Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

microbe

Terme créé par Charles Sédillot (1804-1883) en 1878, avec l’accord de Littré, pour désigner les « animalcules » unicellulaires.


Le néologisme microbe fut critiqué en raison de son inexactitude (étymologiquement, microbe signifie « à vie courte »), mais finalement adopté pour désigner les organismes unicellulaires plus spécialement responsables des fermentations ou de manifestations pathologiques végétales, animales et surtout humaines. Les microbes forment un groupe artificiel qui englobe en réalité tous les êtres unicellulaires.

L’étude des microbes a été amorcée par Pasteur* avec ses travaux sur les fermentations, qui firent entrevoir à Joseph Lister, avant les premiers résultats pasteuriens de bactériologie humaine, le rôle de micro-organismes dans l’infection. L’isolement ultérieur des germes responsables de nombreuses maladies permit les progrès de la microbiologie. Notons, cependant, que les Virus ont été connus, cultivés, inoculés avant même que les progrès techniques aient permis de les mettre en évidence (microscopie électronique), alors que les Bactéries, les Levures, visibles en microscopie optique, n’ont été découverts que près de deux siècles après l’invention du microscope par A. Van Leeuwenhoek.

Différentes classifications des microbes ont été proposées ; elles se fondent essentiellement sur la morphologie, la physiologie. Certains êtres unicellulaires se comportent comme des éléments du règne animal (Amibes, Flagellés, etc.) : ce sont des Protozoaires. D’autres sont des êtres du règne végétal (tels certains Champignons) ; ce sont des Protophytes.

Il peut paraître difficile de distinguer les Bactéries et les Virus beaucoup plus petits et de structure apparemment plus simple, alors que des différences fondamentales les séparent : les Bactéries sont des cellules dont le noyau est formé d’un seul chromosome et n’a pas de membrane (procaryote). Elles contiennent de l’acide désoxyribonucléique (A. D. N.) et de l’acide ribonucléique (A. R. N.). Elles ont des caractères les rapprochant des cellules végétales, mais certaines peuvent être mobiles grâce à des flagelles. Elles ne constituent pas des parasites obligatoires de la cellule. Les Virus, à l’opposé des Bactéries, ne peuvent se développer que dans les cellules vivantes et ne contiennent qu’un acide nucléique (A. D. N. ou A. R. N.).

Les microbes peuvent, outre ces distinctions morphologiques et physiologiques, être classés en fonction de leur caractère saprophyte ou pathogène. Le cadre des germes pathogènes se divise également selon l’espèce (végétale, animale ou humaine), où ils entraînent avec prédilection un effet pathogène. Pour certains microbes, la vie indépendante est possible. Il s’agit le plus souvent des germes chimiotrophes ou phototropes (v. Bactérie).

En fait, le terme de microbe est actuellement abandonné. La microbiologie, créée par Pasteur, a éclaté en de nombreuses spécialités au fur et à mesure de ses progrès. On distingue ainsi la bactériologie — elle-même subdivisée en branches médicale et vétérinaire, industrielle, agronomique —, la virologie, la mycologie, la parasitologie et les sciences qui leur sont attachées : sérologie et immunologie parasitaire, bactérienne ou virale. Les microbes s’appellent actuellement Bactéries, Virus, Levures, parasites. Mais, malgré les renouvellements fréquents de cette classification, il demeure parfois difficile de placer certains germes dans telle ou telle catégorie : telles les Rickettsies ou certains agents de mycoses cutanées ou viscérales.

P. V.

➙ Bactérie / Virus.

 A. Boivin, les Microbes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1942 ; 4e éd., 1956). / R. Y. Stanier, M. Doudoroff et E. A. Adelberg, The Microbial World (Englewood Cliffs, N. J., 1957, 3e éd., 1970 ; trad. fr. Microbiologie générale, Masson, 1966). / J. Rivière, les Microbes utiles (Hachette, 1964). / P. Manil, l’Utilisation des microbes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968). / J.-P. Larpent et M. Larpent-Gourgaud, Microbiologie pratique (Hermann, 1970).

Micronésie

Ensemble d’archipels situé dans le Pacifique occidental, entre l’équateur et le tropique du Cancer.


Le terme de Micronésie (du gr. mikros, petit) se réfère à la faible superficie des îles qui constituent cette partie de l’Océanie. En effet, les îles Mariannes, avec Guam, couvrent 1 220 km2, les îles Carolines 1 320, les îles Marshall 235 et les îles Gilbert, partie micronésienne des Gilbert, 480, soit moins de 3 300 km2 pour un ensemble dispersé sur une surface aussi grande que l’Europe.

Le nombre des îles véritables dépasse le millier, et il s’y ajoute d’innombrables îlots et récifs. Ce sont des îles volcaniques entourées de récifs coralliens ou des atolls, véritables anneaux de corail entourant le lagon. Les Mariannes sont constituées de quinze îles volcaniques alignées le long d’une grande fracture nord-sud ; quelques volcans sont actifs au nord, d’autres sont flanqués de plateaux calcaires. Les îles Palaos (Carolines occidentales) sont également des îles volcaniques enserrées dans un même récif-barrière ; de même, Truk groupe à la fois des îles volcaniques et coralliennes. Par contre, à l’est, les Marshall sont formées de trente-quatre atolls et les Gilbert de seize. L’atoll de Kwajalein (Marshall) est le plus grand du monde.

Situées à proximité de l’équateur, les îles de la Micronésie ont toutes un climat tropical chaud (de 25 à 28 °C en moyenne). Les pluies sont abondantes sur les îles montagneuses, mais elles diminuent sur les récifs coralliens des Marshall et des Gilbert, qui peuvent souffrir de la sécheresse et manquent parfois d’eau potable.

Les habitants de la Micronésie (Micronésiens) sont très proches des Polynésiens. Comme eux, ils parlent des dialectes malayo-polynésiens. Ils ont souvent une peau brune dorée, un nez plat et large, des grands yeux bruns, des cheveux noirs et lisses. Mais certains groupes ont des traits qui rappellent ceux des Mélanésiens, et les caractéristiques mongoloïdes sont souvent plus prononcées que chez les Polynésiens. Il y a eu parfois métissage avec les Asiatiques, les Philippins, les Japonais ou avec des Européens (les Chamorros de Guam ont du sang espagnol).