Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Meaux (suite)

Meaux fut également le centre d’un mouvement évangélique, au début du xvie s., avec le célèbre « cénacle de Meaux » de Guillaume Briçonnet et de Lefèvre d’Etaples, réunion d’humanistes qui prépara l’établissement de la Réforme en France (v. humanisme). Pendant les guerres de Religion, elle fut le théâtre en 1567 d’une tentative d’enlèvement du roi Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis par les protestants. Cette affaire, appelée souvent l’« entreprise de Meaux », fut un échec pour les réformés, la Cour ayant réussi à s’enfuir à temps. En 1594, la cité ouvrait ses portes, une des premières de France, au roi Henri IV.

Au xviie s., Bossuet*, l’« Aigle de Meaux », illustra son siège épiscopal de 1681 à 1704.

Située sur la route des frontières de l’est vers Paris, la ville fut la victime des invasions étrangères à diverses reprises, notamment en 1652, puis en 1814, en 1815 et en 1870. Durant la Première Guerre mondiale, les deux grandes batailles de la Marne*, de septembre 1914 et de juillet 1918, se déroulèrent dans ses environs. La ville est demeurée jusqu’à nos jours le centre d’un important marché agricole.

P. P. et P. R.

 Romain et Taroux, Meaux, cité de Bossuet (Lescuyer, Lyon, 1952).

mécanique

Science de l’équilibre et du mouvement des corps matériels.



Généralités

La mécanique définit les règles et les conditions suivant lesquelles les corps de la nature conservent ou modifient leur état, soit de repos, soit de mouvement. C’est une science à la fois rationnelle dans ses développements et expérimentale dans ses principes de base. Elle s’identifie à une science purement mathématique et abstraite, avec ses postulats propres (ceux que lui impose la nature), en assimilant le point matériel au point géométrique et en considérant les corps doués de volume comme des solides fictifs indéformables ; elle s’apparente davantage à une science expérimentale quand elle aborde les problèmes des solides naturels et déformables ; mais, même appliquée à des solides réels, elle recherche les solutions par la méthode déductive, toujours sur la base de principes simples et généraux ; à ce titre, elle se rattache encore au domaine des sciences rationnelles et non à celui des sciences physiques, qui opèrent par la méthode inductive et pour lesquelles l’observation et l’expérimentation ont un rôle déterminant.

Une seule branche de la mécanique est purement concrète et expérimentale : c’est celle qui s’occupe des machines ainsi que du fonctionnement des mécanismes et des engrenages, mais il s’agit alors des applications de la science plutôt que de la science elle-même.

La mécanique rationnelle, outre d’importantes généralités sur ses modes et ses moyens d’investigation (notamment la théorie des vecteurs), comprend :
— la cinématique, qui étudie les mouvements des corps en fonction du temps ;
— la dynamique, qui fait intervenir, dans l’étude du mouvement des corps, le principe de l’inertie et la notion de masse, caractéristiques intrinsèques de la matière ;
— la statique, qui étudie plus particulièrement les problèmes de l’équilibre et les conditions de stabilité des corps au repos.

Chronologiquement, la mécanique rationnelle a progressé suivant deux voies distinctes, sans cesser d’opérer par la méthode déductive. La première voie est la voie synthétique, suivie notamment par Isaac Newton* à l’instar des anciennes géométries qui partaient à la découverte des lois et des théorèmes par une synthèse des propriétés résultant de constructions dessinées et de figures géométriques.

Puis la mécanique a progressé en recherchant les conditions d’existence des lois et théorèmes, ou les propriétés des figures par la voie du calcul algébrique : de même qu’il existe une géométrie analytique, il existe une mécanique analytique, dont le domaine est assez vaste pour faire l’objet d’une étude particulière qui s’est montrée fructueuse, notamment sur la base du principe des travaux virtuels et des équations de Lagrange ainsi que dans la recherche des conditions de la stabilité des mouvements.

M. D.


L’histoire de la mécanique

L’Antiquité grecque n’a apporté à la mécanique qu’une faible contribution. La distinction entre le monde céleste, fait de perfection, et le monde sublunaire, sujet au changement et à la corruption, est la différence la plus frappante entre les conceptions anciennes et modernes. Quel que soit le système astronomique choisi, système des sphères homocentriques d’Eudoxe de Cnide (v. 406 - v. 355 av. J.-C.) et d’Aristote*, système des épicycles et des excentriques d’Hipparque (iie s. av. J.-C.) et de Ptolémée (iie s. apr. J.-C.), ou, même, théorie héliocentrique d’Aristarque de Samos (310-230 av. J.-C.), l’étude des mouvements célestes n’est que cinématique et n’a rien de commun avec la mécanique sublunaire. Pour cette dernière, on ne trouve guère que la statique et l’hydrostatique qui aient été traitées d’une façon vraiment scientifique, par Archimède*. On doit à celui-ci la définition du centre de gravité, les lois d’équilibre du levier, la découverte de la poussée archimédienne : « Les corps solides plus légers qu’un liquide, plongés par force dans ce liquide, sont renvoyés vers le haut avec une force égale au poids dont le liquide, qui occuperait le même volume que la grandeur solide, l’emporte sur le poids de cette grandeur. » On trouve encore chez Héron d’Alexandrie (ier s. apr. J.-C.) et chez Pappus (début du ive s. apr. J.-C.) quelques études sur les « machines simples » : le coin, le levier, la vis, le treuil, le moufle. Leurs bases scientifiques sont assez faibles, et il s’agit beaucoup plus, chez ces auteurs, de la description d’appareils d’usage courant sur les chantiers que d’une analyse scientifique de leur fonctionnement. La dynamique dominante est celle d’Aristote. Tout corps sublunaire qui est en son lieu y reste au repos. Déplacé violemment de ce lieu, il y revient par un mouvement naturel, le plus rectiligne et le plus rapide possible. Les quatre éléments : terre, eau, air et feu se placent en sphères concentriques, l’inférieure étant celle de la terre, la supérieure celle du feu. Le vide est impossible. Tout mouvement violent nécessite un moteur, auquel s’oppose une résistance. La vitesse est proportionnelle au rapport entre le moteur et la résistance. Enfin, une théorie assez absurde, mais qui eut un long succès, suppose que, dans le mouvement d’une flèche, le moteur est fourni par le déplacement de l’air ambiant.