Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Antilles

Archipel séparant l’océan Atlantique de la mer des Antilles ; il est formé au nord par les Grandes Antilles (Cuba, Haïti, Jamaïque, Porto Rico) et à l’est et au sud par les Petites Antilles.


L’archipel s’étire en forme d’ellipse sur 4 000 km au large de l’Amérique centrale et du Yucatán, de la Floride au lac de Maracaibo en longeant la Guyane vénézuélienne. En longitude, du cap San Antonio, à l’extrémité occidentale de Cuba, jusqu’à la Barbade (avant-poste sur la route d’Afrique), les Antilles s’échelonnent sur 2 000 km, et en latitude, de la Trinité aux Bahamas, sur plus de 1 600 km. Elles touchent aux régions équatoriales au sud et dépassent largement le tropique du Cancer (surtout avec les Bermudes) au nord.

L’archipel couvre 236 000 km2 pour une population avoisinant 25 millions d’habitants. Les Grandes Antilles, au nord, occupent 89 p. 100 de la superficie totale et regroupent une part presque égale de la population totale. Les Petites Antilles sont installées à l’est et au sud, dans la partie la plus courbe de l’ellipse, avec 6 p. 100 seulement de la surface, mais plus du dixième de la population. Les Bahamas et les Bermudes, bien que situées au nord de Cuba, peuvent être englobées dans les Petites Antilles ; elles couvrent environ 5 p. 100 de la surface, mais comptent nettement moins de 1 p. 100 de la population antillaise.


Les données physiques


Le relief

Les Antilles doivent leur origine à des mouvements orogéniques récents, qui se poursuivent actuellement et qui sont liés à ceux qui ont intéressé l’Amérique centrale et le Venezuela. Deux phases de plissements séparées par une période de calme se seraient produites de la fin du Crétacé à la fin du Tertiaire.

Au Crétacé supérieur et à l’Éocène aurait eu lieu un premier soulèvement, orienté de l’ouest à l’est et rattaché à ceux d’Amérique centrale, où règne alors une intense activité volcanique. Ces mouvements sont à l’origine de deux chaînes, qui forment le bâti des Grandes Antilles. La première passe par le sud de Cuba (sierra Maestra), se poursuit au sud et au centre d’Haïti, à Porto Rico, pour s’achever et se fragmenter dans les îles Vierges ; la seconde traverse la Jamaïque, forme le bourrelet montagneux du sud d’Haïti et se confond avec la première à Porto Rico. Ce bombement reprend des roches métamorphiques (Blue Mountains de la Jamaïque et sierra Maestra), mais surtout des roches sédimentaires très épaisses (calcaires essentiellement). À la même époque se forme la chaîne côtière caraïbe, qui englobe les îles Sous-le-Vent et se prolonge à la Trinité. Le milieu du Tertiaire est marqué par un calme orogénique. L’arasement des montagnes par l’érosion et la sédimentation surtout corallienne sur les plates-formes de base submergées marquent cette période. À la fin du Miocène et au Pliocène, l’archipel prend sa configuration actuelle, avec l’effondrement de zones qui sont envahies par la mer et de nouveaux soulèvements. La chaîne volcanique des Petites Antilles s’élève alors sur une ride sous-marine associée à une fosse marine profonde (géosynclinal). Le volcanisme, de type strombolien et péléen, s’y caractérise par de violentes éruptions avec projection de cendres, de bombes et nuées ardentes. Les mouvements orogéniques s’accompagnent d’une intense érosion, qui affecte en particulier les régions calcaires anciennes (élaboration de karsts tropicaux), ou provoquent la formation de dépôts superficiels (bauxites à la Jamaïque au Pliocène). Cette activité tectonique et morphogénétique se prolonge au Quaternaire. L’activité volcanique reste intense dans l’arc des Petites Antilles (éruption de la montagne Pelée en 1902 et en 1932, de la Soufrière de Saint Vincent en 1821 et en 1902), et toutes les Antilles sont cruellement touchées par les tremblements de terre. La Caraïbe est un monde jeune qui occupe une zone de grande instabilité de l’écorce terrestre. Les oscillations du niveau des mers, liées aux glaciations qui caractérisent le Quaternaire, favorisent aussi le développement des constructions coralliennes, surtout sous la forme de récifs-barrières et de récifs frangeants. L’érosion se poursuit avec une particulière vigueur.

Du jeu complexe de toutes ces forces, il résulte des formes de relief très diverses. Les plaines calcaires, assez monotones, sont très étendues (Cuba, la Barbade, Grande-Terre de la Guadeloupe) ; sans grand pittoresque, elles sont, cependant, bordées de plages magnifiques, souvent protégées par des reliefs coralliens. Quand les séries calcaires ont été soulevées, leur masse a été rongée par les eaux, et elles donnent naissance à des karsts aux reliefs étranges (Jamaïque, Porto Rico, Guadeloupe). Les grandes montagnes calcaires ravinées y voisinent avec des fossés d’effondrement pour constituer avec les vallées un paysage heurté et compartimenté (Haïti), ou de lourdes montagnes dominent de leur masse sombre les plaines et plateaux environnants (nord-est de Cuba, Jamaïque orientale). Enfin, on y rencontre des édifices volcaniques bien circonscrits, qui, parfois, constituent une île à eux seuls, massifs s’ils sont jeunes, entaillés par les torrents s’ils sont plus anciens.

Les littoraux présentent un éclectisme aussi large. Tantôt ce sont des côtes basses, à plages de sable corallien idéales pour le développement du tourisme ou bien engluées de vase colonisée par la mangrove et inhospitalières ; tantôt ce sont des côtes élevées et pittoresques, où la montagne, couverte de forêt dense, s’effondre dans la mer, mais presque partout s’offrent des baies bien abritées, des sites innombrables, qui sont propices à la navigation (baies de La Havane, de Port-au-Prince, de San Juan, de Pointe-à-Pitre, de Fort-de-France, de Castries, etc.).


Le climat

Les Antilles ont un climat tropical maritime humide. La température moyenne annuelle s’établit autour de 25 °C avec de faibles écarts saisonniers, de l’ordre de 3 °C. Il est rare que la température dépasse 33 °C et qu’elle descende au-dessous de 15 °C en plaine. Il n’y a pas de véritable saison thermique, et la régularité des températures est un trait dominant du climat. Les amplitudes diurnes (entre le jour et la nuit) sont en réalité plus élevées (6 °C) que l’amplitude annuelle.