Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

médecine (suite)

D’autres sujets d’études sont apparus, en raison du développement de la législation propre à la profession médicale et des obligations qui en résultent vis-à-vis des malades, d’organismes de gestion comme les caisses de sécurité sociale, d’organismes de contrôle comme l’Ordre des médecins ; de nouveaux litiges et de nouveaux types d’infractions imposent de nouvelles dispositions d’expertise.

Parmi les médecins français qui ont le plus développé la connaissance des violences et de leurs conséquences, il convient de citer Ambroise Paré (v. chirurgie), Auguste Ambroise Tardieu (1818-1879), Paul Brouardel (1837-1906), Victor Balthazard (1872-1950). Dans le domaine de la toxicologie criminelle, Mathieu Joseph Bonaventure Orfila (1787-1853) a véritablement créé la discipline moderne telle que nous la connaissons.

E. F.

Le secret médical en France

« Les médecins, chirurgiens et autres officiers de santé, ainsi que les pharmaciens, les sages-femmes et toutes autres personnes dépositaires, par état ou profession, ou par des fonctions temporaires ou permanentes, des secrets qu’on leur confie, qui, hors les cas où la loi les oblige à se porter dénonciateurs, auront révélé ces secrets, seront punis d’un emprisonnement d’un mois à six mois et d’une amende de 500 F à 3 000 F.

« Toutefois, les personnes ci-dessus énumérées, sans être tenues de dénoncer les avortements, jugés par elles criminels, dont elles ont eu connaissance à l’occasion de l’exercice de leur profession, n’encourent pas, si elles les dénoncent, les peines prévues au paragraphe précédent ; citées en justice pour une affaire d’avortement, elles demeurent libres de fournir leur témoignage à la justice sans s’exposer à aucune peine. »

L’Académie nationale de médecine

Elle fut créée le 20 décembre 1820. Initialement fondée pour pouvoir renseigner le gouvernement « sur tout ce qui intéresse la santé publique... », elle est aussi devenue une société savante de haut niveau, l’élection à l’Académie étant le véritable couronnement des grandes carrières médicales.

P. V.


La médecine actuelle

La médecine est en évolution constante et rapide. Elle l’est dans ses moyens, pour lesquels elle dispose des données croissantes de la biochimie et de la biophysique, dont les progrès améliorent les procédés d’exploration et de traitement. Elle l’est dans ses structures, la médecine libérale classique étant, peu à peu, complétée par une médecine sociale, une médecine d’entreprise, une médecine fonctionnarisée. Elle l’est aussi dans ses objectifs, la classique médecine de soins cédant progressivement le pas à une médecine prophylactique.


Les conditions d’exercice de la médecine

La majorité des actes de médecine libérale s’effectue sous forme d’une consultation. Le médecin reçoit alors les patients soit à son domicile, soit dans un cabinet professionnel réservé à cet usage. Ce mode d’examen des malades a l’avantage de permettre au médecin d’examiner un plus grand nombre de patients sans perte de temps en trajets et de disposer de la totalité de son matériel d’examen et de soins. Par contre, il impose le déplacement au malade, qui doit donc être valide. C’est pourquoi, lorsque l’état du malade l’exige, le médecin vient l’examiner à son domicile : il s’agit alors d’une « visite ». En milieu rural, les frais de déplacement ainsi engagés par le médecin sont à la charge du malade qui a procédé à l’appel du praticien. Enfin, en dehors de ces deux activités bien définies, un médecin peut être appelé à délivrer des soins d’urgence lorsqu’il se trouve à proximité d’un accident ou d’un sinistre.

En réalité, dans ce dernier cas, les moyens du médecin sont souvent restreints sur le terrain, et, en milieu urbain tout au moins, cette médecine d’urgence est en passe de devenir une branche spécialisée de la médecine, dévolue à des équipes mobiles, motorisées, voire héliportées, en rapport constant avec un émetteur central radio qui les dirige sur les lieux où leur présence est souhaitée.

Actuellement, l’activité de la grande majorité des médecins est encore consacrée à l’exercice de la médecine générale. Ces médecins sont ainsi appelés des généralistes ou encore des omnipraticiens. En effet, ils sont confrontés à toutes les variétés de maladies et de blessures, et il est nécessaire qu’ils aient des notions de tout. Le savoir médical ne cessant de s’accroître et de devenir plus complexe, la tâche de ces médecins est aujourd’hui très ardue. La rapide évolution de la médecine fait qu’il ne leur est plus possible, comme cela pouvait encore se faire naguère, d’exercer leur art avec les seules connaissances qu’ils ont acquises durant leurs années d’études à la faculté. C’est pourquoi se sont répandues les réunions d’information permettant aux généralistes de venir se perfectionner au contact des médecins hospitaliers, qui leur exposent les acquisitions récentes de la médecine. Ces réunions prennent notamment l’aspect d’un enseignement postuniversitaire, qui contribue, avec les revues médicales, à maintenir le praticien à un niveau de connaissances en rapport avec son temps.

Cependant, l’exercice de la médecine générale devient difficile, car le médecin a de plus en plus de mal, compte tenu des horaires de travail surchargés qui sont les siens, à faire progresser ses connaissances au rythme des progrès scientifiques. C’est pourquoi s’accentue la tendance à la spécialisation. Le médecin spécialiste consacre son activité à un domaine restreint de la médecine. Il aura, bien entendu, la formation habituelle d’un omnipraticien, mais il devra acquérir par un enseignement théorique et des stages hospitaliers un niveau de connaissances supérieur dans une discipline donnée. Consacrant tous ses efforts à un domaine restreint, il pourra, sur un fond de connaissances générales, approfondir le sujet de sa spécialité et se maintenir ensuite au niveau de connaissances du moment dans cette discipline. En pratique, un médecin ayant satisfait aux examens de contrôle d’aptitude à une spécialité peut, pour certaines branches, choisir entre deux options :
ou bien il consacre toute son activité professionnelle aux maladies pour lesquelles lui a été délivré le certificat d’études spéciales (C. E. S.) — il exerce alors en tant que médecin spécialiste proprement dit ;
ou bien il conserve une activité de généraliste tout en se consacrant aux maladies pour lesquelles il a obtenu le C. E. S. — on dit alors qu’il exerce une « compétence ».