Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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muscle (suite)

• Jonction neuro-musculaire, ou « plaque motrice ». Elle correspond à la zone de contact entre la fibre musculaire et la fibre nerveuse, ou axone, venue du motoneurone dont dépendra sa contraction. À chaque motoneurone de la corne antérieure de la moelle épinière correspondent généralement plusieurs fibres musculaires ; l’ensemble ainsi réalisé porte le nom d’unité motrice. La terminaison du rameau axonal entre en contact avec la fibre musculaire au niveau de l’appareil sous-neural de Couteaux. Celui-ci correspond à une dépression du sarcolemme sur laquelle repose précisément la terminaison axonale ; il est fait de plusieurs invaginations parallèles au sein desquelles on peut caractériser la présence de cholinestérases (enzymes). Au niveau de la terminaison axonale existent des mitochondries et des vésicules synaptiques qui contiennent de l’acétylcholine.

• Fuseaux neuro-musculaires. Ce sont des fibres musculaires très différenciées qui ont une fonction d’information et de régulation à l’égard de l’activité motrice. Disposées en parallèle avec les autres fibres musculaires, elles renseignent sur leur état de tension la moelle épinière segmentaire correspondante. Le fuseau est constitué de fibres musculaires de morphologie particulière qui sont en liaison avec des axones venant des motoneurones gamma de la corne antérieure de la moelle épinière. Ces fibres ont, enroulées autour d’elles, des terminaisons nerveuses sensitives (fibres I, A, II) qui forment l’élément sensitif de la boucle gamma, élément important de la régulation neuro-musculaire.


La contraction musculaire

Elle se traduit à l’échelle du sarcomère par un glissement des unes par rapport aux autres des molécules d’actine et myosine ; il s’ensuit un raccourcissement du sarcomère, et donc de la fibre musculaire dans son ensemble, puisque celle-ci est faite de l’empilement d’un nombre considérable de sarcomères. La décontraction représente le phénomène inverse. L’énergie nécessaire est formée lors de la déphosphorylation de l’adénosine triphosphate, ou A. T. P. (A. T. P. → A. D. P.), elle-même initiée par le calcium (Ca++). La reconstitution de l’A. T. P. se fait à partir du (phosphagène + A. D. P. = A. T. P. + créatinine). Celui-ci est reconstitué à partir du « métabolisme intermédiaire » aérobie ou à défaut anaérobie, ce qui alors implique la formation d’acide lactique.

La transmission de l’excitation nerveuse à la fibre musculaire se fait par l’intermédiaire du calcium à la suite d’une dépolarisation du réticulum endoplasmique, elle-même consécutive à la dépolarisation de la plaque motrice. Cette dépolarisation est due à l’éjection au niveau de la synapse neuro-musculaire de l’acétylcholine des vésicules présynaptiques, et ce, sous l’influence de l’influx nerveux. La disponibilité de la plaque motrice pour une nouvelle dépolarisation est rapidement restaurée grâce aux cholinestérases de l’appareil sous-neural, qui, en détruisant immédiatement l’acétylcholine libérée, permettent la repolarisation de la plaque motrice.


Pathologie du muscle


Les signes d’atteinte musculaire

Les affections du muscle se traduisent par un déficit musculaire intéressant souvent la racine des membres, par une atrophie et quelquefois même par une hypertrophie, ainsi que par une diminution de la contraction, dite « idiomusculaire », réactionnelle à la percussion directe du muscle. Quelquefois existent des crampes ou des myalgies (douleurs musculaires). Sur le plan électrologique, l’enregistrement des phénomènes électriques de la contraction musculaire, ou électromyogramme, permet de mettre en évidence des altérations très caractéristiques. Un autre témoin de lésions musculaires peut être la constatation, dans le sang en particulier, d’un taux anormalement élevé d’enzymes d’origine musculaire (transaminases). L’étude histologique du muscle lésé est possible à la faveur d’une biopsie*, qui, outre une étude microscopique optique, voire électronique, peut permettre une étude histo-enzymologique.


Les maladies musculaires

Certaines sont d’origine inflammatoire virale, microbienne ou d’un mécanisme encore incertain et portent le nom de myosite ou de polymyosite. Certaines sont d’origine métabolique, secondaires par exemple à un disfonctionnement thyroïdien ou à un hyperfonctionnement de la glande cortico-surrénale (v. surrénal), dont on peut rapprocher la corticothérapie. D’autres mécanismes sont possibles, mais en fait les affections musculaires les plus particulières, que l’on désigne souvent sous le terme de myopathies, sont les dystrophies musculaires progressives. Beaucoup comportent un facteur héréditaire, encore que les mécanismes de transmission ne soient pas univoques. La mieux caractérisée de ces myopathies est celle de Duchenne. Transmise par les filles, elle ne frappe que les garçons ; elle atteint des enfants encore jeunes et a un potentiel évolutif extrêmement sévère. La plupart des autres myopathies sont moins graves (myopathies facio-scapulo-humérales, myopathies des ceintures). Certaines myopathies sont congénitales.

La myasthénie, caractérisée par une grande fatigabilité qui va rapidement en s’accentuant, n’est pas une affection du muscle proprement dit, mais une anomalie de la plaque motrice, c’est-à-dire de la jonction entre le nerf et le muscle, où la transmission de l’influx est progressivement bloquée.

Les tumeurs frappant les muscles lisses sont les léiomyomes. Lorsque les fibres conjonctives sont particulièrement développées dans ces tumeurs, on parle de fibroléiomyome, ce qui est le cas des tumeurs de l’utérus connues sous le nom de fibromes*. Les tumeurs malignes des muscles lisses sont les léiomyosarcomes. Les tumeurs des muscles striés sont très rares ; bénignes, ce sont les rhabdomyomes ; malignes, ce sont les rhabdomyosarcomes.

Quelques aspects de l’activité musculaire

L’élasticité musculo-tendineuse

Un muscle n’est pas seulement un organe contractile, capable de se raccourcir activement, sur ordre du système nerveux, en dépit des forces qui s’opposent à cette diminution de longueur. C’est aussi un organe élastique, susceptible de s’allonger passivement lorsqu’une force de traction s’exerce sur lui, mais qui développe alors, comme le ferait un ressort, une force de rappel proportionnelle à l’allongement qui lui a été imposé. Ce sont surtout les tendons, accessoirement les disques clairs des fibres striées, qui sont le siège de cette élasticité ; celle-ci est d’ailleurs beaucoup plus grande dans les muscles lisses (vessie, utérus).