Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Anvers (suite)

La Bourse d’Anvers

N’ayant sans doute désigné à la fin du xiiie et au début du xive s. qu’un simple marché local, la Bourse d’Anvers apparaît peu après comme le lieu de rencontre régulier et privilégié où l’ensemble des marchands anversois traitent de leurs affaires. Situé dans la Bullincstraat, où s’élève au xive s. une maison dite « Borze », dont la cour centrale sert de cadre aux débats marchands, ce lieu de rencontre s’élargit à l’extrémité de la rue où se trouve située la « Borze » et devient, au moins dès 1452, la Bourse des Merciers, dite « Vieille Bourse » (la première), autour de laquelle se multiplient naturellement les établissements commerciaux et religieux qui en font le grand centre d’échanges de marchandises de la ville.

À cette institution purement privée, mais bientôt insuffisante, se substitue l’établissement public que la municipalité fait édifier, sans doute en bois, en face de la Bourse des Merciers, sur un terrain acheté par elle en 1487, et que la coutume désignera également sous le nom de Vieille Bourse (la seconde). Reconstruite en 1515 avec des piliers de pierre par l’architecte Domien de Waghemaekere (1460-1542), cette Bourse sert dès lors de lieu de réunion, matin et soir, aux marchands anversois qui y échangent leurs marchandises. Démolie en 1541, elle est remplacée par la Nouvelle Bourse, du même architecte, située extra-muros en vertu d’une autorisation de transfert de Charles Quint du 25 juin 1531, et malgré l’opposition des colonies marchandes étrangères d’Anvers, que cette décision lèse dans leurs intérêts. Inaugurée en 1532, utilisée à partir du 29 mai 1533 et destinée à l’origine au négoce des marchandises, elle se spécialise très tôt dans celui des valeurs, auquel se livrent les marchands après avoir procédé à leurs échanges de marchandises dans l’Engelsche Beurs (Bourse des Anglais), également construite à l’initiative de la municipalité et auprès de la Vieille Bourse, proche du port.

Tenant séance de 11 heures à midi et de 6 à 7 heures, ou de 7 à 8, selon la saison, la Nouvelle Bourse (règlement de 1544, texte de 1567, statut de 1580) devient le grand centre de la vie économique anversoise et le modèle de toutes les autres Bourses de valeurs du monde entier, à commencer par celle de Londres, édifiée en 1566 à l’initiative de Thomas Gresham. En 1858, un incendie détruit le bâtiment, qui sera reconstruit dix ans plus tard.


L’agglomération

La ville et le port se sont développés uniquement sur la rive droite de l’Escaut (Schelde). Les implantations sur la rive gauche, la « Tête de Flandre », commencent à peine.

Le noyau primitif se trouve à l’emplacement du Steen actuel. La ville s’est agrandie par une suite d’enceintes en demi-cercle ; vers 1560, Anvers, qui avait déjà 100 000 habitants, construisit une nouvelle enceinte, occupée actuellement par les avenues de France, d’Amérique ; la ville avait 2,5 km de long sur 1,5 km de large. Aujourd’hui, à côté des quais en demi-lune de la « rade », le centre de la ville vit autour du Grote Markt, au-dessus duquel s’élèvent la flèche de la cathédrale Notre-Dame et la tour de la Kredietbank. Il fallut attendre 1859-1865 pour que soit construite une nouvelle enceinte, dont l’emplacement est actuellement utilisé par l’autoroute périphérique.

L’agglomération s’est étendue vers l’est avec un axe industriel, le long du canal Albert, mais elle s’est surtout allongée dans le sens nord-sud, le long de l’Escaut. Vers le nord, le port touche la frontière néerlandaise, tandis qu’au nord-est s’allonge une banlieue résidentielle ; vers le sud, par Burcht, Hoboken, Rupelmonde, Tamise (Temse), la banlieue descend vers le Rupel ; c’est le début de l’axe A. B. C. (Anvers-Bruxelles-Charleroi).


Le port

La situation du port au fond de l’estuaire de l’Escaut, à 80 km de la mer, est encore un avantage certain pour la plupart des navires, mais est devenue une gêne pour les plus gros tonnages. L’estuaire est sinueux, parfois brumeux, encombré par une circulation intense ; les navires doivent attendre la marée. L’estuaire appartient aux Pays-Bas et Anvers ne peut construire un avant-port ; Flessingue (Vlissingen) ou Terneuzen sont, au contraire, des concurrents. Le port s’est avancé vers l’aval, mais est bloqué par la frontière : l’écluse de Zandvliet, une des plus grandes du monde, est accessible aux 100 000 t, mais l’Escaut a une profondeur maximale de 13,6 m. Or, Anvers a créé un des grands centres pétrochimiques du monde juste avant l’apparition des supertankers, et la ville a dû accepter la construction d’un pipeline venant de Rotterdam. On aménage sur la rive gauche une aire égale à la superficie actuelle (plan Baalhoek), et on projette un débouché plus facile sur l’estuaire (en territoire néerlandais) ; il est toujours question d’un grand canal partant de Bruges, creusé en territoire belge.

Cinq grandes voies ferrées transportent environ 30 p. 100 des marchandises et font d’Anvers le premier port ferroviaire d’Europe. L’autoroute du roi Baudouin, E 39, passe à Liège et met la Ruhr à trois heures ; E 3, d’Anvers à Lille, et E 10, Rotterdam-Anvers-Bruxelles-Paris, sont presque achevées en 1971 ; l’obstacle de l’Escaut est franchi par un deuxième tunnel depuis mai 1969.

Le trafic vers l’intérieur se fait par voie d’eau à 70 p. 100. L’Escaut n’a toutefois jamais joué un grand rôle : à l’amont, il y a Gand et l’ouest de la Wallonie. Trois voies d’eau sont essentielles : le canal A. B. C. est le grand axe de développement de la Belgique ; le canal Albert relie Anvers à Liège ; la troisième voie est le Rhin (le tiers du trafic fluvial). Ici, toutefois, les allèges doivent passer par les bras d’eau néerlandais. Les Néerlandais ont donné leur accord pour le creusement d’un canal plus direct, qui devait être accessible en 1975 aux convois de 9 000 t. Le canal Albert a été porté à 10 000 t.

Le port est la propriété de la ville d’Anvers ; la gestion est assurée par le Collège des bourgmestres et échevins ; la ville possède les bassins et certains équipements, mais loue des surfaces à des entreprises privées ; ce sont, en effet, des entreprises privées qui manutentionnent, entreposent et parfois équipent les quais.