Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Montauban (suite)

Montauban reste pourtant dans une large mesure une cité du passé, notamment dans le domaine industriel, où la présence d’une très puissante laiterie et de minoteries est le dernier témoignage notable d’une activité manufacturière qui fut fort diversifiée, en particulier au xviiie s. (textile, travail des bois de la Grésigne), et qui connut un renouveau sous le second Empire. En réalité, la ville a toujours vécu en union très étroite avec les campagnes environnantes, où sa bourgeoisie possède de nombreuses terres, auxquelles elle fournit les biens de consommation industriels et dont elle assure la commercialisation des produits, fruits et légumes essentiellement. Cette fonction de négoce s’appuie sur la commodité de moyens de transport aménagés au xixe s., notamment sur les liaisons ferroviaires avec l’Aquitaine centrale et Paris (vers lequel partent les trains de fruits et de légumes). Ajouté à son rôle administratif (moindre, aussi, que sous l’Ancien Régime, où Montauban était ville d’intendance), le commerce permet à la cité d’étendre, malgré la proximité de Toulouse, son influence à tout le département de Tarn-et-Garonne, Lomagne exceptée.

S. L.

➙ Midi-Pyrénées / Tarn-et-Garonne.

Monte (Philippus de)

Compositeur flamand (Malines 1521 - Prague 1603).


Si ses contemporains Lassus* et Palestrina* n’avaient accaparé l’attention des musicologues, Philippus de Monte serait assurément considéré comme l’un des plus grands représentants de la polyphonie de la Renaissance. Sa science du contrepoint, ses succès, sa brillante carrière, ses abondantes publications, tout le place au premier rang. Seuls peuvent lui être reprochés une certaine tendance à l’uniformité dans l’inspiration, un manque de variété dans sa palette et la possibilité d’œuvrer avec bonheur, comme Lassus, dans des domaines aussi différents que la chanson française et les psaumes de pénitence.

Nous ne savons rien de sa jeunesse ni de sa formation. Comme tous les enfants musiciens des grands centres flamands, Philippus de Monte fréquente sans doute une maîtrise, peut-être celle de Saint-Rombaut de Malines. Puis il cherche à faire carrière en Italie, où on le trouve en 1540 et où il séjourne de façon intermittente jusqu’en 1568 : d’abord à Naples, où, durant quatre années, il est maître de musique des enfants de C. Pinelli ; ensuite à Rome, où, en 1554, paraît son premier livre de madrigaux à 5 voix, qui lui vaut la protection des cardinaux P. Aldobrandini et F. Ursino. En 1554-55, son point d’attache est Anvers ; mais il croit sans doute trouver une orientation à sa carrière en acceptant le poste de chantre de la chapelle de Philippe II d’Espagne, que son père, Charles Quint, vient de marier à Marie Tudor. Son séjour en Angleterre ne durera pas plus que celui de son maître (juill. 1554 - sept. 1555). Quand Philippe revient sur le continent pour succéder à Charles Quint, qui a démissionné, Philippus de Monte quitte l’Angleterre — non sans y avoir contracté de solides amitiés (en particulier avec W. Byrd*, à qui, en 1583, il dédie le motet à 8 voix Super flumina Babylonis) — et rejoint bientôt l’Italie, où l’avenir semble plus prometteur. Durant une dizaine d’années, il va de cour en cour sans s’attacher à aucune. On trouve des traces de son passage à Venise, à Florence, à Gênes, à Rome. C’est là qu’après l’échec de pourparlers avec Palestrina, Philippus de Monte est engagé pour succéder à J. Vaet comme maître de chapelle de la Cour impériale, activité qu’il assumera du 1er mai 1568 jusqu’à sa mort, sous les règnes de Maximilien II et de Rodolphe II, tantôt à Vienne, tantôt à Prague. Son existence stable, consacrée surtout à la composition, ne sera troublée que par quelques brefs déplacements : en 1570 aux Pays-Bas, où il recrute des chanteurs ; en 1582 à Augsbourg, où il rend visite au riche banquier J. Fugger. En 1593, il accompagne Rodolphe II à la diète de Ratisbonne, où il rencontre Lassus pour la dernière fois. Il meurt dix ans plus tard à Prague ; selon ses vœux, il est inhumé dans l’église Saint-Jacques.

Son immense production dans presque tous les genres pratiqués à cette époque laisse apparaître une prédilection évidente pour les genres sérieux. On n’y trouve pas d’œuvres légères. Ses chansons françaises, peu nombreuses (45, de 3 à 7 voix), presque trop riches, manquent de spontanéité. Plus à l’aise dans le madrigal (1 073 madrigaux profanes, de 3 à 10 voix ; 144 madrigaux spirituels, de 5 à 7 voix), où peut s’exprimer la tendresse de ses sentiments, Philippus de Monte se refuse aux recherches chromatiques à la mode et se cantonne dans l’expression contrapuntique. On rencontre des chefs-d’œuvre dans ses trois cent dix-neuf motets de 4 à 12 voix et ses huit magnificat à 4 voix, mais, contrairement à Lassus, c’est dans la messe qu’il semble avoir trouvé sa plus belle inspiration. Presque toutes ses trente-huit messes appartiennent au genre de la missa parodia à partir de chansons ou surtout de motets. Philippus de Monte témoigne d’une très grande habileté dans l’utilisation et le développement des éléments mélodiques ainsi que d’un sens religieux très profond, à vrai dire assez rare dans la messe en cette fin de siècle.

B. G.

 G. Van Doorslaer, la Vie et les œuvres de Philippe de Monte (Lamertin, Bruxelles, 1921). / P. Nuten, Philippe de Monte (Kassel, 1961).

Monténégro

En serbo-croate, Crna Gora, république fédérée de Yougoslavie ; 13 812 km2 ; 545 000 hab.



La géographie

C’est la plus petite et la moins peuplée des six républiques yougoslaves. La population était de 377 000 habitants en 1948 et de 471 000 en 1961. Le taux de croissance annuel s’est abaissé récemment ; il a avoisiné 1,2 p. 100 en moyenne durant les années 1960. La république est divisée en 20 communes, dont la population varie de 6 000 à 98 000 habitants, chiffre de la capitale, Titograd (« la ville de Tito »), qui a succédé après la Seconde Guerre mondiale à Cetinje. Les autres communes les plus peuplées sont Nikšić (66 000 hab.), Bijelo Polje (52 000 hab.), Ivangrad (49 000 hab.), Pljevlja (46 000 hab.), chacune d’entre elles se composant d’une ville et d’un grand nombre de bourgs ou de villages.