Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Marseille (suite)

Autre édifice médiéval, malheureusement amputé au xixe s. de presque toute sa nef, l’ancienne cathédrale de la Major, bâtie au xiie s. sur l’assiette du temple de Diane. La croisée du transept est couverte d’une coupole octogone sur trompe et de nervures carrées qu’on retrouve dans le cul-de-four. L’édifice abrite, parmi diverses œuvres d’art notables, l’autel reliquaire de saint Serenus (xiie s.) ainsi que le retable de saint Lazare (1475-1481), dû au ciseau du célèbre sculpteur dalmate protégé par le roi René, Francesco Laurana. De l’autre côté du Vieux-Port, à l’extrémité du promontoire qui fait face à la mer, l’église Saint-Laurent, bâtie sur un temple dédié à Apollon, est encore un bel édifice roman provençal, sans transept et de proportions très élancées. C’était le sanctuaire traditionnel des marins. À ses pieds, commandant le goulet, se trouve le fort Saint-Jean, vestige d’une commanderie de Templiers ; sa grosse tour carrée a été bâtie par le roi René après 1452.


Marseille classique

En bordure du Vieux-Port, non loin des docks romains, deux petits édifices ont échappé aux destructions de la Seconde Guerre mondiale. La maison Diamantée, aux bossages en pointes de diamant, est due à un armateur catalan de la fin du xvie s. Transportée d’une seule pièce après 1950, elle a reçu les collections d’arts et traditions populaires du Vieux-Marseille. À proximité se trouve l’hôtel de ville, dessiné en 1653 par l’architecte marseillais Gaspard Puget (1615 - apr. 1683), frère du sculpteur. C’est une élégante construction baroque inspirée de palais génois. Par contre, c’est à Pierre Puget*, architecte aussi à ses heures, que sont dus les plans de la chapelle (1679) du grandiose hospice général de la Charité. Autour d’une cour de 80 m sur 45, quatre immenses corps de bâtiments répètent trois étages de galeries superposées à l’italienne. Le rythme multiplié des arcades en plein cintre évoque Palladio. Au centre, la chapelle de goût baroque développe un étonnant volume intérieur sous sa coupole ovoïde. Longtemps abandonné, l’édifice est en voie de réhabilitation.

Au sud de la ville, dans la perspective à la française d’un parc longeant la mer, le château Borély, bâti de 1767 à 1778 sur les plans de Charles Louis Clérisseau, garde la rigueur et l’allure d’une somptueuse demeure de campagne conçue pour un riche armateur. Au premier étage a pris place le musée d’Archéologie, au second une fort belle collection de dessins légués par M. Feuillet de Borsat.


Marseille aux xixe et xxe siècles

Si l’arc de triomphe, ou porte d’Aix, élevé en 1832 reste de tradition néo-classique, il n’en est pas de même pour Notre-Dame-de-la-Garde et pour la nouvelle cathédrale, construites sous le second Empire dans le goût composite dit « romano-byzantin » par Léon Vaudoyer et Jacques Henri Espérandieu. Ce dernier est également l’auteur du palais Longchamp, musée des Beaux-Arts (1869). Les collections de peintures y présentent un éventail des écoles françaises et étrangères du xve au xxe s. ; il convient de mettre à part les galeries consacrées aux artistes autochtones, le sculpteur Puget, les peintres Françoise Duparc (1726-1778), Honoré Daumier* et Adolphe Monticelli (1824-1886), gloires de Marseille. Un musée pour enfants est l’un des premiers de ce genre aménagés en France.

Tout proche et plus intime est le musée Grobet-Labadié, légué à la ville en 1921 par un ménage de collectionneurs. Quant au musée Cantini, installé dans l’ancienne résidence du comte de Grignan (hôtel Montgrand), il a été donné lui aussi par un mécène, le sculpteur Jules Cantini. De belles faïences anciennes de Marseille et de la région y sont réunies ; mais son activité est maintenant tournée essentiellement vers une promotion de l’art contemporain.

F. E.

 Les Musées de Marseille (Tacussel, Marseille, 1954). / A. Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieux Marseille (Éd. de Minuit, 1959). / P. Guerre, Marseille (Arts et métiers graphiques, 1962).

Marshall (Alfred)

Économiste anglais (Londres 1842 - Cambridge 1924), un des chefs de l’école néo-classique.


Professeur d’économie politique à Cambridge, il fit partie de nombreuses commissions officielles, en particulier de la Commission royale pour le travail (1891-1894). Il quitta sa chaire de professeur en 1908 et se consacra dès lors à ses écrits. Son premier grand ouvrage, Principles of Economics (1890), est en fait sa plus importante contribution à la littérature économique de son temps. En 1923, Marshall publia un dernier ouvrage Money, Credit and Commerce.

Alfred Marshall se place dans la lignée des plus grands économistes britanniques, Adam Smith*, David Ricardo*, John Stuart Mill* et, après lui, J. M. Keynes*. Il introduit des concepts — l’élasticité de la demande, la quasi-rente, la notion de firme représentative, le facteur durée surtout (où son apport est fondamental) —, qui joueront ultérieurement un rôle capital. Il œuvre encore à réconcilier le concept classique de coût de production avec celui de l’utilité marginale.

Pour lui, l’économie abstraite n’est seulement qu’un outil pour arriver à la réalité économique. Marshall rajeunit ainsi les approches, totalement désincarnées, dans lesquelles s’était figée l’école marginaliste. Il reprend en fait les outils et les approches des marginalistes, essayant la conciliation de trois théories de la valeur*, celle de l’offre* et de la demande*, celle de l’utilité marginale et celle des frais de production*.

Marshall ne veut pas attribuer au phénomène économique une nature purement mécanique : « À mesure que nous atteindrons les étapes les plus avancées de notre travail », écrit-il, « il nous faudra penser de plus en plus les forces économiques comme semblables à celles qui font croître la vigueur d’un jeune homme jusqu’à son apogée ; après quoi, il perd graduellement sa souplesse et son activité, pour tomber enfin et laisser place à d’autres vies plus vigoureuses. Mais pour préparer la voie à cette étude plus approfondie, nous aurons besoin d’envisager tout d’abord un équilibre de forces qui correspond plutôt à l’équilibre mécanique d’une pierre suspendue à un fil, ou de billes reposant les unes sur les autres dans une cuvette. »