Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Missouri

État du centre des États-Unis ; 180 486 km2 ; 4 677 000 hab. Capit. Jefferson City.


Le Missouri est une région de transition entre l’Est humide et l’Ouest (aride, entre l’Est industriel et l’Ouest agricole, entre le Corn Belt, auquel appartient sa partie nord, et le Sud traditionnel, dont sa partie méridionale possède les traits.

Le massif Ozark forme l’ossature du relief. Il comprend des plateaux calcaires, comme ceux de Salem et Springfield (phénomènes karstiques : cavernes, résurgences), et un cœur cristallin qui affleure dans les monts Saint François (540 m). Au nord s’étendent des plaines sédimentaires à couverture glaciaire ou éolienne (lœss). Le Mississippi développe une large vallée alluviale dans le sud-est de l’État.

Le climat comporte des hivers modérés (0 °C en janvier; 100 jours de gel), des étés très chauds (de 26 à 28 °C en juillet), des précipitations (750 mm au nord-ouest, 1 250 au sud-est) à maximum d’été. Au nord du massif Ozark, on passe de la forêt caducifoliée à l’est à la prairie à l’ouest ; le massif lui-même est boisé ; la végétation typique du Sud apparaît dans le Sud-Est.

Partie de l’ancienne Louisiane (missions dès 1700 ; fondation de Sainte Genevieve en 1735, de Saint Louis* en 1764 ; nombreux toponymes français), le Missouri connaît une immigration massive après 1803 ; il devient État dès 1821, le premier à l’ouest du Mississippi. La navigation à vapeur sur le fleuve et son affluent à partir de 1819, les chemins de fer à partir de 1850-1860 permettent une occupation rapide.

Les mines de plomb, de fer et de cuivre, une des grandes richesses de l’État, datent en fait du début du xixe s. (à Potosi, Viburnum, Pilot Knob). Le district de Potosi est encore le plus important du monde pour le plomb. Le Tri-State District, au sud-ouest, renferme des minerais de plomb, d’argent, de zinc et de cuivre. La majeure partie des 320 000 t de minerai de plomb (38 p. 100 de la production américaine) viennent de Potosi et de Viburnum ; les réserves sont très abondantes, et l’extraction ne cesse de progresser; le minerai de plomb est traité à Herculaneum. L’extraction du zinc dans le Tri-State District a, au contraire, fortement décliné. On exploite un peu de fer (à Sullivan, 1,7 Mt de minerai), de charbon et de lignite. La valeur de la production minière atteint 276 millions de dollars.

L’agriculture est encore une des richesses du Missouri : ses ventes s’élèvent à 415 millions de dollars pour les cultures et à 1 milliard de dollars pour les produits de l’élevage. On pratique la culture du blé et l’élevage à base de maïs (septième rang aux États-Unis), de soja et de foin ; il s’agit de porcs, de vaches laitières, surtout de bœufs de boucherie (5 millions de têtes, sixième rang) et aussi de volailles. Certaines fermes se tournent maintenant vers l’élevage du gros bétail reposant uniquement sur des pâturages et des prairies de fauche scientifiquement composés et traités. Le massif Ozark garde une agriculture archaïque ; toutefois, le plateau de Springfïeld a modernisé son économie (laiterie, aviculture, fruits frais, légumes pour la conserverie). L’exode rural (256 000 exploitations en 1940 ; 142 000 en 1970) frappe les régions de polyculture archaïque (Ozark) et les comtés purement agricoles (nord de l’État). L’industrie, principale activité économique (6 milliards de dollars en valeur ajoutée), comprend la construction de matériel de transport (80 000 emplois, dont 32 000 dans l’industrie automobile), les industries alimentaires (minoterie, conditionnement de la viande), le raffinage du pétrole, les industries chimiques, la construction des machines agricoles, le travail du bois (forêt de l’Ozark) et du cuir (élevage bovin). En fait, l’activité industrielle se trouve concentrée à Saint Louis (pour les deux tiers) et à Kansas City.

La population urbaine (70 p. 100) est également rassemblée surtout dans ces deux villes. À l’extrémité ouest du couloir entre Ozark et Missouri, Kansas City a ravi à Saint Louis sa fonction de relais vers l’ouest, grâce aux routes d’abord, aux chemins de fer ensuite, qui en firent « the Gate to the Southwest ». L’agglomération se partage entre le Kansas et le Missouri ; elle compte 1 257 000 habitants. La ville du Missouri l’emporte de plus en plus sur celle du Kansas pour la population (rapport de 4 à 1), les fonctions nobles (finance et assurance ; éducation et science) et les communications (nœuds autoroutiers).

Il n’y a que trois autres villes de quelque importance : Springfield (120 000 hab., centre ferroviaire, industries alimentaires), Saint Joseph (72 000 hab., jadis une des principales villes-ponts sur le Missouri), Columbia (58 000 hab.). La capitale, Jefferson City, n’est qu’une très petite ville (32 000 hab.).

P. B.

➙ Saint Louis.

Mistra

En gr. Mystrás, ville médiévale de la Grèce, située un peu à l’ouest de Sparte (Péloponnèse).


La forteresse de Mistra fut bâtie par le prince Guillaume II de Villehardouin vers 1248-49, années qui virent la soumission définitive de la Morée par les Francs. Elle fut construite au sommet d’un contrefort du Taygète dominant l’ancienne ville de Sparte aux fins de protéger le pays contre d’éventuelles révoltes des Slaves locaux (Mélingues). Elle ne resta aux mains des Francs qu’une décennie : vaincus à la bataille de Pelagonia (1259), ceux-ci furent contraints de la céder avec d’autres forteresses à l’empereur byzantin Michel VIII Paléologue*, qui reprenait ainsi pied dans le Péloponnèse.

Villehardouin tenta de la recouvrer, mais sans succès ; après sa mort (1278), Mistra, où résidera désormais le gouvernement impérial, devint une menace constante pour les parties de la Morée occupées par les Francs. Hormis de courtes trêves, ceux-ci se heurtèrent quasi continuellement aux gouverneurs byzantins, dont l’objectif était de chasser de la péninsule l’envahisseur latin.