Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anticyclone (suite)

Premier temps. En hiver règne sur l’océan Atlantique oriental une cellule anticyclonique stable et à caractère dynamique ; c’est la cellule des Açores. Dans le même temps, plus à l’ouest, se présente un noyau de hautes pressions centré sur les Bermudes. Ce dernier exprime le plus souvent la phase ultime d’un glissement anticyclonique polaire d’origine continentale. La bipartition anticyclonique de saison froide sur l’Atlantique Nord subtropical résulte donc de la coexistence d’un individu isobarique d’origine dynamique et d’un autre d’origine thermique. C’est ce dernier qui hérite des anticyclones migrateurs se déplaçant vers le sud, depuis l’Arctique, et à l’est du système montagneux de l’Ouest américain. On sait que c’est la multiplication statistique de ces figures de pressions mobiles qui constitue l’anticyclone froid du Manitoba. L’échange méridien par glissement d’air polaire vers le sud s’établit plus précisément sous la forme de secteurs froids maintenus à l’arrière de fronts froids dépendant eux-mêmes de dépressions migratrices. Le déplacement des hautes pressions vers le sud s’opère jusqu’à une latitude variable, qui peut être très méridionale (golfe du Mexique), avant l’infléchissement de la trajectoire vers l’est, trajectoire dont l’aboutissement est la zone des Bermudes. Au cours de sa mise en place progressive sur l’Atlantique occidental, le noyau anticyclonique des Bermudes, séparé de celui des Açores soit par un front froid, soit par une dépression méridienne, émet en direction des Antilles du Nord ce que l’on doit considérer comme étant un alizé frais. Tout cela correspond à la première phase du renforcement subtropical par un processus d’origine polaire. En effet, l’air contenu dans la cellule des Bermudes tend à évoluer vers la tropicalisation à partir du moment où il se stabilise aux basses latitudes.

Deuxième temps. Le sort ultime de l’anticyclone, qui a poursuivi sa marche vers l’est, est de s’intégrer à la cellule stationnaire des Açores. Celle-ci profite d’un renforcement qui lui vient ainsi de l’ouest et subit une régénérescence évidente. Il en résulte une vigueur nouvelle dans l’émission des alizés est-atlantiques. Ceux-ci arrivent sur les Petites Antilles et les Guyanes, recelant dans leur sein leur lointaine origine polaire. En effet, ils gardent encore certains aspects thermiques rappelant cette origine, en particulier par le maintien d’air frais en altitude.

L’anticyclone hivernal des Açores (et, d’une façon plus générale, en toutes saisons, les hautes pressions subtropicales d’origine dynamique) connaît également le renforcement par le nord. Une perturbation de front polaire évoluant sur la face septentrionale de cet organisme peut en provoquer l’effondrement ou le recul vers le sud. Le noyau anticyclonique froid occupant l’arrière de la dépression tempérée le remplace alors. Il arrive un moment à partir duquel les hautes pressions subtropicales initiales sont relayées par l’air polaire récent, qui prend à sa charge l’émission des alizés (alizés très frais). Cependant, dès que le nouvel anticyclone a cessé d’être alimenté par de l’air froid, il évolue vers la tropicalisation. Il s’ensuit un réchauffement parallèle des alizés émis.

Tout comme dans le cas précédent, on se trouve en présence d’un véritable cycle. De même qu’un noyau bermudien remplaçait celui qui venait de se fondre au sein de l’anticyclone des Açores, de même, ici, une nouvelle décharge polaire est-elle prête à se manifester derrière celle qui vient de renforcer la cellule par le nord.

Sur le Pacifique, le Pacifique Nord en particulier, on relève des séquences rappelant celles dont il vient d’être fait état.

• Les processus dynamiques dans l’édification des anticyclones thermiques (fig. 5). Les conceptions dynamiques impliquent que les flux de l’hémisphère Nord établissent sur leur droite de hautes pressions et sur leur gauche de basses pressions, la situation étant inversée dans l’hémisphère Sud. C’est cette disposition qui a été évoquée en altitude pour éclairer la genèse des hautes pressions subtropicales. Or, lorsqu’un anticyclone froid s’étale sur les Grandes Plaines nord-américaines par exemple, apparaît sur son versant oriental un fort écoulement méridien dirigé vers les basses latitudes (ainsi s’expliquent, par parenthèse, les « coups de froid » qui peuvent atteindre la Floride et Cuba). Cet écoulement rapide, qui a donc à sa droite les hautes pressions continentales, est, par ailleurs, flanqué à gauche de basses pressions exprimées par un talweg plus ou moins creusé. Si l’on envisage le flux méridien comme cause et non comme conséquence des pressions, on aboutit bien au schéma avancé plus haut à d’autres fins. Mais alors les hautes pressions hivernales nord-américaines, considérées comme étant créées dynamiquement, favorisent l’intensité du rayonnement nocturne et, de ce fait, la perte de chaleur du substratum. Celui-ci, que les rayons solaires n’atteignent, par ailleurs, que faiblement (jours courts et angle des rayons aigu avec l’horizontale), devient un laboratoire de froid propice au refroidissement de l’air mis à son contact. Le processus thermique arrive donc à l’appui, selon ces vues, du processus dynamique, tous deux concourant au renforcement des pressions. Dans un tout autre ordre d’idée, on conçoit que les hautes pressions réalisées dans le secteur postérieur froid d’une dépression frontale doivent en partie leur existence à la subsidence dynamique. Celle-ci résultera de l’obligation, pour le flux arrière, de s’écouler vers le bas du fait de la pente du front froid de la perturbation.

Quoi qu’il en soit, si les organismes anticycloniques peuvent refléter une structure mixte, il n’empêche que la distinction reste fondamentale, dans les cas majeurs, entre centres d’action d’origine thermique et centres d’action d’origine dynamique.