’Amérique centrale, occupe le centre du fossé depuis le golfe de Fonseca jusqu’à la rive sud du lac Nicaragua. La sierra de Diriamba sépare la dépression du littoral pacifique ; elle est recouverte par de riches cendres volcaniques apportées par les alizés. Les sols volcaniques fertiles et les pluies abondantes (1 000 à 1 500 mm de mai à octobre) ont attiré la population, tant dans la dépression que sur les montagnes adjacentes.

L’économie agricole, fondée jusqu’à la moitié du xixe s. sur l’élevage dans de grandes haciendas, s’est orientée vers la culture du café, auquel s’est récemment ajouté le coton. L’élevage est resté important sur les pentes à l’est du lac Nicaragua. Le café est cultivé dans la sierra de Diriamba dans des exploitations de plus de 100 ha ; depuis que cette culture s’est étendue aux montagnes centrales, la production de la région représente moins de la moitié de la production nationale. Au nord-ouest, les sols noirs volcaniques ont favorisé la culture du coton (Chinandega, León) ; il en est de même dans la région de Managua. La culture se fait dans de grandes exploitations mécanisées ; le coton est exporté vers le Japon et l’Europe occidentale.

Dans ce domaine de grandes propriétés foncières, les haciendas occupent les meilleures terres. Les ouvriers agricoles (mozos), groupés en villages près de l’hacienda où ils travaillent, pratiquent des cultures vivrières (maïs, haricot, courge) sur des lopins loués.

Les principales villes du pays sont concentrées dans cette zone : León, Granada et la capitale, Managua. Celle-ci, qui comptait 260 000 habitants en 1965, a eu un taux de croissance supérieur à la moyenne nationale, concentrant en effet l’essentiel des services et des industries embryonnaires du pays (textiles et alimentation). Elle a été pratiquement détruite par un tremblement de terre en décembre 1972.

Le réseau de communications est localisé, en majeure partie, dans la partie occidentale du pays. La voie ferrée fut construite à la fin du xixe s. pour transporter le café vers les ports de la côte pacifique. Le réseau routier s’est constitué depuis moins de vingt ans : axe longitudinal de la dépression, route panaméricaine et voie de pénétration vers l’est.


Les relations extérieures

Le commerce extérieur tient un rôle important : le coton (40 p. 100 de la valeur des ventes), le café (15 p. 100), la viande, les minéraux (or, cuivre, argent) sont exportés vers les États-Unis, l’Europe, le Japon. Les produits industriels nord-américains représentent la majeure partie des importations. La création du marché commun centre-américain a favorisé le développement de la part de l’industrie nationale dans les exportations. Le Nicaragua exporte vers ses partenaires des produits manufacturés textiles et alimentaires. Toutefois, les échanges avec les pays voisins ne représentent pas le quart du commerce extérieur total. Celui-ci est régulièrement déficitaire. Le taux de couverture des importations oscille généralement entre 70 et 80 p. 100.

R. P.


L’histoire

À l’époque coloniale, le Nicaragua appartient à la capitainerie générale du Guatemala, région d’élevage extensif médiocre, peuplée de métis et de mulâtres. Epargnée par les guerres d’indépendance de l’Amérique hispanique, cette région devient république indépendante après la disparition des Provinces-Unies de l’Amérique centrale en 1837-38.


Le xixe siècle

Aussitôt, le Nicaragua est l’objet des convoitises rivales des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Avant l’indépendance déjà, l’Angleterre s’est intéressée à la côte des Mosquitos, qui va du cap Honduras au fleuve San Juan ; elle travaille ensuite à ruiner l’unité centre-américaine et donne une fiction de monarchie aux Indiens Mosquitos pour tenir ainsi la côte atlantique du Honduras et du Nicaragua. En 1841 et 1848, les Anglais occupent San Juan (Greytown), et seule l’opposition des États-Unis les empêche d’annexer ce territoire à la Couronne.

Les États-Unis s’intéressent à la position stratégique du Nicaragua sur la route de l’isthme, si bien que les deux impérialismes concurrents préfèrent tomber d’accord et conclure le traité Clayton-Bulwer en 1850. Les deux pays renoncent à monopoliser le futur canal interocéanique et à toute conquête territoriale dans la région.

C’est alors que l’aventurier américain William Walker (1824-1860), à la tête d’une armée internationale financée par Cornelius Vanderbilt, le patron de la navigation sur le fleuve San Juan, entreprend de se tailler un petit empire en Amérique centrale. Avec sa « phalange américaine », il devient le maître du Nicaragua en 1855, rétablit l’esclavage et exproprie Vanderbilt, avant de passer à la conquête du Costa Rica. Tant d’appétits provoquent la coalition de l’Angleterre, du Salvador, du Costa Rica et du Guatemala. Vanderbilt finance et arme les ennemis de Walker, qui est battu en 1857.