Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marseille (suite)

La métallurgie de transformation est dominée par la fonderie de pièces pour la marine, telles les hélices de bateau, la réparation navale et tous les sous-traitants qui gravitent autour des chantiers navals. Marseille regroupe environ 70 p. 100 de la réparation navale française pour un effectif de 6 000 à 7 000 ouvriers métallurgistes. Toutefois, cette industrie de service est contrariée par l’irrégularité de la demande et la concurrence de plus en plus vive des chantiers d’Afrique du Nord, d’Israël et des péninsules méditerranéennes voisines.

La chimie est spécialisée dans le raffinage du soufre, les peintures et vernis, les insecticides, les acides ; les hydrocarbures et leurs dérivés relevant du secteur de l’étang de Berre.

Au total, l’industrie occupe 125 000 salariés sur un demi-million d’actifs, soit le quart de l’ensemble (bâtiment exclu). Les industries du textile et de l’habillement représentent 5 p. 100 des actifs employés dans le secteur secondaire ; les hydrocarbures et produits chimiques, 10 p. 100 ; les produits alimentaires et industries « diverses », 13,5 p. 100 ; les métaux, 28 p. 100 ; le reste appartient au domaine des industries du bâtiment. Ces pourcentages placent Marseille au niveau de la moyenne nationale pour la métallurgie, un peu en dessus pour le bâtiment. Sur un vieux fonds d’industries locales se sont greffés peu à peu les grands trusts nationaux et internationaux : Lesieur dans les huileries, Pechiney, Kuhlmann, Saint-Gobain pour les industries chimiques, etc. Ils marquent le poids réel des groupes autochtones et les limites du rôle propre de Marseille dans le domaine industriel.

Près des deux tiers des lignites français sont extraits par les Houillères de Provence à Gardanne et à Gréasque. Les centrales thermiques en absorbent entre le tiers et la moitié, le reste est destiné aux usines d’alumine. Pechiney a mis l’accent sur l’industrialisation du bassin, d’autres établissements ont suivi, insecticides, matières plastiques, etc. Par contre, le complexe industriel de l’étang de Berre est né d’un appel à une source extérieure : le pétrole. À Lavéra est créé en 1922 le premier dépôt, puis la première raffinerie est implantée à Berre en 1931, suivie un an plus tard par celle de Lavéra, puis de La Mède en 1934. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’étang de Berre regroupait le quart des hydrocarbures raffinés en France, pour atteindre 40 p. 100 moins de vingt ans plus tard. Deux types d’activités sont établis tout près du point de départ de l’oléoduc vers la vallée du Rhône, la France de l’Est et l’Allemagne : la mise en bouteilles du gaz et la pétrochimie. Saint-Gobain s’installe près de Shell-Berre en 1952 et produit solvants, acétone, détergents, etc., suivi de plusieurs autres établissements qui traitent dérivés du pétrole et produits chimiques aboutissant à la fabrication de noir de carbone, caoutchouc synthétique, fongicides, etc. ; 35 Mt de pétrole brut sont traitées pour une capacité totale de raffinage proche de 40 Mt à La Mède (Compagnie française de raffinage), à Berre (Shell), à Lavéra (British Petroleum) et à Fos (Esso Standard). Cela représente en gros le quart du tonnage national des produits finis, et un effectif de près de 20 000 salariés entre raffinage et pétrochimie.

L’industrie aéronautique, localisée à Marignane (Sud-Aviation, Héli-Services), occupe 6 000 ouvriers travaillant pour la Défense nationale, produisant « Caravelle » et hélicoptères.

Le nouveau port de Fos, aux dimensions internationales, peut accueillir les établissements industriels sur une zone en cours d’aménagement qui couvrira plus de 5 000 ha. À l’est se développera l’industrie lourde fondée sur l’acier et le pétrole. L’aciérie, en construction, aura une capacité de production de 7 Mt par an ; sur 1 500 ha, elle pourra occuper 10 000 personnes. Outre Solmer ont signé également des contrats Imperial Chemical Industries (130 ha), Ugine-Kuhlmann (275), Gaz de France (15), L’Air liquide (8) et la Société des dépôts méridionaux pour le stockage pétrolier.

Au centre, entre les darses 1 et 2 se localiseront les activités industrielles moins lourdes, métallurgie fine et des métaux non ferreux, chimie, bois ; à l’ouest enfin, les industries légères et le commerce. Fos constitue ainsi la clef de voûte de l’ensemble industriel marseillais, comme fournisseur de produits de première transformation et de semi-finis dans le triple domaine de la métallurgie, de la mécanique et de la chimie.

Cela pose le problème du développement industriel régional, car si le nouveau complexe de Fos ne peut s’appuyer sur les établissements locaux pour la transformation de sa production, il risque de provoquer un phénomène de fuite au profit d’autres régions industrielles plus avancées. Les industries alimentaires traditionnelles n’ont pas provoqué la mise en place d’un véritable milieu industriel ; toutefois, dans la dernière décennie, près de 150 établissements industriels nouveaux se sont installés dans l’aire métropolitaine marseillaise ; les deux atouts essentiels restent l’industrie des métaux non ferreux et la pétrochimie. Mais, malgré la forte spécialisation régionale dans le traitement de l’alumine et toute l’importance des dérivés du pétrole, dans les deux cas les activités ne dépassent guère le premier ou le second stade de transformation ; toute la chaîne de fabrication se déroule ensuite hors de la région.


Le secteur tertiaire

Le tableau montre que les fonctions de service se situent au-dessus de la moyenne départementale et nationale. Dans la ville, le foisonnement des activités tertiaires contraste avec la stagnation de l’emploi industriel. L’équipement commercial, scolaire et universitaire, lié à l’essor démographique, rejoint, pour expliquer ces taux, l’amplification du rôle régional, resté assez modeste jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Marseille est la capitale de la Région économique Provence-Côte d’Azur, ce qui implique la présence de tout l’éventail des services régionaux auprès de la préfecture de Région ; certains d’entre eux débordent même les limites de la Région de programme : l’I. N. S. E. E., les douanes, les télécommunications, l’armée, la S. N. C. F., etc.