Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nelson (Horatio Nelson, vicomte) (suite)

L’amiral victorieux

Choisi par l’amirauté pour commander les forces navales de Méditerranée, il ne parvient pas à empêcher la flotte française de Bonaparte de gagner l’Égypte. Du moins, le 1er août 1798, il réussit à couler l’escadre de l’amiral Brueys (1753-1798), détruisant la quasi-totalité des bâtiments français surpris au mouillage en rade d’Aboukir. Élevé à la pairie pour ce haut fait, il prend en main la défense du royaume de Naples, où il pousse la reine Marie-Caroline à une répression sanglante contre les partisans des Français (juin-juill. 1799), ce qui lui vaut le titre de duc de Brontë. De retour en Angleterre (nov. 1800), il est accueilli par une foule enthousiaste, puis, comme vice-amiral sous les ordres de l’amiral sir Hyde Parker (1739-1807), concourt au bombardement de Copenhague (avr. 1801) afin de briser la ligue des Neutres. Après la rupture de la paix d’Amiens, appelé une nouvelle fois au commandement de la flotte méditerranéenne (mai 1803), il poursuit Villeneuve (1763-1806) aux Antilles (printemps 1805), contraint l’amiral français à revenir en hâte vers l’Espagne et le bloque à Cadix sous la garde de Cuthbert baron Collingwood (1750-1810). Les reproches de Napoléon obligent Villeneuve à sortir du port espagnol : le 21 octobre, Nelson l’attaque au large du cap de Trafalgar et lui inflige une terrible défaite (dix-huit vaisseaux espagnols sur trente-trois seront coulés). Mais, peu avant la fin du combat, Nelson, qui commande le Victory, est mortellement frappé par une balle de mousquet.

De stature médiocre, le visage maigre, les épaules étroites, Nelson fut un homme extrêmement sensible, voire susceptible, impétueux, souvent impatient, vaniteux, mais désintéressé, qui unit les plus hautes qualités de chef à une énergie indomptable. Marin sans égal par l’audace de ses initiatives, par son courage personnel et son esprit d’offensive, il mit au point une tactique qui fit ses preuves : concentrant ses feux sur les points faibles de l’adversaire, il réussissait à le diviser, grâce à la rapidité d’exécution de ses plans, afin de l’anéantir. Il est pour l’Angleterre le héros national par excellence.

A. M.-B.

 G. A. Edinger et E. J. C. Neep, Nelson (New York, 1931 ; trad. fr., Payot, 1932). / A. Gervais, Un grand ennemi : Nelson (la Renaissance du livre, 1932). / C. Oman, Nelson (Londres, 1947). / M. Bourdet-Pléville, Tel fut Nelson (Fasquelle, 1953). / R. Southey, Life of Nelson (Londres, 1953). / O. Warner, Lord Nelson : A Guide to Reading (Londres, 1955) ; A Portrait of Lord Nelson (Londres, 1958).

Némathelminthes

Embranchement du règne animal comprenant des Vers parasites (Ascaris, Oxyure, Trichocéphale, Filaires) et des vers libres, terrestres ou aquatiques. On le subdivise en deux classes d’inégale importance : les Nématodes, les plus nombreux, et les Nématomorphes, ou Gordiens.



Caractères généraux des Nématodes

Communément appelés « vers ronds », les Nématodes ont le corps allongé, effilé aux extrémités et de section circulaire, sans appendices ni segmentation. L’organisation reste d’une uniformité remarquable dans tout le groupe. Le tégument est formé d’un épithélium recouvert d’une cuticule assez consistante où l’on décèle diverses protéines (kératine, gluco-protéines, etc.). La tête porte la bouche terminale, qu’entourent trois ou six lèvres ; des dents ou des crochets rigides l’accompagnent souvent ; les yeux manquent, sauf chez quelques espèces aquatiques.

Sous le tégument s’étendent quatre champs musculaires formés de cellules contractiles peu différenciées. Dans l’axe du corps, le tube digestif rectiligne montre un œsophage court suivi de l’intestin qui aboutit à un anus subterminal ; aucune glande digestive n’apparaît. Un parenchyme riche en eau, le pseudocœle, occupe l’espace compris entre la paroi musculaire et le tube digestif. Il n’y a ni appareil respiratoire ni appareil circulatoire ; le système nerveux se réduit à un anneau périœsophagien et à quelques nerfs. L’appareil excréteur n’est constitué que d’une ou de deux cellules géantes, souvent disposées en H et s’ouvrant par un pore ventral.

C’est une caractéristique générale des tissus des Nématodes de n’être formés que par un nombre restreint de cellules qui s’individualisent précocement et atteignent des dimensions exceptionnelles : on cite le cas des Oxyures, qui ont 65 cellules musculaires, dont la taille passe de 30 à 6 000 microns au cours de la croissance.

Les sexes sont séparés, sauf chez quelques espèces (Rhabditis). L’appareil génital se loge dans le pseudocœle ; les gonades, longues et fines, se replient sur elles-mêmes ; le mâle a un testicule, et le canal éjaculateur, muni de deux spicules copulateurs, se termine dans le rectum ; la femelle porte deux ovaires, deux oviductes et deux utérus, qui confluent en un vagin s’ouvrant par un pore ventral antérieur.

La fécondation est interne ; au cours de l’accouplement, les spermatozoïdes, dépourvus de flagelle, sont introduits dans le vagin et fécondent les ovules dans l’utérus. Le nombre d’œufs pondus est considérable, surtout chez les parasites : une femelle d’Ascaris produit 64 millions d’œufs par an. Le développement embryonnaire commence souvent dans les voies génitales de la femelle, et l’œuf émis peut contenir une larve prête à éclore. Les Nématodes offrent un exemple classique de développement où la destinée des blastomères est très précocement déterminée ; dès 1892, Theodor Boveri montrait chez Ascaris que la lignée germinale pouvait être reconnue dans les blastomères à partir du stade 2.

Le développement postembryonnaire comporte, chez tous les Nématodes, cinq stades larvaires, séparés par quatre mues ; la souplesse du tégument permet à la croissance de se poursuivre après la dernière mue. Le pouvoir de régénération est nul, car les cellules perdent très tôt la possibilité de se multiplier ; pour la même raison, on ne connaît aucun cas de multiplication asexuée.

Les particularités cytologiques des Nématodes ont fait l’objet de nombreuses études. Mentionnons celles qui furent menées sur les chromosomes d’Ascaris megalocephala, favorisées par le faible nombre de ces organites (2n = 4 dans la race bivalens, 2n = 2 dans la race univalens).