Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nazca (Paracas et) (suite)

Comme la plupart des cultures précolombiennes du Pérou, Nazca se distingue surtout par le style de sa céramique. En effet, les formes de vie économique ne sont guère différentes de celles d’autres cultures contemporaines du littoral, telle la culture Mochica*, fondées sur l’agriculture intensive de terres irriguées. Il n’y a pas eu de grands changements depuis l’époque Paracas ; tout au plus la liste des plantes cultivées s’est-elle enrichie d’un apport venu des hautes terres andines : la pomme de terre ; et les systèmes d’irrigation, plus amples, permettent de mieux contrôler le débit des rivières, augmentant ainsi la surface cultivable nécessaire pour nourrir une population sans cesse croissante. Les traditions funéraires des Nazcas sont proches de celles des Paracas : les momies accroupies, enveloppées de vêtements, sont déposées dans des chambres circulaires dans lesquelles on pénètre par un puits.

Dans l’art de la poterie, de nouvelles formes et de nouveaux décors sont apparus, et le style Nazca représente l’aboutissement d’une évolution technique commencée dès la fin de la période Paracas. La céramique nazca, une des plus belles du Pérou précolombien, est mince, très bien cuite, et la seule à posséder une telle variété de coloris (ocre jaune, rouge brique, violet, gris, blanc et noir). Tandis que, à la même époque, les Mochicas du Nord modèlent l’argile en véritables sculpteurs, les Nazcas, sur des formes simples modelées à la main, dessinent un monde grouillant d’animaux, de plantes et de démons. Cependant, les motifs, compliqués et très stylisés, ne nous dépeignent pas aussi fidèlement la société que les vases mochicas. Les représentations de la vie quotidienne sont rares, et le bestiaire fabuleux nous renseigne surtout sur la religion. Des divinités mi-humaines, mi-animales, qui ressemblent souvent de très près à celles des mantos de Paracas, sont associées à la végétation et à l’eau, symbole de fertilité. Une des figures principales de ce panthéon est une sorte de mille-pattes à tête de félin. La chasse et le culte des têtes humaines sont pratiqués, et les têtes-trophées, dont on a retrouvé de nombreux exemplaires réels dans les tombes, ornent de très nombreux vases : les yeux fermés, la bouche cousue au moyen de longues épines de cactus, les cheveux coupés à l’exception d’une longue natte, elles pendent à la ceinture des guerriers ou des démons.

Les Nazcas furent également de très habiles tisserands, et les tissus de Nazca, par ailleurs bien conservés par la grande sécheresse du désert du Sud, sont parmi les plus beaux de Pérou, sans toutefois atteindre la perfection et la richesse des tissus de Paracas.

La culture de Nazca dura environ huit cents ans. Au cours de cette longue période, l’art de la céramique évolua beaucoup, et l’on distingue actuellement neuf types, correspondant très probablement à des phases chronologiques. Les vases de formes très simples et portant des motifs encore réalistes, peints sur un fond brun ou blanc brillant, sont considérés comme les plus anciens. Par la suite, les motifs deviennent plus abstraits, reflétant une influence étrangère, probablement venue d’Ayacucho (Andes centrales). Quant aux décors les plus élaborés, et les moins identifiables, ils appartiendraient à la phase ultime de la culture de Nazca ; les formes se sont diversifiées, et si la forme prédominante reste le vase globulaire surmonté de deux fins goulots coniques unis par un pont plat, quelques pièces modelées en forme d’animaux ou de personnages apparaissent.

À la fin de la période, vers le viiie s. de notre ère, comme cela se passe chez les Mochicas du Nord, l’art de la céramique décline et pour les mêmes raisons : toute la côte du Pérou est soumise alors à la pression de plus en plus forte d’une culture venue de Huari. Les Nazcas sont bientôt complètement submergés, et leur art original disparaît.

On ne saurait clore un article sur la culture de Nazca sans évoquer les mystérieux tracés qui se trouvent dans les pampas aux environs des villes actuelles de Nazca et Palpa. Ils ont été établis en grattant la couche de terre brune superficielle, pour laisser apparaître le sous-sol de sable jaunâtre, et en entassant sur les bords la terre et les pierres enlevées. Le désert est ainsi griffé d’une multitude de lignes droites, de figures géométriques et de dessins réalistes d’animaux (araignée, singe, poisson). Bien que certains motifs rappellent les figures qui ornent la céramique, on ne peut affirmer qu’ils furent l’œuvre des Nazcas. La longueur des groupes de lignes varie entre 500 m et 8 km, et ils ne sont clairement visibles que d’avion ; ce fait a donné lieu aux hypothèses les plus fantaisistes, où interviennent bien entendu les extra-terrestres. La raison d’être de ces dessins reste en effet assez mystérieuse, mais l’hypothèse la plus valable, formulée par l’archéologue allemande Maria Reiche, est qu’il s’agirait d’éléments d’observation astronomique pour l’établissement d’un calendrier : les lignes droites marqueraient les positions successives de la première apparition d’un astre au-dessus de l’horizon. Cependant, cela n’explique ni les courbes et zigzags, ni les tracés zoomorphes.

D. L.

➙ Amérique précolombienne.

 G. H. S. Bushnell, Peru (Londres, 1956 ; trad. fr. le Pérou, Arthaud, 1958). / J. C. Tello, Paracas (Lima, 1959 ; 2 vol.). / D. Menzel, J. H. Rowe et L. E. Dawson, The Paracas Pottery (Berkeley, Calif., 1964). / A. Sawyer, Ancient Peruvian Ceramics, the Nathan Cummings Collection (Greenwich, Connect., 1966).

nébulosité galactique

Concentration de gaz et de poussières, d’aspect nébuleux, dans une galaxie.



Introduction

Pour la plupart, ces nébulosités sont situées dans les disques des galaxies, où elles tracent les bras spiraux. Dans la constellation d’Orion, on peut en déceler une à l’œil nu, la première nébuleuse observée et qui fut découverte en 1610 par Nicolas Claude Fabri de Peirese (1580-1637). Avec des jumelles, on en voit quelques dizaines, et, avec des télescopes très ouverts (comme le télescope Schmidt du mont Palomar), plusieurs milliers ont été photographiées. Elles sont lumineuses au voisinage d’étoiles qui éclairent les poussières et autour d’étoiles très chaudes qui excitent le gaz et le rendent fluorescent, ou obscures en l’absence d’étoile proche et quand la poussière est très dense. Il existe aussi des nébuleuses qui émettent un rayonnement, appelé synchrotron, produit par des électrons animés de vitesses relativistes et déviés par des champs magnétiques. Leurs dimensions diffèrent de plusieurs ordres de grandeur. Les petits globules ont quelques milliers d’unités astronomiques, tandis que les grandes nébuleuses dépassent 300 parsecs. Leur composition chimique est analogue à celle des étoiles des bras spiraux. L’hydrogène constitue les trois quarts de la masse, l’hélium un peu moins du quart, et les éléments plus lourds la fraction restante. La densité du gaz varie de 1 atome à plus de 1 million d’atomes par centimètre cube. C’est une densité très faible en comparaison de la densité de l’air au niveau de la mer, qui est de 1019 molécules par centimètre cube. La poussière, variable également, représente environ 1 p. 100 de la masse totale d’un nuage, ce qui correspond à une valeur moyenne de 1 grain de poussière de la taille du micron dans un volume de 10 000 m3. Cependant, les grandes dimensions des nuages suffisent à rendre certains d’entre eux opaques.

Les nébulosités galactiques jouent un rôle essentiel dans le cycle de vie des étoiles. Elles sont la matière première des étoiles en formation et le résidu de ces astres en fin d’activité.