Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Anvers (suite)

Les investissements se sont élevés à 46 milliards de francs belges entre 1950 et 1968 ; les capitaux sont en partie belges, mais surtout américains et ouest-allemands. Pétrochim (50 p. 100 belge) a investi 6 milliards de francs belges, Bayer 4 milliards en 1967-68, 1 milliard en 1969, la Badische Anilin 7,6 milliards entre 1965 et 1968, Ford et General Motors respectivement 2 et 5 milliards. Depuis 1960 ont été créés 25 000 emplois nouveaux, dont 7 000 pour le pétrole et la chimie.

Deux centrales électriques sont construites sur la rive gauche de l’Escaut : la centrale de Kallo (puissance finale : 2 000 MW) et la centrale atomique de Doel.

Un tel développement est lié à l’attrait de la mer, général depuis 1960, mais aussi à une politique dynamique qui a su aménager des milliers d’hectares, attirer de l’étranger des milliards, s’appuyer sur une puissante infrastructure de transport (la Ruhr et l’Angleterre sont à quelques heures) et faire jouer l’effet de concentration.


La métropole

La population de l’agglomération est de peu inférieure à celle de Bruxelles. Les actifs industriels ont augmenté de 36 p. 100 dans l’arrondissement d’Anvers entre 1950 et 1968 (Belgique : 19 p. 100), et le tiers de l’accroissement des effectifs industriels belges s’est localisé dans la province d’Anvers.

Anvers est, de très loin, le premier port belge. C’est par ce port, en territoire de langue néerlandaise, que se désenclave la Wallonie, ce qui crée des liens entre la grande ville néerlandophone et la grande ville francophone : Liège. Mais le canal Albert n’est pas un grand axe de développement, et, en revanche, Anvers est à l’extrémité nord du grand axe de développement A. B. C.

Si le secteur tertiaire n’occupe que 54 p. 100 des actifs, c’est en raison du développement industriel ; la part du tertiaire supérieur y est très forte (les assurances et les banques occupent plus de 17 p. 100 des actifs). Quarante banques sont installées dans la ville, notamment la Kredietbank, qui y a son siège social. Anvers est une grande place financière internationale, une ville d’entrepôt, un marché commercial important.

Située au sud du grand flux européen rhénan, Anvers a su, en construisant de puissantes infrastructures de transport, se tailler une belle place. Elle ne le cède en rien à Rotterdam pour l’industrialisation, et l’emporte pour le trafic des marchandises générales. Une tendance à un certain partage des fonctions se fait jour, tendance que les difficultés d’accès pour les très gros tonnages pourraient accentuer. Dans un proche avenir, l’avancée de Rotterdam à Moerdijk, puis dans la zone de Hellevoetsluis, le développement de Flessingue et le plan Baalhoek vont faire se rejoindre ces ports et obliger Belges et Néerlandais à une certaine coopération.

A. G.

 F. J. Van den Branden, Geschiedenis der Antwerpse schildersschool (Anvers, 1883). / H. Pirenne, Histoire de Belgique des origines à nos jours (Lamertin, Bruxelles, 1900-1932 ; 7 vol.). / H. Hymans, Anvers (Laurens, 1914). / F. Prims, Geschiedenis van Antwerpen (Anvers, 1927-1949 ; 28 vol.). / H. Van Werveke, Bruges et Anvers : huit siècles de commerce flamand (Libr. encyclopédique, Bruxelles, 1944). / E. Sabbe, Anvers, métropole de l’Occident, 1492-1566 (la Renaissance du livre, Bruxelles, 1952). / R. Ehrenberg, le Siècle des Fugger (S. E. V. P. E. N., 1955). / A. Odouard, Dunkerque et la compétition Dunkerque-Anvers (Fac. de droit, Lille, 1958). / E. Coornaert, les Français et le commerce international à Anvers, fin du xv-xvie siècle (Rivière, 1964 ; 2 vol.). / A. Vigarié, les Grands Ports de commerce de la Seine au Rhin (S. A. B. R. I., 1964).


Anvers, ville d’art


Architecture

La ville s’est développée, au cours des siècles, en forme de demi-cercle autour du château, le « Steen ». La fin du Moyen Âge a laissé un certain nombre de bâtiments civils et religieux. La cathédrale Notre-Dame, de style gothique brabançon, fut commencée vers 1350. Avec ses 7 nefs, ses 117 m de longueur et sa tour, dont la flèche culmine à 123 m (v. 1520-1530), elle est une des plus importantes églises de Flandre. De style gothique sont également les églises Saint-Jacques (1491), Saint-André (1514), Saint-Paul (1530-1571). La Boucherie (« Vleeshuis », actuellement musée) fut bâtie en 1503 par Herman et Domien de Waghemaekere (qui travaillèrent aussi à la cathédrale).

La ville d’Anvers doit à la Renaissance un de ses plus beaux monuments : l’hôtel de ville (1565) de Cornelis Floris* de Vriendt, sur la Grand-Place (Grote Markt), premier exemple d’une fusion de la tradition autochtone médiévale et de la Renaissance italienne. Plusieurs maisons de gildes et corporations du milieu du xvie s. subsistent sur la Grand-Place.

La Contre-Réforme est le stimulant majeur de l’art baroque au xviie s. Wenzel Cobergher (1561-1634) est un des premiers architectes du nouveau style (église Saint-Augustin, 1615). Un des plus beaux exemples d’architecture religieuse du xviie s. aux Pays-Bas est l’église des pères jésuites, Saint-Charles-Borromée (1615-1621), par Petrus Huyssens (1577-1637). La maison de Rubens*, actuellement musée, s’inspire des palais de Gênes.

Anvers conserve deux beaux exemples de rococo et de style Louis XV : l’hôtel Susteren (1745), qui fut palais royal et est devenu centre culturel, et la maison Osterrieth, tous deux par Jan Pieter Van Baurscheit le Jeune (1699-1768).

Le néo-classicisme, le romantisme, l’éclectisme ont laissé leurs traces à Anvers : palais de justice (1871) de F. C. Baeckelmans, Banque nationale (1875) de H. J. F. Beyaert, etc. Henry Van de Velde (1863-1957), architecte apparenté à l’« art nouveau », y construisit quelques maisons. De 1930 à 1932 a été édifié le « Boerentoren » de Van Hoenacker, type d’architecture « moderniste » de cette époque.


Sculpture

Vers le milieu du xve s., la production de retables sculptés se développe en une véritable industrie, travaillant en majeure partie pour l’exportation. Le retable d’Averbode (musée de la Boucherie) est un des rares exemples que la ville ait pu conserver de ces compositions narratives riches en détails pittoresques, à la polychromie et au décor surabondants.