Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Medellín

V. de Colombie ; 770 000 hab.


En Colombie, pays très montagneux où la cordillère des Andes divise, par ses trois sierras, l’espace en zones relativement indépendantes, chaque vallée a pu donner naissance à une véritable capitale régionale, telle Medellín, capitale de la vallée de l’Aburra, dans la cordillère centrale. Restée jusqu’au début du xxe s. une petite ville, cette cité a ensuite connu une croissance accélérée, particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale. Medellín ne comptait que 12 000 habitants en 1825 et 65 000 en 1912.

La ville est aujourd’hui le centre d’une agglomération qui a dépassé le million d’habitants en dépit d’une légère diminution de son rythme de croissance depuis 1965. Son essor a d’abord reposé sur sa fonction de centre d’une zone de culture intensive du café, et le début de sa prospérité tient à la commercialisation de ce produit et à la résidence des propriétaires des plantations. Il s’y est ajouté un rôle de chef-lieu administratif, des fonctions religieuses et culturelles par l’installation du siège d’un archevêché catholique et d’une université. Mais le grand essor urbain est lié à une industrialisation relativement précoce et importante. L’isolement relatif de la ville a favorisé la croissance sur place d’une industrie de biens d’usage et de consommation fondée sur le marché régional, financée par les capitaux d’une bourgeoisie urbaine enrichie par la culture du café et servie par la présence d’une main-d’œuvre bon marché. Tournée d’abord vers les textiles et l’alimentation, cette industrie s’est ensuite diversifiée en cherchant, d’une part, à produire les machines qui lui étaient nécessaires et, d’autre part, à conquérir un marché élargi par ses usines métallurgiques, mécaniques et chimiques, en profitant de son avance par rapport à l’industrialisation de la plupart des villes colombiennes. Cependant, depuis une dizaine d’années, la crise de l’économie régionale caféière et des difficultés accrues dans le financement industriel ont provoqué un certain marasme dans les activités économiques de Medellín. Il s’y est ajouté la concurrence croissante de Cali*, qui, grâce aux investissements étrangers, bénéficie de la création d’activités industrielles plus modernes et mieux placées sur le marché national. Pour faire face à cette crise, les industriels de Medellín sont parfois contraints de vendre leurs entreprises ou au moins de s’associer à de grandes entreprises étrangères, nord-américaines notamment. Ville modeste avant l’essor industriel, Medellín ne conserve, dans sa partie centrale, que quelques vestiges de ses paysages anciens. L’essentiel du tissu urbain est formé des zones industrielles juxtaposées aux quartiers pauvres, abritant la population ouvrière.

M. R.

Mèdes

Peuple de l’Iran ancien, qui, aux viie et vie s., fut la base d’un empire de l’Orient et qui garda son individualité jusqu’au iiie s. apr. J.-C.



Les origines et les premiers royaumes

Si on ne connaît pas l’époque où s’est formée l’ethnie des Mèdes, il est hors de doute qu’elle est composée des porteurs de la « céramique grise », dont l’invasion traverse l’Iran septentrional à partir de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C., et des populations précédentes qu’ils ont assimilées en s’installant dans le nord-ouest de l’Iran ; le peuple qui résulte de cette fusion parle une langue iranienne, qui n’est connue que par des anthroponymes. Les auteurs grecs tardifs lui attribuent tout le nord-ouest de l’Iran, jusqu’à l’Élam au sud, jusqu’au désert central et aux Portes caspiennes à l’est, mais la civilisation des Mèdes est surtout représentée aux abords de la grande voie commerciale qui va de la Diyālā supérieure à Rhagès (auj. Rey, près de Téhéran) et particulièrement autour d’Ecbatane (auj. Hamadhān), leur future capitale. C’est un texte assyrien qui cite ce peuple iranien pour la première fois, en 834. Du ixe au viie s., les plus actifs des rois d’Assyrie, qui font campagne en Médie pour s’y procurer des chevaux, établissent des garnisons dans la partie occidentale du pays, s’avancent jusqu’au district d’Ecbatane et reçoivent le tribut du reste des Mèdes. On ne peut suivre le récit d’Hérodote concernant l’unification du peuple mède sous un seul roi, phénomène dont la datation reste incertaine : lorsque cette population est nommée pour la dernière fois par les Assyriens (672), ses rois sont puissants, mais nombreux. Puis, à partir de 615, elle reparaît — dans les textes babyloniens — sous le domination d’un souverain unique, Cyaxare (qui aurait régné de 625 à 585 environ).


L’Empire mède

En liaison avec le roi de Babylone, Cyaxare fait campagne contre les Assyriens, sur qui il remporte des victoires décisives, détruisant Assour (614) et Ninive (612). Après l’anéantissement de l’armée assyrienne, il s’empare d’immenses régions : le nord de la haute Mésopotamie, qui avait appartenu à l’empire d’Assour, le royaume d’Ourarthou (Anatolie orientale), détruit par les Mèdes ou par les Scythes, et, du côté des Lydiens, auxquels il s’est heurté (590-585), l’Anatolie centrale jusqu’à l’Halys. La prédominance des Mèdes — un empire des montagnes — s’exerce également sur les petits royaumes perses des confins de l’Élam et, sans doute, sur la majeure partie du reste de l’Iran. Une domination aussi étendue et ignorant probablement l’organisation bureaucratique des empires précédents en Orient est fragile. Le fils et successeur de Cyaxare, Astyage (v. 585-550), est vaincu et pris par le roi perse Cyrus II*, qui s’est révolté contre lui et qui, après avoir mis la main sur cet empire, laisse aux Mèdes un statut privilégié.


La civilisation des Mèdes

Elle reste mal connue à cause du retard des fouilles, qui n’ont guère touché Ecbatane et n’ont révélé que des forteresses et des palais fortifiés d’importance locale. Ce peuple guerrier n’a pas senti le besoin de l’écriture, mais les profits qu’il a tirés de la guerre et du commerce qui traverse l’Iran lui ont permis de se donner un art national. La plupart des œuvres que les archéologues lui ont attribuées sont de date ou d’origine incertaine, car cet art est fait d’emprunts aux peuples voisins, surtout aux Ourarthéens ; mais il n’y a guère de doute quand il s’agit de représentation des rites du zoroastrisme diffusé par la tribu mède des Mages, qui sont une caste sacerdotale. L’architecture est représentée par de petits palais avec des salles à colonnes (ixe-viie s.), qui préfigurent l’apadana achéménide, et par des tombes rupestres, dont la façade à reliefs et l’auvent à colonnes annoncent la tombe des rois perses. L’art mède est aussi remarquable par son orfèvrerie et ses bronzes, mais il n’est pas certain que l’on doive lui attribuer la dernière phase des bronzes du Luristān ou les pièces anciennes du « trésor de l’Oxus ».