Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mécanique ondulatoire ou mécanique quantique (suite)

En mécanique quantique, de même, l’énoncé du principe d’incertitude par Heisenberg (deux grandeurs, représentées par deux opérateurs qui ne commutent pas entre eux, ne peuvent pas être définies simultanément avec exactitude) fut suivi d’une analyse détaillée des conditions réelles d’observation des systèmes atomiques, qui mit en évidence l’impossibilité pour l’observateur de définir expérimentalement toutes leurs propriétés simultanément. Cette analyse fut l’occasion d’une controverse acharnée entre Einstein et Bohr ; elle conduisit Bohr à affirmer l’inséparabilité entre le système physique et l’instrument de mesure et à énoncer le principe de complémentarité*.

L’interprétation de la mécanique quantique ainsi édifiée autour de Bohr par l’école de Copenhague a pour principe un empirisme fondamental et absolu : la théorie quantique relie entre elles les informations obtenues par un observateur qui mesure un phénomène. Mais la description d’un système atomique en soi, ou d’une réalité physique en soi, indépendamment d’un observateur, est une notion vide de sens. Bohr bannit totalement de ses écrits le terme de réalité.

L’interprétation de Copenhague s’est imposée très largement chez les physiciens puisqu’elle constitue un cadre entièrement cohérent et qu’elle fournit dans tous les cas l’interprétation des mesures qu’ils effectuent. Cependant, certains physiciens, et non des moindres, sont restés insatisfaits et font à l’interprétation de Copenhague les diverses critiques suivantes.
1. La nécessité d’une distinction entre l’objet physique étudié et l’observateur semble introduire un nouveau dualisme. En réponse à cette critique, on notera que les résultats calculés par la mécanique quantique sont indépendants de l’observateur : n’importe quel observateur utilisant le même dispositif expérimental effectuera les mêmes mesures. Une analyse détaillée montre également qu’il est impossible d’établir une frontière absolue entre le monde physique observé et l’observateur.
2. La mécanique quantique semble remettre en cause le déterminisme qui a été le fondement du développement scientifique, puisque, calculant des probabilités, elle est incapable de prévoir exactement le résultat d’une seule expérience. Or les prévisions statistiques de la mécanique quantique sont absolument contraignantes et s’inscrivent rigoureusement dans le cadre du déterminisme.
3. La mécanique quantique, enfin, ne serait pas « complète », c’est-à-dire que la représentation d’un système physique par sa fonction d’onde serait insuffisante pour représenter la totalité de la réalité physique. Ce point de vue, défendu par Einstein et de Broglie, repose sans doute sur une certaine conception philosophique de la réalité. Un certain nombre de théoriciens ont essayé de « compléter » la mécanique quantique en y introduisant des variables cachées ; mais ces théories n’ont pu jusqu’ici apporter aucune preuve de leur utilité.

B. C.

 W. Heisenberg, Die physikalischen Prinzipien der Quantentheorie (Leipzig, 1930 ; trad. fr. les Principes physiques de la théorie des quanta, Gauthier-Villars, 1957) ; Das Naturbild der heutigen Physik (Göttingen, 1955 ; trad. fr. la Nature dans la physique contemporaine, Gallimard, 1962). / L. de Broglie, Ondes, corpuscules, mécanique ondulatoire (A. Michel, 1945). / J.-L. Destouches, la Mécanique ondulatoire (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1948 ; 6e éd., 1971). / T. Kahan et B. Kwall, la Mécanique ondulatoire (A. Colin, 1953). / A. Messiah, Mécanique quantique (Dunod, 1958 ; nouv. éd., 1964-1969 ; 2 vol.). / M.-Y. Bernard, Initiation à la mécanique quantique (Hachette, 1962). / J. Barriol, Éléments de mécanique quantique (Masson, 1966). /J. Salmon et A. Gervat, Mécanique quantique (Masson, 1967 ; 2 vol.). / D. I. Blokhintsev, Principes essentiels de la mécanique quantique (trad. du russe, Dunod, 1968). / E. Durand, Mécanique quantique, t. I : Équation de Schrödinger (Masson, 1970).

mécanique des sols

Branche de la mécanique générale traitant de tous les problèmes de massifs et d’infrastructure qui se posent dans les travaux publics et le génie civil. (Dans cette branche d’application, on dit souvent géotechnique.)


À l’origine, la mécanique des sols étudiait l’équilibre et les déformations des massifs de terre sous l’influence des forces extérieures et internes. Elle s’est ensuite étendue au domaine expérimental. En tant que science mathématique, la mécanique des sols fut presque entièrement fondée durant la seconde moitié du xixe s. par des mathématiciens français : Charles de Coulomb*, Jean Victor Poncelet (1788-1867), Denis Poisson (1781-1840), Henri Darcy (1803-1858), Joseph Boussinesq (1842-1929), Henri Resal (1828-1896), Armand Considère (1841-1914), Albert Caquot (1881-1976) et un mathématicien anglais W. J. Macquorn Rankine (1820-1872). Peu après 1920 se développa la géotechnique, c’est-à-dire la partie expérimentale de la mécanique des sols, dont les principaux artisans furent A. Caquot, J. Kerisel, Karl Terzaghi, O. K. Fröhlich, M. Buisson, A. Casagrande, J. Verdeyen et D. P. Krynine.

Toutes les études de mécanique des sols et de géotechnique comportent une double difficulté : d’une part la nature variée et complexe des matériaux du sol ; d’autre part l’intervention fréquente de questions d’hydraulique souterraine. Un troisième élément de complication des études de géotechnique est la présence fréquente de colloïdes dans le sol, notamment d’argile, d’hydroxyde ferrique ainsi que d’acides humiques capables de modifier profondément les caractéristiques et le comportement des sols. La géotechnique moderne étend son domaine à l’étude des fondations et à tout ce qui touche aux infrastructures.


Caractères physiques et mécaniques des sols


Caractéristiques de l’élément solide

Les roches éruptives contiennent toutes du feldspath, qui tend à se transformer en argile.

Les roches métamorphiques comprennent les schistes (dont certains ont tendance à rétrograder en argile, dont ils sont issus), les calcaires, dolomies, tufs et craies de toutes duretés, aptes à donner des bicarbonates solubles dans les eaux riches en gaz carbonique agressif, les glaises et les marnes, dont la dureté et le volume sont très sensibles à l’action de l’eau.

Les tourbes et l’humus, très hydrophiles, sont dangereux pour les fondations. L’élément colloïdal est constitué par l’ultrargile et par les acides humiques (colloïdes négatifs) ainsi que par l’hydroxyde ferrique (colloïde positif).

Les limons sont des masses meubles très fines (tous les grains étant inférieurs à 0,1 mm) formées d’argile, de quartz, de calcaire et de colloïdes ferriques et qu’il ne faut pas confondre avec les vases, qui sont des dépôts plus ou moins desséchés et très fins d’éléments non seulement minéraux, mais aussi organiques.