Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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médecine (suite)

• Microbiologie. Les travaux de Pasteur* et de ses élèves, Emile Roux (1853-1933) et Alexandre Yersin (1863-1943), dominent, à partir de 1870, la scène médicale. Les découvertes successives de Pasteur, mise en évidence des agents des maladies et lutte contre ces germes par la vaccination ou la sérothérapie, semblent assurer le triomphe de l’homme sur les maladies infectieuses. En fait, les choses se passeront moins simplement, mais l’essor de la microbiologie et la déclaration du 30 avril 1878 sur l’asepsie permettent d’assurer, après les tentatives de Lister, de Lucas-Championnière, l’application des méthodes d’aseptisation. Louis Félix Terrier (1837-1908) utilise, le premier, vêtements et instruments stériles.

Robert Koch (1843-1910) met en évidence en 1882 le bacille de la tuberculose, et Jean Antoine Villemin (1827-1897) démontre que cette maladie est expérimentalement inoculable.

• Parasitologie. Alphonse Laveran (1845-1922) découvre l’hématozoaire du paludisme. Les filarioses, la maladie du sommeil sont décrites en Afrique. Sir Patrick Manson (1844-1922) démontre le rôle du moustique dans la transmission des filarioses lymphatiques, et sir Ronald Ross (1857-1932) dans la transmission du paludisme. Carlos Juan Finlay (1833-1915) met en évidence en 1881 le rôle d’un autre moustique dans la transmission de la fièvre jaune. Emile Brumpt (1877-1951) émet l’hypothèse du rôle de la glossine (mouche tsé-tsé) dans la transmission de la maladie du sommeil, hypothèse confirmée par sir David Bruce (1855-1931) en 1903. La compréhension des mécanismes de nombreuses maladies tropicales débouche sur l’étude des endémies et sur la lutte contre certains fléaux. C’est l’essor de la médecine préventive.

• Immunologie. Les premiers travaux sur l’immunité sont dus à Elie Metchnikov (1845-1916), qui découvre l’importance de la phagocytose. Paul Portier (1866-1962) et Charles Richet (1850-1935) découvrent en 1902 l’anaphylaxie. Clemens von Pirquet (1874-1929) décrit l’allergie*.

• Physiologie. Paul Broca (1824-1880), établit une véritable carte du cerveau et précise le siège des lésions d’après la symptomatologie clinique. Ivan Petrovitch Pavlov* décrit les réflexes conditionnés. Étienne Jules Marey (1830-1904) étudie la contraction musculaire.

• Chirurgie. La diminution du risque infectieux permet de grands progrès. L’anesthésie, l’asepsie, les techniques d’hémostase (Theodor Emil Kocher [1841-1917], Jules Emile Péan [1830-1898]) permettent la chirurgie thoracique, abdominale : gastrotomie par Léon Labbé (1832-1916) en 1876, appendicectomie en 1887. L’urologie progresse avec Félix Guyon (1831-1920). La découverte des rayons X par Röntgen* en 1895 et leur application — radioscopie, radiographie — sont fondamentales pour les progrès de la chirurgie orthopédique. Les travaux de Pierre et Marie Curie*, qui découvrent le radium en 1898, inaugurent l’ère de la radiothérapie des tumeurs.

• Médecine clinique. En France, Pierre Potain (1825-1901), à la Charité, est un clinicien pur, mais il met au point un appareil à drainage pleural et le tensiomètre qui porte son nom. Georges Dieulafoy (1839-1911), grand enseignant, utilise très rapidement l’aide du laboratoire, dont il reconnaît l’importance pour le diagnostic. Sir W. Osler (1849-1919) est célèbre pour son enseignement et ses travaux sur les infections valvulaires cardiaques. En neurologie*, l’école française de la Salpêtrière, dont le fondateur est Jean Martin Charcot (1825-1893), acquiert une réputation mondiale, que soutiennent les élèves du maître : Pierre Marie (1853-1940), Jules Dejerine (1849-1917), Joseph Babinski (1857-1932). Guillaume Benjamin Duchenne de Boulogne (1806-1875) étudie la physiologie musculaire grâce à l’électricité. La psychiatrie progresse, et S. Freud* (1856-1939) crée la psychanalyse*. Des spécialités naissent : l’oto-rhino-laryngologie*, l’ophtalmologie*, la dermatologie*. La stomatologie (v. odonto-stomatologie) et la pédiatrie* se développent. Surtout, l’hygiène sociale préventive acquiert une grande importance. Certaines vaccinations deviennent obligatoires (typhoïde).

• De 1920 à nos jours
Les progrès de la médecine et de la chirurgie s’accélèrent.

Sur le plan social, hygiène et prévention sont développées ; les lois sociales naissent, et la Sécurité sociale confère le droit à l’égalité des soins.

Sur le plan technique, les progrès industriels, la technicité de certains services ou établissements hospitaliers permettent le développement des explorations et de la chirurgie cardio-vasculaire : cathétérisme (1929), développé par André Cournand (né en 1895) ; interventions cardiaques depuis 1944 (Alfred Blalok [né en 1899], Helen B. Taussig [née en 1898]) à cœur fermé, puis à cœur ouvert ; transplantation* cardiaque depuis 1967 (Christiaan Barnard [né en 1922]).

Sur le plan thérapeutique, cette époque a été marquée par la découverte des vitamines*, des hormones* et des antibiotiques*. La science des glandes endocrines a pour pères Claude Bernard et Charles Edouard Brown-Sequard (1817-1894), qui découvrent l’importance thérapeutique des extraits d’organes. Après l’insuline* (1921), isolée par sir Frederick Grant Banting (1891-1944), John James Rickard Macleod (1876-1935) et Charles Herbert Best (né en 1899), les hormones thyroïdiennes, surrénaliennes (1950), hypophysaires, etc., ont été successivement isolées, puis synthétisées. Surtout leur utilisation en thérapeutique a été codifiée.

Les sulfamides* sont découverts en 1935 par Gerhard Domagk (1895-1964) et leur mécanisme d’action est élucidé par Jacques Tréfoüel (né en 1897) ; puis sir Alexander Fleming (1881-1955) découvre la pénicilline*, premier de la longue famille des antibiotiques*. Les corticoïdes prennent la première place dans le domaine des anti-inflammatoires (v. stérol).