Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mongolie-Intérieure

En chinois Neimenggu (Nei-mong-kou), région de la Chine septentrionale.


La Mongolie-Intérieure constitue l’une des cinq « régions autonomes » de la République populaire de Chine, dont les limites ont été fréquemment modifiées depuis 1949 pour atteindre leur plus grande extension en 1956 quand la Mongolie-Intérieure couvrait 1 177 500 km2 depuis le Grand Khingan au nord-est jusqu’au désert d’Alashan (A-la-chan ou Ho-lan-chan) aux portes du Xinjiang (Sin-kiang). Sa population atteignait quelque 13 millions d’habitants en 1969, lorsque est intervenue une nouvelle modification de son assiette territoriale, d’une grande ampleur.

La région d’Alashan, à l’ouest, a été partagée entre la province du Gansu (Kan-sou) et la région autonome Hui (Houei) du Ningxia (Ning-hia), tandis que toute la partie nord-est a été intégrée aux provinces voisines : le « département » (meng en chinois, aimak en mongol) de Houlounbouir, à la province du Heilongjiang (Hei-long-kiang), celui de Jerim à la province du Jilin (Ki-lin) et celui de Jo-ouda à la province du Liaoning (Leao-ning). Ainsi, actuellement, la région autonome de Mongolie-Intérieure couvre 450 000 km2 avec environ 9 millions d’habitants (estimation 1970), dont environ 600 000 Mongols (sur 1 500 000 au total recensés en Chine ; quelque 700 000 sont répartis dans les trois provinces du Nord-Est).


Le milieu naturel

Dans ces limites, la Mongolie-Intérieure est constituée essentiellement d’une partie du Plateau mongol, qui s’étend en République populaire de Mongolie, limité au nord-est par le massif du Grand Khingan et au sud par le massif de Yinshan (Yin-chan) et par le désert de l’Ordos, qui s’étend à l’intérieur de la grande boucle du Huanghe (Houang-ho).

Le « Plateau mongol », qui est plus exactement une haute plaine (800 à 1 200 m d’altitude), est constitué de roches cristallines, de schistes et de calcaires métamorphisés nivelés en pénéplaine marquée d’ondulations à grand rayon de courbure et où s’évasent des dépressions où aboutit un écoulement endoréique. Toute la surface de cette haute plaine est parsemée d’une multitude de cuvettes hydro-éoliennes qui portent le nom de gobis et qui sont des chotts.

Les massifs du Grand Khingan et des Yinshan apparaissent plutôt comme des bourrelets sur le rebord de la haute plaine que comme de véritables montagnes. Leur profil est très nettement dissymétrique : un versant en pente douce les raccorde insensiblement au Plateau mongol, tandis que le versant « extérieur » est plus abrupt.

Leur altitude moyenne est modeste : 1 500 m environ, avec quelques sommets isolés atteignant près de 3 000 m dans les Yinshan.

L’Ordos est un désert de sable (dunes et playas), à 800-1 300 m d’altitude, qui couvre quelque 200 000 km2 sur une plate-forme constituée d’assises subhorizontales se succédant du Sinien au Crétacé.

La Mongolie-Intérieure connaît un climat d’une brutalité extrême, d’un caractère continental particulièrement accusé : à la latitude de l’Europe méditerranéenne, la température moyenne de janvier est de – 20 °C, alors que celle de juillet s’établit à 22 °C, tandis que le printemps est marqué par d’extraordinaires variations thermiques (jusqu’à 45 °C en 24 heures). Les conditions pluviométriques sont également très sévères : le total annuel est partout inférieur à 250 mm et à 50 mm dans la partie occidentale, avec des variations interannuelles considérables. Aussi la période végétative ne dépasse-t-elle pas deux à trois mois, et, dans les régions les moins défavorisées (nord-est), la steppe herbeuse constitue la formation végétale essentielle. Vers l’ouest et le sud, avec la diminution rapide des précipitations, la taille des graminées se réduit et le tapis herbacé laisse de plus en plus la place à des formations buissonnantes discontinues, qui disparaissent enfin avec le désert de sable (quelques saxaouls dans les creux).


La population et l’économie

Dans un tel milieu, l’élevage représentait l’activité exclusive des Mongols. Aujourd’hui, un tiers d’entre eux pratiquent encore une forme de nomadisme pastoral (moutons, 50 p. 100 ; bovins, 25 p. 100 ; chevaux et chameaux, 25 p. 100), mais sur des territoires bien définis relevant de 150 communes populaires d’élevage. Depuis 1950, deux autres types d’élevage se développent de plus en plus : un élevage associé à l’agriculture, avec transhumance d’été, et un élevage à l’étable (ou en enclos) dans les zones d’agriculture intensive colonisées par les paysans chinois. Le troupeau de Mongolie-Intérieure comptait au total, en 1962, 32 millions de têtes.

Les activités agricoles dépendent essentiellement du développement de l’irrigation, qui a été entrepris tout particulièrement dans les plaines de He-tao (Ho-t’ao) et de Houhehot. L’avoine et le blé de printemps sont les deux céréales de base (semées en avril et récoltées en août), tandis que le millet et le kaoliang occupent les terres sèches. Deux cultures industrielles connaissent un essor important : le lin (pour son huile surtout) et la betterave à sucre (introduite en 1950).

Les ressources minérales ont été activement explorées depuis 1949. C’est, en premier lieu, du charbon à coke dans la région de Shikuaikou (Che-k’ouai-k’éou) dans les Yinshan (1,5 à 2 Mt par an), puis à Haibowan (Hai-po-wan) et à Wuda (Wou-ta) [1 Mt en 1960], de part et d’autre de la vallée du Huanghe. C’est surtout du minerai de fer (à 60 p. 100 de teneur en métal) à Payun-Obo (ou Baiyu-nebo), à 140 km au nord de Baotou (Pao-t’eou), sur le versant septentrional des Yinshan. Les réserves atteindraient quelque 40 Mt, et la capacité annuelle de production serait de 4 Mt. Le Plateau mongol est parsemé de nombreux lacs saumâtres, dont le Jilantai (Ki-lan-t’ai), à 90 km à l’ouest de Wuda, qui est activement exploité pour la production de sel. En outre, de l’amiante, du talc et du mica sont produits dans les Yinshan.