Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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monnaie (suite)

La frappe s’effectuait à la main et au marteau au moyen de deux outils en acier, les coins, autrefois appelés quarrés. Un de ces quarrés, appelé pile, enfoncé solidement par son pied dans un billot de bois nommé cépeau ou ceppeau, présentait à sa tête la contrepartie, en creux, des reliefs du revers, ou pile. L’autre quarré, appelé trousseau, conçu pour être tenu à la main, portait à son extrémité la contrepartie des reliefs de l’avers, ou face. Le monnayeur, ayant placé le flan sur la pile, puis le trousseau sur le flan, frappait au marteau sur la tête du trousseau. Il jugeait de la qualité de l’empreinte prise par le flan, et, si nécessaire, répétait l’opération, éventuellement plusieurs fois, après avoir remis flan et trousseau à leur place exacte, ou, comme on dit, rengrené. Ces méthodes rudimentaires expliquent le défaut de rotondité des pièces obtenues, l’irrégularité des tranches auxquelles, après l’ajustage, il n’était plus possible de toucher sans altérer le poids.

On sait peu de chose des méthodes de contrôle en cours de fabrication et après frappe, aux époques anciennes. Cependant, elles ont laissé des traces dans le langage, comme monnaies de bon aloi (bon alliage), monnaies sonnantes (vérifiées au son pour éliminer les pièces pailleuses), monnaies trébuchantes (vérifiées par pesée au trébuchet).

On ne sait pas non plus comment étaient établis et surtout comment étaient reproduits les coins, mais il est probable que la technique actuelle est l’héritière et le perfectionnement des procédés anciens.

• L’évolution des méthodes de fabrication des monnaies a commencé au xvie s. par l’apparition de machines, d’abord mues à la main ou à bras d’hommes, et même manèges de chevaux et roues hydrauliques actionnant des laminoirs. À la même époque et simultanément apparurent le balancier à verge, actionné à bras, et l’invention de la virole, qui a permis de donner aux pièces de monnaie modernes les formes parfaites que l’on connaît.

• Le xixe s. a vu, d’une part, l’introduction dans les ateliers monétaires de la force motrice, d’abord mécanique, puis électrique, d’autre part, pour la frappe des monnaies, la presse remplacer le balancier, dont entre-temps la verge avait laissé la place à un volant entraîné par friction.


Fabrication moderne des monnaies

Cette fabrication a, au cours des temps, bénéficié des progrès réalisés dans les méthodes et les procédés généraux du travail des métaux.


Fabrication des flans

• Fonderie. C’est la préparation de l’alliage ; elle s’effectue dans des fours de principes très divers : depuis les fours appelés potagers, à creuset, jusqu’aux fours les plus modernes à chauffage à combustible gazeux ou liquide ou à chauffage électrique. Les charges sont des métaux neufs ou déjà alliés, telles des monnaies retirées de la circulation, ou des bandes ou lames perforées provenant du découpage des flans. On coule en lingotières, au creuset ou à la poche de coulée, ou directement par fours basculants, dans des lingotières qui donnent des lames, ou plateaux.

• Laminage. Par passages successifs entre les cylindres de laminoirs, les plateaux ou lames brutes de fonderie, après ébarbage, s’il y a lieu, sont amenés à l’épaisseur requise. Ces laminages sont conduits de façons très diverses selon la nature des alliages travaillés, à chaud puis à froid, ou seulement à froid, avec des recuits, si besoin. Le dernier laminage doit être très précis quant à l’épaisseur, dont dépend le poids des flans, et on le dénomme ajustage. Il se fait au palmer ou par pesée d’un flan d’essai.

• Découpage. Les bandes ou lames ajustées sont découpées sur des presses classiques, avec des outillages également classiques de poinçons et de matrices. Si les pièces doivent le comporter, le trou central est percé dans la même opération avec un outillage combiné ou par une opération distincte.

• Cordonnage. Cette opération mécanique, qui est la dernière à être effectuée sur les flans, consiste à former, par refoulement sur la tranche, une sorte de bourrelet destiné à faciliter, à la frappe, la formation du listel. Les cordonneuses, autrefois constituées par deux règles parallèles, dont l’une était animée d’un mouvement alternatif, sont aujourd’hui rotatives. Elles se composent essentiellement d’un tambour à axe horizontal, portant une rainure ou gorge, et d’une pièce dite « coussinet », qui est fixe et présente une gorge analogue, mais dont le fond est centré sur l’axe du tambour ; les deux gorges sont séparées par un intervalle égal au diamètre à donner au flan après cordonnage. Par un mécanisme d’alimentation automatique, les flans sont amenés à rouler entre les deux fonds de gorge sur un parcours suffisant pour intéresser toute la longueur de leur contour.

• Recuit. Sur les lames ou bandes, au cours des laminages à froid, puis finalement sur les flans, sont exécutés des recuits destinés à détruire l’écrouissage. Les matières d’or, lames et flans, sont recuites, en récipients clos, sous poussière de charbon, tandis que celles d’argent sont traitées dans des conditions qui permettent l’oxydation du cuivre de l’alliage et leur donnent l’aspect noir qui est celui de l’oxyde de cuivre.

• Blanchiment. Brillantage. Les flans subissent ces traitements de surface, dont la nature est fonction de leur alliage. Notamment, les flans d’argent, noirs du fait du recuit, sont traités par barillage dans un bain tiède d’acide sulfurique étendu, qui dissout l’oxyde de cuivre transformé en sulfate et donne aux flans l’aspect d’argent pur.

• Vérification. Avant de passer à la frappe, les flans de toute nature sont soumis à un examen visuel, qui s’effectue au moyen d’un appareil à double tapis roulant ; les flans défilent devant un premier opérateur, puis passent, retournés, devant un deuxième opérateur.

Enfin, toujours avant la frappe, les poids des flans d’or et d’argent sont vérifiés au moyen de balances automatiques, qui classent les flans en bons, en lourds et en légers, c’est-à-dire respectivement dont les poids sont entre les limites définies par les tolérances, au-dessus du poids fort ou au-dessous du poids faible.