Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mammifères (suite)

Les autres formations cornées — ongles, griffes et sabots — sont des organes de protection des extrémités des doigts. Les ongles de l’Homme ont leurs homologues chez les Primates, mais arrondis en forme de tuiles. Les griffes sont des étuis cornés allongés et acérés terminant les doigts des Carnivores, Rongeurs, Chiroptères, Insectivores, Édentés, Marsupiaux, Monotrèmes. Les sabots sont des formations larges, épaisses, particulières aux Ongulés. Ongles, griffes et sabots sont des formations à croissance continue. Il y a compensation permanente de l’usure.

Les cornes des Mammifères sont de plusieurs types. Celles du Rhinocéros sont des productions épidermiques. Celles des Bovidés ou des Cavicornes sont d’origine épidermique, mais ce sont de simples fourreaux qui coiffent le cornillon, petit os soudé au frontal. Elles sont permanentes, mais une Antilope nord-américaine, Antilocapra americana, a des étuis cornés qui tombent tous les ans. Il ne faut pas confondre ces cornes avec les bois des Cervidés, qui sont des os dermiques recouverts par une gaine de peau pendant la croissance et qui n’existent que chez les mâles (sauf chez les Rennes). Cet os tombe chaque année au printemps, pour repousser aussitôt.


La régulation thermique

La température interne des Mammifères est constante et indépendante du milieu dans lequel ils vivent. Mais lorsque la température ambiante s’abaisse, ils luttent de deux façons :
— ils diminuent la surface de déperdition de la chaleur en prenant une attitude enroulée ; ils hérissent en outre leurs poils pour augmenter l’épaisseur de la couche d’air jouant le rôle d’isolant dans la fourrure ;
— ils augmentent l’intensité de leurs oxydations et doivent absorber une plus grande quantité d’aliments.

Comme il lutte contre le froid, l’homéotherme lutte aussi contre la chaleur : c’est le phénomène de la « thermolyse ». L’animal élimine cette chaleur par régulation physique : radiation, conduction, convexion, évaporation.

La radiation est proportionnelle à la surface de la peau qui émet la chaleur. La conduction permet à l’animal, en se reposant sur un corps frais, le sol par exemple, d’abandonner ses calories. La convexion augmente avec les courants d’air. Quant à l’évaporation, qui provoque un très fort rafraîchissement, elle n’est possible que si l’animal peut évaporer de l’eau (sueur). La chose est facile chez l’Homme, ou chez des animaux comme le Porc ou le Cheval, qui ont des glandes sudoripares réparties sur tout le corps. Il en est autrement pour des animaux comme le Chien ou le Lapin, obligés de suppléer à cette carence de glandes par une « polypnée thermique ». Il y a alors forte augmentation du rythme respiratoire. Le Chien, après une course rapide, peut passer brusquement de 20-30 mouvements par minute à 240 mouvements. Il lui faut en outre laisser pendre sa langue pour augmenter la surface d’évaporation.

La thermolyse met en jeu des variations du transit de l’eau. La sudation, la polypnée thermique, la vaso-dilatation, le relâchement musculaire, qui assurent le refroidissement, sont sous la dépendance de l’hypothalamus antérieur. Une soif accrue rétablit la teneur en eau du corps.


Les mamelles

Les glandes lactéales, ou mammaires, sont les glandes cutanées les plus importantes, puisqu’elles ont donné son nom à toute cette classe d’animaux.

Chez les Mammifères inférieurs, elles débouchent en surface par de multiples orifices. Il y a alors une « aire laiteuse » sur laquelle les jeunes viennent prendre leur nourriture (Ornithorynques, Échidnés). Chez les Mammifères supérieurs, les embouchures des glandes sont enserrées dans des tétines, ou mamelons.

Leur nombre et leur disposition sont très variables : pectorales et au nombre de deux chez les Primates ; pectoro-abdominales chez le Chien et les Carnivores ; inguinales chez les Ruminants, les Équidés et les Hippopotamidés. Souvent, le jeune reçoit le lait sous pression dans la bouche (Cétacés), ce qui résout le problème de l’alimentation sous-marine.

Le nombre des tétines est parfois très élevé : 10 chez le Hérisson, 14 à 22 chez un Insectivore (Centetes).


Le squelette


Le crâne

Le crâne* des Mammifères diffère de celui des autres Vertébrés. De nombreux os ont disparu, la région temporale, perforée, donne une très forte insertion aux muscles masticateurs, mais la boîte crânienne s’est amplifiée considérablement, suivant ainsi l’accroissement énorme de la taille de l’encéphale.

À l’intérieur de la cavité buccale, la région olfacto-respiratoire est séparée de la région alimentaire par un palais. Un seul os porte les dents : le dentaire.


La denture

Les Mammifères inférieurs n’ont pas de dents* (Ornithorynques), ou, s’ils en ont, elles disparaissent rapidement.

Les dents des Mammifères sont de trois types : incisives, canines et dents jugales (molaires et prémolaires). Elles apparaissent sous forme de deux dentitions. La première — dentition temporaire, lactéale ou de lait —, comprend les incisives, les canines et les prémolaires. Elle s’établit dès la naissance. Elle fait place un peu plus tard, par résorption des racines et chute de la couronne, à la dentition définitive de l’adulte, qui comprend des incisives, des canines, des prémolaires et des molaires. Certaines dents sont à croissance continue : incisives des Rongeurs et des Éléphants, canines des Porcins, molaires de presque tous les Ongulés.


La colonne vertébrale

C’est une tige osseuse située sur la ligne médiane, faite d’une série d’éléments osseux annulaires superposés : les vertèbres*.

• Région cervicale. C’est le support du cou de l’animal. Il y a 7 vertèbres cervicales. La première, l’atlas, est articulée avec la partie occipitale de la tête et d’autre part (par la face antérieure de son corps) à une saillie verticale, l’apophyse odontoïde de l’axis, ou seconde vertèbre. Il y a là un pivot autour duquel tourne l’atlas, entraînant la tête dans ses mouvements de rotation.

• Région dorso-lombaire. Les vertèbres y sont en nombre très variable : de 12 à 24 (17 chez l’Homme) ; les dorsales ont des facettes articulaires pour recevoir la tête des côtes, qui s’appuient sur leurs apophyses transverses.

• Région sacrée. Elle est formée de 2 à 9 vertèbres soudées entre elles et formant le sacrum.

• Région caudale. Elle est de longueur très variable (de 3 à 5 vertèbres chez l’Homme). Chez certains animaux, la queue comporte des éléments très nombreux.