Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Milhaud (Darius) (suite)

À la scène, Milhaud a donné une quinzaine d’opéras d’importance et de dimensions très diverses, allant des savoureux Opéras-minutes (1927) aux deux grandes trilogies : l’Orestie et la trilogie sud-américaine se composant de Christophe Colomb, l’un de ses chefs-d’œuvre, de Maximilien (1930) et de Bolivar (1942). David est d’égale envergure, de même que le tout récent Saint Louis (1971), tandis que les Malheurs d’Orphée, Esther de Carpentras ou le Pauvre Matelot (1926) figurent de parfaites réussites dans le cadre plus restreint de l’opéra de chambre. Une douzaine de ballets couvre toute la carrière du musicien. Ici se trouvent quelques-unes de ses pages les plus célèbres : l’Homme et son désir, le Bœuf sur le toit, la Création du monde, l’une des adaptations les plus personnelles du jazz dans la musique européenne de l’époque, etc. Milhaud a écrit de très nombreuses pages chorales : cantates, oratorios (dont le Cantique de la sagesse et la symphonie Pacem in terris sont les plus importants), ainsi qu’une quantité de pages pour voix seule : cantates, cycles de mélodies avec orchestre ou piano. La musique d’inspiration juive, destinée au culte (Service sacré, 1947), au concert (Poèmes juifs, 1916 ; Six Chants populaires hébraïques, 1925) ou même à la scène (Esther de Carpentras, David), occupe une place toute particulière et comporte quelques-unes des œuvres les plus émouvantes et les plus profondes de Milhaud. Quant à la musique instrumentale, innombrable, elle comprend notamment douze symphonies, une trentaine d’œuvres concertantes, des pages symphoniques diverses, suites, sérénades, ouvertures, divertissements (citons particulièrement la Suite provençale de 1936 et la Suite française de 1944). La musique de chambre, outre quelques sonates et trios, nous offre surtout un ensemble de dix-huit quatuors à cordes, aussi unique dans la musique française que celui des symphonies, quatre quintettes, un sextuor et un septuor à cordes, de nombreuses pages pour instruments à vent (dont la savoureuse Cheminée du roi René, de 1939) ainsi que les six Symphonies-minutes, écrites entre 1917 et 1923 pour petits ensembles de solistes. Des pages pour piano et pour orgue complètent ce très riche catalogue.

H. H.

 D. Milhaud, Études (André Delpeuch, 1928) ; Notes sans musique (Julliard, 1949 ; 2e éd., 1963) ; Entretiens avec Claude Rostand (Julliard, 1952). / P. Collaer, Darius Milhaud (Richard-Masse, 1947). / P. Claudel et D. Milhaud, Correspondance, 1912-1953 (Gallimard, 1961). / J. Roy, Darius Milhaud (Seghers, 1968).


Les œuvres principales de D. Milhaud

• opéras : la Brebis égarée (1910-1915 ; création en 1923) ; l’Orestie, trilogie (1913-1922) ; les Malheurs d’Orphée (1924 ; création en 1926) ; Esther de Carpentras (1925 ; création en 1938) ; le Pauvre Matelot (1926 ; création en 1927) ; Trois Opéras-minutes (1927-28) ; Christophe Colomb (1928 ; création en 1930) ; Maximilien (1930 ; création en 1932) ; Médée (1938 ; création en 1939) ; Bolivar (1942 ; création en 1950) ; David (1952) ; Fiesta (1958) ; la Mère coupable (1965 ; création en 1966) ; Saint Louis (1971).

• ballets : l’Homme et son désir (1918 ; création en 1921) ; le Bœuf sur le toit (1919 ; création en 1920) ; la Création du monde (1923) ; Salade (1924) ; le Train bleu (1924) ; les Songes (1933) ; Moïse (1940) ; 1re audition en 1943) ; ’adame Miroir (1948) ; les Rêves de Jacob (1949) ; la Cueillette des citrons (1950) ; Vendanges (1952) ; etc.

• Très nombreuses musiques de scène, de radio et de film.

• cantates et oratorios : le Retour de l’enfant prodigue (1917 ; 1re audition en 1922) ; le Cantique de la sagesse (1935 ; 1re audition en 1945) ; le Château du Feu (1954 ; 1re audition en 1955) ; la Tragédie humaine (1958) ; Cantate de la Croix de charité (1960) ; Invocation à l’ange Raphaël (1962) ; Pacem in terris, symphonie chorale (1963) ; etc.

• musique religieuse : 3 psaumes (1918-1921) ; Liturgie comtadine (1933 ; 1re audition en 1934) ; Service sacré (1947 ; 1re audition en 1949) ; Cantate des psaumes (1967) ; etc.

• chœurs a cappella : la Mort d’un tyran (1932 ; 1re audition en 1933) ; Cantate de la paix (1937 ; 1re audition en 1938) ; les Deux Cités (1937) ; Quatrains valaisans (1935 ; 1re audition en 1948) ; Cantate de la guerre (1940 ; 1re audition en 1947) ; Six Sonnets composés au secret (J. Cassou, 1946 ; 1re audition en 1947) ; Naissance de Vénus (1949) ; etc.

• mélodies : Alissa (A. Gide, 1913-1931) ; Poèmes juifs (1916 ; 1re audition en 1920) ; Poèmes de Francis Jammes (4 recueils, 1910-1918 ; 1re audition en 1919) ; les Soirées de Pétrograd (1919) ; Machines agricoles (1919 ; 1re audition en 1920) ; Catalogue de fleurs (1920 ; 1re audition en 1922) ; Six chants populaires hébraïques (1925) ; Quatre Chansons de Ronsard (1941) ; etc.

• symphonies : 12 symphonies de 1939 à 1961, dont : no 3 avec chœurs, Te Deum (1946 ; 1re audition en 1947) ; no 4, 1848 (1947 ; 1re audition en 1948) ; no 8, Rhodanienne (1957) ; no 11, Romantique (1960) ; no 12, Rurale (1961 ; 1re audition en 1962). En outre : Symphonie pour l’univers claudélien (1968).

• concertos : une trentaine, dont 5 pour piano (1933-1955) ; 2 pour 2 pianos (1941-1961) ; 3 pour violon (1927-1958) ; 2 pour violoncelle (1934-1945) ; 2 pour alto (1929-1955) ; 1 pour clarinette (1941 ; 1re audition en 1946) ; 1 pour hautbois (1957 ; 1re audition en 1958) ; 1 pour harpe (1953 ; 1re audition en 1954) ; 1 pour clavecin (1964) ; 1 pour percussion (1930) ; 1 pour flûte et violon (1939 ; 1re audition en 1940) ; en outre, nombreuses pages concertantes diverses, dont : Cinq Études pour piano et orchestre (1920 ; 1re audition en 1921) ; le Carnaval d’Aix, pour piano et orchestre (1926) ; 4 concertinos des Saisons, pour formations diverses de chambre (1934-1953) ; etc.

• œuvres diverses pour orchestre : 2e suite symphonique, Protée (1919 ; 1re audition en 1920) ; Sérénade (1921) ; Saudades do Brasil (1921) ; Suite provençale (1936 ; 1re audition en 1937) ; Suite française (1944 ; 1re audition en 1945) ; Symphoniette pour cordes (1957) ; Symphonie concertante (1959) ; Promenade-concert (1967) ; la série des « Musiques pour... » différentes villes (six depuis 1965) ; etc.