Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Minneapolis - Saint Paul

Villes des États-Unis, dans le Minnesota*.


Situées sur le Mississippi, Minneapolis et Saint Paul forment deux villes jumelles (twin cities). Leur emplacement était fréquenté par les missionnaires et commerçants en fourrure canadiens-français dès la fin du xviie s. : les chutes Saint Anthony marquaient le point d’arrêt de la navigation vers l’amont sur le Mississippi, mais la rivière Saint Croix assurait une liaison facile entre celui-ci et le fond du lac Supérieur. Des Américains de l’Est et quelques Canadiens s’installèrent sur les deux rives près des chutes à partir de 1820 et, un peu en aval, à Saint Paul à partir de 1838. Dès cette époque se développèrent deux industries, qui devaient rester longtemps les plus importantes, la minoterie à Minneapolis (les pionniers introduisaient la culture du blé dans le sud de l’État) et la scierie à Saint Anthony (bientôt annexé à Minneapolis) et à Saint Paul (on commençait l’exploitation sauvage des forêts du Nord).

En 1849, Saint Paul devint la capitale du territoire du Minnesota, puis de l’État, mais sa rivale était déjà plus peuplée. Une période d’expansion remarquable débuta vers 1860, provoquée par la colonisation des Grandes Plaines et par la construction de voies ferrées, notamment celles du Northern Pacific et du Great Northern, desservant le Dakota du Nord et le Montana. La situation des deux villes à la limite de la forêt et de la prairie prit toute sa valeur : elles devinrent le principal lieu d’échange des céréales et du bois de construction ; minoterie et scierie atteignirent leur apogée. Minneapolis et Saint Paul fournirent le Wheat Belt en matériel agricole et en équipements de toutes sortes et méritèrent le titre de Gateway to the Great Northwest.

L’exploitation excessive des forêts aboutit à l’épuisement des ressources et à la fermeture des scieries au début du siècle. Les forêts sont en cours de régénération ; elles alimentent aujourd’hui l’industrie du papier à Saint Paul. De son côté, Minneapolis a perdu un grand nombre de minoteries au profit de Buffalo entre les deux guerres. Mais des industries nouvelles sont apparues au xxe s., celles des produits laitiers (surtout à Saint Paul, capitale du Dairy Belt du Minnesota), de la viande (Stock Yards de South Saint Paul), de l’huile de graine de lin, des machines agricoles (Minneapolis), du matériel ferroviaire (Saint Paul), des automobiles (Ford à Saint Paul), des engrais, des produits chimiques et du raffinage du pétrole (South Saint Paul), du matériel électronique, de l’impression-édition. La valeur ajoutée par toutes les industries s’élève à 3 milliards de dollars (treizième rang parmi les centres industriels américains).

Les Twin Cities ont une fonction commerciale très importante : elles constituent un des principaux nœuds ferroviaires entre Chicago et le Pacifique ; elles représentent le premier marché du blé et un des premiers pour le bétail. Mais les grands courants commerciaux étant orientés ouest-est, elles n’alimentent qu’un trafic fluvial modeste (2 Mt de charbon, engrais, produits pétroliers).

Dans le plan de la conurbation, on distingue les noyaux anciens, à la voirie désordonnée, et les quartiers construits selon le damier nord-sud-est-ouest, typique des villes du Centre et de l’Ouest. Cette régularité est cependant brisée par quelques diagonales (dont Broadway) à Minneapolis, par la topographie à Saint Paul, par un chapelet de lacs (d’origine glaciaire) qui, entourés de vastes parcs, ceinturent Minneapolis vers l’ouest. Des banlieues de résidence (Columbia Heights, Saint Louis Park) ou d’industrie (South Saint Paul) donnent une grande étendue à l’agglomération.

La zone métropolitaine de Minneapolis et Saint Paul comptait 1 815 000 habitants en 1970, nombre en augmentation de 25 p. 100 depuis 1960 (un des taux les plus forts aux États-Unis), surtout du fait de l’extension des banlieues, car les centres sont en diminution constante depuis vingt-cinq ans.

P. B.

Minnesota

État du centre-nord des États-Unis : 217 735 km2 ; 3 805 000 hab. Cap. Saint Paul.


On peut distinguer trois régions naturelles. La région nord, environ les deux tiers de l’État, repose en grande partie sur le bouclier précambrien ; la dernière glaciation y a sculpté une myriade de cuvettes lacustres (l’« État des 10 000 lacs ») ; sur ces roches dures décapées, les sols se reconstituent lentement à cause du climat aux hivers longs et froids (– 13 °C à Duluth en janvier), à la période végétative courte et fraîche (120 jours sans gelées ; 18 °C en juillet). La forêt boréale à conifères de l’extrême nord passe à la forêt mixte vers le sud. Les conditions sont défavorables à l’agriculture, qui n’est plus qu’une activité de complément ou en voie d’abandon. Forêts et mines de fer sont les seules richesses de cette région.

Le sud de l’État a de bons sols formés à partir de moraines ou de lœss sous prairie ou forêt de feuillus, celle-ci cédant la place à celle-là vers le sud-ouest. Le climat permet la culture des céréales, notamment du maïs (22 à 23 °C de moyenne en juillet ; 750 mm de précipitations à maximum d’été).

La vallée de la Red River, héritière d’un ancien lac glaciaire, jouit de bonnes conditions climatiques, pédologiques et topographiques.

La colonisation commença vers 1840 (Américains de l’Est) et s’intensifia entre 1880 et 1900 (Allemands et Scandinaves). Cette période vit le développement simultané de l’agriculture (blé, puis avoine, maïs, foin et élevage laitier), des mines de fer et de l’exploitation forestière.

La région de la Red River appartient au Wheat Belt des Dakotas. Le Sud fait déjà partie du Corn Belt. Les principales productions sont le maïs (quatrième rang), le soja, les fourrages (quatrième rang), l’avoine (premier rang), le blé, la betterave à sucre (troisième rang), le lin, les pommes de terre. La zone des feuillus et la région de transition de celle-ci à la prairie appartiennent au Dairy Belt. Le Minnesota est un des premiers producteurs de lait, beurre et fromage ; sur 4 millions de bovins, il y a 1 million de vaches laitières (troisième place). La taille moyenne des fermes s’est accrue (environ 100 ha aujourd’hui) à la faveur de l’exode rural (197 000 exploitations en 1940, 125 000 en 1970). La commercialisation des produits végétaux et animaux rapporte 2 milliards de dollars.

La mainmise de l’État sur une partie de la forêt et la sylviculture rationnelle permettent l’alimentation régulière des usines de pâte et papier.