Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Naples (suite)

Les industries de Naples sont anciennes, car les Bourbons au xixe s. ont, en relation avec le port, l’abondance de la main-d’œuvre et une politique protectionniste, promu l’installation d’usines (arsenal, fonderies, constructions navales, textiles). Si l’Unité a entraîné en grande partie la ruine de cette industrie, très tôt des dispositions gouvernementales ont cherché à relancer l’industrie. Naples est devenu le seul grand complexe industriel du sud de l’Italie. Les secteurs principaux sont la métallurgie et la mécanique, le travail des textiles et l’habillement, les industries alimentaires, suivis par le travail du bois, celui des minéraux non métalliques, la chimie : un peu plus de 300 000 emplois au total. Spatialement, cette industrie se répartit en plusieurs noyaux. La façade littorale regroupe nombre d’établissements. Mais le tissu industriel s’épaissit vers l’intérieur, lançant des apophyses autour du Vésuve (Cercola, Ottaviano), vers Nola (Pomigliano d’Arco), vers Caserte et Capoue. La structure de cette industrie est dualiste, avec un petit nombre d’entreprises modernes (à fort taux de mécanisation, à haute productivité et à pouvoir de décision extérieur) coiffant une masse d’entreprises familiales à faible rendement. La décentralisation d’établissements depuis le nord de l’Italie vers Naples transforme, toutefois, peu à peu ce tableau. La sidérurgie est présente, depuis 1910, avec le complexe de Bagnoli, un des quatre grands centres sidérurgiques italiens (capacité de 2 Mt d’acier par an) ; cela a entraîné l’édification d’une grosse cimenterie. D’autres usines métallurgiques existent à Naples, Casoria, Castellammare di Stabia et surtout Torre Annunziata. La mécanique est d’abord représentée par les constructions navales de Castellammare di Stabia. Mais la construction automobile s’est développée avec l’Alfa-Sud à Pomigliano d’Arco. Bien d’autres productions sont assurées à Pouzzoles (électroménager Sunbeam et matériel de bureau Olivetti), à Naples (appareils électroniques Geloso, appareils à travailler les métaux, etc.), à Casavatore (fabrique de pompes et compresseurs), à Casoria (instruments de mesure), à San Giorgio a Cremano (réfrigérateurs). Le travail du textile repose sur le coton à Naples et sur le jute à Frattamaggiore ; la confection concentre ses ateliers dans la métropole. Les industries alimentaires regroupent des minoteries (Naples surtout), des conserveries (usines Cirio de San Giovanni a Teduccio et Castellammare di Stabia), une usine de crèmes glacées à Bagnoli (Motta-Sud), des brasseries. Le travail des minéraux non métalliques comporte des cimenteries (Bagnoli, Castellammare di Stabia), des verreries (Naples, Ottaviano, Casoria, Nola), des usines de céramiques (Portici, Naples). La chimie est assez peu représentée. La Mobil Oil a implanté une raffinerie qui alimente des usines de fabrication de résines et de fibres de synthèse à Casoria (Rhodiatoce). Des fibres cellulosiques sont produites à Naples (Cisa-Viscosa), et les productions pharmaceutiques se développent à Naples et à Torre Annunziata.

Même si une bonne partie de ces industries sont des initiatives du capitalisme d’État (IRI, Istituto per la Ricostruzione Industriale), notamment dans le domaine de la mécanique, il est certain que des progrès ont été accomplis. Mais de gros efforts sont encore à faire pour combler le retard. Cette action économique doit du reste se doubler d’une action d’aménagement urbain pour résoudre les problèmes de l’agglomération.

E. D.


L’histoire


Les origines

Naples est fondée vers la fin du viie s. av. J.-C. par les Eubéens de Cumes sous le nom de Parthénope ; elle est agrandie au ve s. et reconstruite alors selon un plan en damier auquel elle doit son nom (Neapolis : « Nouvelle Ville »). Occupée par les Romains en 327 av. J.-C., elle est contrainte de signer un fœdus, qui en fait une cité alliée en 326 av. J.-C., et résiste à Pyrrhos et à Hannibal. En 90 av. J.-C., elle est érigée en municipe romain. Elle devient une ville résidentielle qui compte peut-être 30 000 habitants, mais que ne nourrit pas le grand commerce international dont Pouzzoles canalise le trafic à son profit.


La capitale du duché de Naples

Résidence du dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustule, occupée par Bélisaire en 536, qui réveille ses traditions helléniques, Naples devient en 661 la capitale d’un duché byzantin qui englobe l’essentiel de la Campanie jusqu’en 839-845, dates de l’émancipation de villes voisines : Gaète, Cumes, Pouzzoles, Sorrente, Amalfi surtout.

Depuis le vie s., Naples est menacée sans cesse par les Lombards ; elle vit repliée à l’intérieur de ses murailles antiques (100 ha), accrue au xe s. de la junctura nova. Hors des murs s’étend alors un nouveau quartier : la junctura civitatis, qui englobe un marché et deux ports : l’Arcina (arsenal) et le Vulpulum (grand port) par lesquels sont importés fruits, légumes, poissons, soieries byzantines et exportés les produits des industries locales : armes, toiles de lin. Le duc, dont le titre est devenu héréditaire au milieu du viiie s., détient dès lors un pouvoir absolu, qu’il exerce avec l’aide de fonctionnaires nobles et d’une élite bourgeoise, sur une population formée de petits artisans, de colons ruraux, difisi (défendus), protégés par de puissants laïques ou ecclésiastiques, et enfin d’esclaves. Mais le duché ayant été amputé de ses dépendances extérieures du fait de la perte de Pouzzoles en 1026, d’Amalfi et de Sorrente en 1039, de Gaète en 1040, Serge V (1053?-1090?) doit se reconnaître vassal de Richard, prince normand de Capoue qui assiège sa capitale en 1077. Ayant renouvelé son hommage au roi de Sicile Roger II en 1134, Serge VII (1123?-1137) concède aussitôt par le Pactum Sergii d’importants privilèges à l’aristocratie nobiliaire non engagée personnellement dans les liens de dépendance à l’égard des Normands. Ce texte garantit le libre accès de la ville par terre et par mer aux marchands pisans et surtout amalfitains, qui y possèdent une importante colonie ; il confirme ainsi le caractère désormais passif du commerce napolitain.

Révoltée en vain contre Roger II en 1136-37, indépendante de 1137 à 1139, Naples doit accueillir en 1139 le comte de Sicile, qui l’intègre, par les assises d’Ariano, dans le cadre féodal de la monarchie normande dont elle devient la capitale.