Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nantes et Saint-Nazaire (suite)

L’évolution du style classique s’est poursuivie : à la générosité du style rocaille s’oppose bientôt la simplicité du néo-classicisme. Face au quai de la Fosse, d’autres quais sont aménagés et bordés de nouveaux hôtels, dessinés par deux architectes nantais : Jean-Baptiste Ceineray (1722-1811), à qui l’on doit l’élégante Chambre des comptes, aujourd’hui préfecture (1764), et l’hôtel d’Aux (1765), puis son élève Mathurin Crucy (1749-1826), qui donne les plans de l’hôtel de Montaudoin, de la Bourse (1792-1812) et du théâtre Graslin (1788). L’hôtel de la Chambre des notaires reste un magnifique exemple de la décoration intérieure de style Empire. Emules de Crucy, Pierre Rousseau (v. 1750-1810) et Pierre Vigne de Vigny (1690-1772) construisent l’hôtel de l’armateur Grou, qu’on appela, pour l’originale disposition de son escalier, le « temple de goût ».

Créé en 1800 et constamment enrichi, le musée des Beaux-Arts de Nantes est installé dans les bâtiments construits pour lui à la fin du xixe s.

Au début du xxe s., un charme mystérieux se dégageait de la ville, qui sera sacrée haut lieu du surréalisme par André Breton*. Malheureusement, les destructions dues à la Seconde Guerre mondiale furent nombreuses : témoins de l’architecture moderne, les magasins Decré (1931), construits en fer et en verre par Henri Sauvage (1873-1932), disparurent sous les bombardements.

Après la guerre, Nantes bénéficie d’un vaste programme de reconstruction et d’extension, auquel participe Le Corbusier*, entre 1952 et 1957, avec la Cité radieuse de Rezé.

G. J.

 P. Lelièvre, Nantes au xviiie siècle. Urbanisme et architecture (Durancé, Nantes, 1942). / Le Musée des Beaux-Arts, catalogue et guide (Nantes, 1953). / H. de Berranger, Évocation du vieux Nantes (Éd. de Minuit, 1966). / A. de Wismes, Nantes et le pays nantais (France-Empire, 1968).

Napier ou Neper (John), baron de Merchiston

Mathématicien écossais (Merchiston, près d’Édimbourg, 1550 - id. 1617).


À l’âge de treize ans, John Napier fut envoyé à l’université de Saint Andrews, la doyenne des universités d’Écosse, où il fut formé à la bonne latinité et à la théologie. Toute sa vie, il resta un protestant convaincu, et se rendit célèbre dans toute l’Europe réformée par son ouvrage A Plain Discovery of the Whole Revelation of Saint John (1593), qui eut de nombreuses éditions et traductions. On ne sait s’il fit des voyages à l’étranger suivant la coutume des jeunes nobles écossais, mais on ne retrouve ses traces au pays natal qu’en 1571.

Son œuvre mathématique fondamentale est la découverte des logarithmes, qui lui demanda une vingtaine d’années de travail continu. Il la rendit publique en 1614 dans son ouvrage Mirifici logarithmorum canonis descriptio, édité à Édimbourg, puis traduit en anglais par Edward Wright (1560-1615) et publié à Londres en 1616. Une réédition posthume du texte latin, de 1619, contient en plus la Mirifici logarithmorum canonis constructio, qui donne les procédés de construction des tables du premier ouvrage. La même année 1619, l’ensemble des deux traités fut réédité à Lyon. Comme Wright, Henry Briggs (1561-1631) s’intéressa à la découverte de Napier. S’étant mis en rapport avec l’inventeur, tous deux convinrent de modifier le système et de leur collaboration naquirent les tables des logarithmes décimaux en usage à l’heure actuelle. Rarement une telle découverte mathématique se répandit avec autant de rapidité : de 1614 à 1631, plus de vingt ouvrages sur cette question furent imprimés.

Indépendamment de Napier, les logarithmes furent découverts par Jost Bürgi (1552-1632), horloger et astronome suisse dont les tables ne furent publiées qu’en 1620, mais sont antérieures à 1610. Le premier traité sur les logarithmes écrit en français parut à Paris en 1625. L’auteur en est Edmond Wingate, « gentilhomme anglois » (1596-1657). En 1626, Denis Henrion (v. 1580 - v. 1632) publia, encore à Paris, son Traicté des logarithmes.

En 1624, Edmund Gunter (1581-1626) fit graver sur cuivre une règle logarithmique, ancêtre de nos règles à calcul qui prirent leur forme à peu près définitive en 1654, grâce à Seth Partridge.

En plus de ses logarithmes, Napier a donné dans sa Rabdologiae, seu numerationis per virgulas libri duo, de 1617, un procédé semi-automatique de multiplication : les bâtonnets ou réglettes de Neper. Il définit le logarithme d’un nombre d’une façon cinématique, qui est très voisine de la définition actuelle, où le logarithme est une primitive de 1/x. Mais, comme il veut appliquer sa théorie à la trigonométrie, il prend un cercle de rayon R = 107 : Si « x » est un sinus, nombre positif inférieur à R, alors son logarithme est R.Log(R/x), l’opérateur Log désignant le logarithme hyperbolique ou naturel ou népérien :

J. I.

 R. Taton (sous la dir. de), Histoire générale des sciences, t. II : la Science moderne (P. U. F., 1958). / P. Dedron et J. Itard, Mathématiques et mathématiciens (Magnard, 1960). / C. Naux, Histoire des logarithmes de Neper à Euler (Blanchard, 1966-1971 ; 2 vol.).

Naples

En ital. Napoli, v. d’Italie, capit. de la Campanie ; 1 233 000 hab. (Napolitains).


La géographie


La ville

Naples est le principal centre urbain et économique de tout le Mezzogiorno. C’est la troisième ville d’Italie, après Rome et Milan. Son passé et les conditions présentes de son économie en font une cité prestigieuse, fascinante et décriée, « grande cité vivante, fébrile, malade. C’est une ville d’activité productrice et c’est une ville de misère et de chômage » (M. Coquery).

Les conditions géographiques sont bonnes. C’est le seul site portuaire vraiment favorable de Gênes à Messine, avec des possibilités de relations aisées vers un vaste arrière-pays. Le site urbain, d’une grande beauté, s’inscrit sur les dernières pentes des champs Phlégréens, qui se terminent ici en deux amphithéâtres principaux. Mais les extensions actuelles dépassent largement les limites de cette implantation primitive. Sur le littoral, de Pouzzoles jusqu’au Vésuve et aux premiers contreforts des monts Lattari, sur près de 40 km, c’est une succession d’aires résidentielles et industrielles. L’urbanisation se diffuse vers l’intérieur, respectant encore des zones rurales. Un « archipel métropolitain » (A. Aquarone) s’est constitué, mais il évolue vers une aire urbaine qui compte plus de 2,7 millions d’habitants.