Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

marin du commerce (suite)

L’un et l’autre de ces brevets conduisent à celui de capitaine de 2e classe de la navigation maritime après de nouvelles étapes d’études et d’embarquements. Avec ce brevet, il est possible d’exercer les fonctions de second capitaine sur tous les navires et de commandant sur des navires de taille moyenne. Il permet aussi de s’intégrer dans la phase terminale de préparation à la première classe.

Le titre de capitaine au long cours n’est donc plus attribué, ni celui de capitaine de la marine marchande. Cette très importante réforme a été inspirée par la nécessité de donner au personnel navigant la formation correspondant à l’évolution de la technique dans le domaine maritime et de permettre une large polyvalence des fonctions à bord. Elle vise aussi à donner à la grande majorité des marins un niveau général et technique facilitant un éventuel reclassement à terre pour ceux d’entre eux qui ne désireraient pas poursuivre toute leur carrière dans le cadre maritime.

H. C.

➙ Affaires maritimes (Administration des) / Construction navale / Marine.

 F. Guérin et P. Avron, Précis de législation maritime (Gauthier-Villars, 1957-1959 ; nouv. éd., 1960-1965, 2 vol.). / Code disciplinaire et pénal de la marine marchande (Soc. d’éd. maritimes et d’outre-mer, 1962). / R. Rodière, Droit maritime (Dalloz, 1969). / Code du travail maritime (Soc. d’éd. maritimes et d’outre-mer, 1972).

marine

Art de la navigation sur mer.


L’étude de l’histoire fait apparaître une caractéristique fondamentale de l’institution maritime : les marines ont toujours été et demeurent un instrument d’échanges, de prospérité et, en fin de compte, d’hégémonie chaque fois que leur ont été consacrés des efforts suffisants, tant sur les plans technique et financier que sur le plan humain.


Préhistoire et haute antiquité

Les premiers hommes se fixent volontiers sur les bords des fleuves, des lacs ou des mers et sans doute sont-ils devenus marins par la pratique de la pêche.

Du tronc d’arbre au radeau, du radeau à la pirogue monoxyle, c’est-à-dire creusée dans un seul tronc d’arbre, l’évolution nous conduit à la barque, ancêtre de tous les navires qui se sont risqués sur les fleuves ou sur la mer. Les premières navigations maritimes se sont faites le long des côtes — cabotage à proximité des plages et des abris naturels que l’on pouvait rallier rapidement en cas de mauvais temps. Avant de se lancer au large, les marins ont commencé par utiliser les archipels, qui leur permettaient d’aller d’île en île sans perdre la terre de vue. À ce stade se créèrent sans doute dans la mer Égée comme dans le Pacifique les premiers embryons d’échanges, préludant à de véritables courants commerciaux.

La propulsion de ces embarcations élémentaires se faisait-elle à la rame ou à la voile ? Il est impossible de le savoir faute de documents. Dès l’origine, chaque type de navire a probablement servi à la fois à la guerre, à la pêche et au commerce. Il est cependant certain que la piraterie est aussi vieille que le monde et que les navires de charge furent amenés très tôt à se défendre soit en embarquant des hommes d’armes à bord, soit en se faisant escorter par des navires spécialisés à cet effet. Le combat sur mer est certainement pratiqué par les populations primitives, mais il faut attendre l’apparition des grandes civilisations chinoise et égyptienne pour en avoir un témoignage. On admet que le bas-relief du temple de Médinet Habou constitue la première représentation d’un combat naval qui opposa au xiie s. av. J.-C. les Égyptiens aux Peuples de la mer. Apparaissent à cette occasion sur les ponts des navires des combattants armés d’arcs et de lances, tandis que de lourds javelots sont tirés par une sorte de baliste.


Une des plus anciennes, la marine crétoise

L’île de Crète*, riche en huile, en froment et en bois, devait être tentée assez vite d’exporter le surplus de ses productions. Or, la seule voie d’échange était la mer. On sait, par les auteurs anciens, dont les témoignages concordent, que Minos possédait une flotte bien équipée et que son administration intérieure était un modèle du genre. L’industrie crétoise avait besoin de cuivre, d’étain, d’argent qui venaient de Chypre et d’Égypte. Les fouilles archéologiques prouvent l’ancienneté de ces échanges. Dès le IIe millénaire av. J.-C., la Crète commerçait avec l’Égypte.

C’est dans l’industrie des transports maritimes que les Crétois devaient jouer un rôle important, qui a fait leur réputation dans toute la Méditerranée : véritables armateurs, ils louaient les services de leurs navires robustes et rapides aux Libanais et aux Égyptiens. Ils avaient établi dans les temps les plus anciens des relations commerciales avec les Cyclades (Milo, Syra, Délos) et avaient essaimé de là sur les côtes de Grèce et de l’Asie Mineure, que fréquentaient leurs marins. Poussant plus au nord, ils eurent contact avec Troie, puissante cité commerciale située au débouché de la mer Noire, qui jouait le rôle d’une plaque tournante entre le monde méditerranéen et le Proche-Orient, notamment la Perse et l’Anatolie. Les randonnées des marins de Minos se sont probablement étendues aux îles Lipari et à la Sardaigne, où l’on a trouvé des objets, produits de leur industrie (env. 1500 av. J.-C.). Précédant les Phéniciens, ces marins auraient même atteint les côtes d’Espagne. Les plus anciens vestiges iconographiques nous montrent des bateaux crétois à la carène forte et bien liée navigant à la rame. Pour protéger leur commerce, les Crétois construisirent la galère subtile (représentée sur les vases de Syra), qui est probablement le premier type de navire de guerre connu en Méditerranée : navire long et mince pour la course contre les pirates ou le transport rapide d’objets précieux.


Les Phéniciens

Au xiie s. av. J.-C., les Phéniciens* semblent avoir pris le relais des Crétois dans la maîtrise des routes commerciales en Méditerranée. Après eux, ils se montrent les plus hardis navigateurs de l’Antiquité. Au xiie s. av. J.-C., ils s’établissent en Atlantique à la sortie de Gibraltar et fondent Gadir (Gades) [auj. Cadix] au nord et Liks (Lixos) [auj. Larache] au sud du détroit. Plus tard, ils vont parcourir la mer Rouge, où ils prendront contact avec les civilisations de l’Inde. Ils ont sans doute opéré dans cette région pour le compte des Égyptiens, et c’est à la demande du roi Néchao II (609-594) qu’ils effectueront en trois ans la première circumnavigation de l’Afrique. Pendant ce temps, les Égyptiens, continuant à exploiter la voie du Nil, poussent leurs légers navires fluviaux vers la Nubie et même l’Éthiopie, d’où les pharaons tiraient des esclaves, de l’or et de l’ivoire.